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Autonomie : Femu a Corsica « ne veut pas laisser passer le train de l’Histoire »


Patrice Paquier Lorenzi le Mercredi 18 Octobre 2023 à 18:25

« Femu a Corsica » a tenu mercredi 18 octobre une conférence de presse, dans ses locaux d’Ajaccio afin de faire le point sur la situation politique actuelle. Les représentants du parti de la majorité territoriale ont « pris acte du discours présidentiel qui ouvre pour la première fois un chemin et des perspectives nouvelles pour la Corse ». Les discussions avec les autres forces politiques et le rapport de force instauré par Corsica Libera ont également été largement évoqués.



"Femu a Corsica" a tenu cet après-midi une conférence de presse pour faire le point sur la situation politique actuelle sur l'île.
"Femu a Corsica" a tenu cet après-midi une conférence de presse pour faire le point sur la situation politique actuelle sur l'île.
Le discours d’Emmanuel Macron du 28 septembre dernier à Ajaccio, au sein de l’Assemblée de Corse a ouvert une nouvelle phase concernant le processus de discussion entre l’État et les différents représentants insulaires. François Martinetti, le secrétaire national de Femu, s’est d’ailleurs réjoui que « pour la première fois dans l’histoire contemporaine, un Président de la République française valide le principe d’un statut d’autonomie pour la Corse ». Pour Don-Joseph Luccioni, conseiller territorial, « cette étape nouvelle est le fruit de décennies de lutte de générations de femmes et d’hommes, menées sur tous les terrains, parfois au prix de lourds sacrifices. Elle est incontestablement le produit d’une aspiration démocratique puissante du peuple corse. Ceci étant, des points essentiels restent à préciser et devront faire nécessairement l’objet de travaux dans la deuxième phase de négociation qui s’ouvre ».

Malgré des avancées notables dans le discours présidentiel d’Ajaccio, par rapport à celui de l’Alb’Oru en 2018, le conseiller territorial émet « des réserves s’agissant de l’absence de mention de notions fondamentales aux yeux des membres du parti nationaliste (…) concernant la co-officialité, le statut de résident et la notion de Peuple corse. Les six prochains mois seront décisifs ».

Si le calendrier à venir concernant les suites du processus n’a pas été clairement établi, François Martinetti est resté ferme sur ses positions concernant les bases de discussions : « Pour nous, au nom de notre histoire collective, de notre idéal et de la démocratie, le projet Autonomia, adopté par près de 75% de l’Assemblée de Corse le 5 juillet dernier, constitue le socle à partir duquel doit se construire cet accord politique (…). Si l’esprit de responsabilité consiste à respecter le pluralisme politique et la minorité, l’éthique de responsabilité commande à la minorité de ne pas devenir bloquante, sauf à vouloir créer les conditions de l’échec et de nouvelles tensions hypothéquant la paix. Aussi, la recherche de la convergence la plus large entre les forces politiques et les forces vives de notre Pays ne doit nullement se confondre avec la quête de l’unanimité ou de l’unanimisme. Aussi, conformément à la délibération du 5 juillet, nous considérons que l’accord politique devra être validé par notre peuple à travers la tenue d’une consultation référendaire avant d’enclencher la révision constitutionnelle au Parlement à Paris ».
 
« L’enjeu c’est l’autonomie législative »
Un accord qui devra donc être trouvé avec les autres forces politiques et notamment Corsica Libera, dont les critiques ont été plutôt acerbes envers la majorité territoriale : « Notre volonté c’est de construire un accord politique avec toutes les forces vives même celles qui ne sont pas d’accord aujourd’hui en essayant de les convaincre en trouvant des points d’équilibre autour de la délibération du 5 juillet ». Pour Jean-Paul Calendini, conseiller territorial, il convient de « rappeler qu’une démarche commune existe avec le PNC, Core In Fronte et Pierre Ghionga et nous entendons élargir cette démarche. Il existe également une stratégie démocratique établie depuis 2015. L’enjeu c’est l’autonomie législative, est ce que c’est un enjeu assez fort ? S’il s’agit pour certains d’établir une stratégie de rupture, nous en prendrons acte. Nous respectons toutes les forces politiques et leur orientation et chacun doit se déterminer ».

Don-Joseph Luccioni estime lui que « pour la première fois depuis 2015, nous avons la possibilité de franchir un cap. Nous avons l’occasion d’effectuer un saut qualitatif, d’accéder à des avancées historiques pour la Corse qui permettent à notre Pays et à son peuple de s’inscrire résolument sur la voix de l’espoir, de l’émancipation et de la Paix ». A ceux qui estiment que les résultats concrets des discussions avec l’État se font attendre, Nadine Nivaggioni leur répond : « L’accélération du processus ces derniers mois est incontestable. Le Gouvernement a été obligé de prendre en compte cette réalité démocratique. Il y a une opportunité du moment qu’on ne peut pas laisser passer. Nous avons dû surmonter des obstacles et des embûches pour arriver à cette situation. Il ne faut pas laisser passer le train de l’Histoire ». Jean-Paul Calendini a ainsi balayé l’idée "d’un approfondissement de la décentralisation. Nous prenons l’engagement que nous voulons fermer définitivement cette porte pour ouvrir la porte de l’autonomie législative. Il y a des urgences : la langue, la spéculation immobilière, le foncier, le patrimoine".