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Après Bastia XV et RC Lucciana, Anthony Napoli le troisième ligne devenu arbitre


Christophe Giudicelli le Dimanche 28 Décembre 2025 à 17:18

Après vingt saisons passées en troisième ligne sous les couleurs de Bastia XV puis du RC Lucciana, Anthony Napoli a rangé les crampons pour endosser le rôle d’arbitre. Une reconversion entamée il y a dix ans, qui l’a conduit, depuis 2015, au centre du terrain en Fédérale 2. Parcours d’un ancien joueur devenu arbitre classé, aujourd’hui reconnu, qui assume pleinement son choix et s’impose comme l’un des visages insulaires de l’arbitrage fédéral



Anthony Napoli : le joueur a cédé la place à l'arbitre (Archives CNI)
Anthony Napoli : le joueur a cédé la place à l'arbitre (Archives CNI)

- Pourquoi avoir choisi l’arbitrage après avoir raccroché les crampons ?
- Il y avait la Coupe du monde en 2015, mais c’était trop cher pour y aller. J’ai dit à ma femme que je serais payé pour voir les matchs. Le lendemain, elle m’inscrivait à l’arbitrage. C’est parti comme ça. Mais surtout, je voulais rester dans le rugby. Être entraîneur demande une présence tous les week-ends, alors qu’en tant qu’arbitre, on gère davantage son temps, en dehors de la réunion mensuelle et des entraînements. 


- Comment se déroule la formation d’arbitre ?
- Il faut suivre une formation avec la Ligue pour pouvoir officier. On évalue la connaissance des règles, qui diffèrent selon les niveaux. La première année, on doit arbitrer quatre matchs. Ensuite, on obtient un diplôme territorial, puis fédéral. Aujourd’hui, cela me permet d’arbitrer sur le continent, en Fédérale 2, mais aussi chez les Espoirs de Fédérale 1 et les Juniors de haut niveau. 


- Avez-vous encore des ambitions ?
- Oui, même si l’âge peut devenir un frein. Mon rêve serait d’arbitrer la touche en Top 14 ou en Pro D2. C’est mon objectif depuis le début. Pour monter, on est supervisés plusieurs fois par saison sur nos décisions et notre gestion des matchs. Les places sont rares : soit on remplace un arbitre en difficulté, soit un arbitre qui part à la retraite. Comme les joueurs, on a la pression du résultat. On a aussi un coach, et il faut être prêt physiquement. 


- Passer de joueur à arbitre, ce sont deux mondes opposés…
- Oui, et ça n’a pas été simple. Quand on est joueur, on ne se place pas pareil et on ne regarde pas les mêmes choses. Les deux premières années, j’arbitrais encore comme un joueur, notamment sur les placements. Il m’arrivait de ne pas siffler certaines fautes. Il faut aussi faire un travail sur soi pour être totalement impartial. L’arbitre est le gendarme du terrain : il fait respecter des règles que, parfois, quand on était joueur, on contournait. C’est le plus gros changement.


- Les règles évoluent sans cesse. Comment s’adapter ?
- Grâce aux formations. Elles ont lieu tous les premiers lundis du mois, avec des cas vidéo et une “bible” des règles. Chaque Ligue a son formateur. Nous gérons uniquement la partie amateur. Les règlements évoluent surtout pour renforcer la sécurité des joueurs et augmenter le temps de jeu effectif.


- En amateur, l’arbitrage est plus isolé qu’au niveau professionnel…
 En Top 14, ils sont cinq ou six, avec la vidéo, et malgré ça, ils se trompent. En amateur, on se trompe aussi, mais on fait avec. Parfois, on est accompagné d’un représentant fédéral ou d’un assistant à la touche, ce qui apporte un vrai confort, mais ce n’est pas systématique. Pour le reste, on fait au mieux pour avoir des yeux partout. 


- Militez-vous pour attirer davantage d’arbitres, notamment parmi les anciens joueurs ?
- Oui, car il y a un vrai manque d’arbitres en Corse. Certains joueurs hésitent à franchir le pas. Pourtant, au rugby, l’arbitre est respecté : le moindre geste déplacé est très sévèrement sanctionné et les décisions sont peu contestées. Mais malgré ça, peu de joueurs s’y engagent. En Corse, c’est encore plus compliqué, car tout le monde se connaît.


-Plus d’arbitres permettrait-il de renforcer le rugby corse ?
- Oui, clairement. On serait davantage considérés. Paradoxalement, au prorata, la Ligue corse est celle qui compte le plus d’arbitres classés : deux sur dix. Mais il en manque encore. Chaque week-end, on fait venir des arbitres du continent pour couvrir toutes les rencontres. Pour l’instant, on n’a pas trouvé la solution pour attirer suffisamment de joueurs vers l’arbitrage.


- Quels arguments leur donner ?
 Leur dire qu’on reste dans le rugby avec la même passion. Que sans arbitres, il n’y a pas de match. C’est aussi une façon de rencontrer du monde et de voyager. Personnellement, j’arbitre un week-end sur deux sur le continent. C’est une nouvelle aventure.