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Association de la montagne : L’élection de la discorde


Nicole Mari le Dimanche 6 Janvier 2013 à 20:16

L’association française de la montagne n’en finit pas de nourrir la polémique. Après la désignation refusée par les instances nationales du maire de Lozzi, Jean-Félix Acquaviva, c’est l’élection manquée d’un autre élu nationaliste, comme représentant de l’Assemblée de Corse (CTC), qui a remis le feu aux poudres. Lors de la dernière session, l’élu de Femu a Corsica et maire de Cuttoli-Corticchiato, Jean Biancucci, aurait du remporter le scrutin, au vu de la supériorité numérique des conseillers d’opposition présents. Le report du vote au lendemain tourne au vinaigre et donne finalement la préférence à François Mosconi, candidat improvisé de la majorité. Explications, pour Corse Net Infos, d’un Jean Biancucci, fort remonté, qui dénonce des manœuvres pour l’écarter.



Association de la montagne : L’élection de la discorde
- Pouvez-vous expliquer la raison de la polémique concernant la désignation du représentant de la CTC ?
- L’affaire n’a pas commencé le jour du scrutin. J’avais annoncé ma candidature, deux jours auparavant, lors de la Commission permanente qui précède la session. Le Président de la CTC, Dominique Bucchini, m’avait, alors, répliqué du tac au tac : « Il y aura d’autres candidatures ». S’il avait ajouté : « Sans doute… », ça aurait été mieux ! Mais le dire de cette façon-là était déjà révélateur.
 
- De quoi ? Du fait qu’il ne voulait pas de vous comme représentant de la CTC ?
- Je ne dirais pas cela, mais… La Commission permanente avait prévu le vote, le lendemain, jeudi, en fin de journée. La journée du vendredi étant consacrée aux questions financières, notamment le dossier sur le budget. Or, le soir prévu, pour des raisons qui touchent au nombre d’élus présents, ma candidature obtenait la majorité des voix. Le président de la CTC a, alors, considéré qu’on ne pouvait pas voter parce que le président du groupe majoritaire, en l’occurrence Paul Giacobbi, était absent et que le groupe devait se réunir pour définir sa position.
 
- Cette raison était-elle recevable ?
- Pas du tout ! Ce sont des arguties ! Quand on prévoit, en Commission permanente, un planning, on le tient, sauf en cas de gros problèmes. Ce qui n’était pas le cas.
 
- Pourquoi y-a-t-il eu report, selon vous ?
- Entre temps, les téléphones ont fonctionné, des SMS ont été envoyés à certains élus de l’opposition qui ont changé d’avis. Le lendemain matin, j’apprends que les candidats ne sont plus les mêmes. Le candidat de la majorité devient Mr X (François Mosconi, ndlr) et n’est plus Mme Y (Marie-France Bartoli, ndlr). A partir de ce moment-là, j’ai très bien compris que certains élus de droite pouvaient voter pour le candidat de gauche et ne plus voter pour moi. Je considère qu’il y a eu des manœuvres politiciennes pour essayer de m’écarter.
 
- Teniez-vous beaucoup à cette désignation ?
- Je n’ai jamais considéré cette désignation comme quelque chose d’extraordinaire. Nous avions tout fait pour établir un compromis, notamment lors de la constitution à Corte, quelques jours avant la session, avec l’appui d’un certain nombre de sensibilités politiques, de l’Association corse des élus de la montagne. J’étais dans le droit fil de la création de cette association, dont j’aurais pu porter le message et les propositions, et à laquelle participent certains élus territoriaux de droite.
 
- Vous parlez de deux associations. Sont-elles distinctes ?
- Tout à fait. Elles n’ont rien à voir l’une avec l’autre. L’Association nationale de la montagne contribue à définir toute la politique des massifs. L’Association corse des élus de la montagne porte le message du massif corse. Etant donné qu’on demande à la CTC de désigner quelqu’un susceptible de porter ce message, j’ai considéré, qu’en tant que membre de cette association corse, je pouvais le faire de manière efficace, en faisant une synthèse des idées de tous et non en portant seulement mes propres idées. C’est dans ce cadre que j’ai proposé ma candidature, je ne pensais pas qu’elle provoquerait tous ces problèmes, ces difficultés et ces dysfonctionnements !
 
- Est-ce pour cette raison que vous avez finalement retiré votre candidature ?
- Oui. Je me suis mis hors du jeu. Je ne tenais pas absolument à représenter la CTC. J’étais sur une position de compromis. J’étais prêt à voter pour tous les candidats honnêtes qui porteraient ce message. Je pensais que je pouvais le porter. D’autres ont manœuvré de manière claniste et politicienne contre moi, c’est pire pour eux que pour moi ! A partir du moment où on ne me veut pas, je n’insiste pas. J’aurais pu participer au scrutin, demander un vote à bulletins secrets et être élu. Un certain nombre d’élus m’avait assuré de leur soutien, mais je n’ai pas voulu aller jusque là. Je ne voulais pas créer une position conflictuelle, les élus ont d’autre chose à faire !
 
- Pensez-vous que votre éviction ait un lien avec celle de Jean-Félix Acquaviva ?
- Je n’en sais rien. Il est difficile de répondre de manière catégorique à une telle question. Ce qui est sûr, c’est qu’à Corte, l’Association corse des élus de la montagne a été constituée avec toutes les bonnes volontés. On m’a proposé de faire partie du bureau et du Conseil d’administration, mais j’ai choisi de laisser ma place à d’autres. J’ai voulu rester un membre de base, comme un autre. J’ai pensé et je continue de penser qu’en tant que maire d’une commune, située en partie en plaine et une énorme partie en montagne, qui connaît toutes les difficultés des villages de montagne, étant, en plus, conseiller territorial, je pouvais défendre, au mieux, les intérêts de la montagne. D’autres ont pensé le contraire.
 
- Néanmoins, après l’épisode Acquaviva, ne vous attendiez-vous pas à trouver des obstacles à l’élection d’un nationaliste ?
- Non. Je ne considérais pas qu’il puisse y avoir des obstacles, y compris de niveau politicien. La majorité, une fois de plus, vient de faire la preuve qu’elle s’enferre assez facilement dans des considérations qui n’ont rien à voir avec des choix objectifs et productifs dans le cadre des intérêts de la CTC. C’est lamentable que pour une désignation ordinaire, sur laquelle ne pèse aucune pesanteur stratégique ou même honorifique, on puisse en arriver là ! Ce qui est déplorable, c’est l’état d’esprit de certains !
 
Propos recueillis par Nicole MARI