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Anziani prighjuneri pulitichi in Sarte : Sustegnu a Ghjacumu Fieschi !


Marie MAURIZI le Samedi 3 Novembre 2018 à 18:15

Le collectif Patriotti qui regroupe un ensemble d'anciens prisonniers politiques et de recherchés, a donné samedi une conférence de presse devant le Trésor Public de Sartène. Il dénonçait le harcèlement des services fiscaux, que subit Ghjacumu Fieschi, militant et syndicaliste de la première heure.



Les militants du Collectif Patriotti autour de Ghjacumu Fieschi
Les militants du Collectif Patriotti autour de Ghjacumu Fieschi
Le Collectif entend défendre les droits des anciens prisonniers politiques "face au système policier et judiciaire qui continue de les persécuter". Il entend également participer, par ses actions et ses réflexions au débat actuel qui concerne l'évolution de la Corse.

« Le premier juillet dernier, devant le Centre des Impôts du Prunelli di u Fiumorbu, nous demandions - entre autres - le départ de Yann Poujol de Molliens, alors directeur des services fiscaux en Corse. Selon la fonction qui lui était assignée, ce dernier assurait sa hiérarchie qu’il prenait un soin tout particulier à ne contrôler que les Corses. Trop voyant et provocateur, cet anti-corses a été démis de son poste et dorénavant, n'exerce plus sur notre terre.  Nous prenons certes acte de cette mise à l'écart mais nous ne sommes pas dupes quant à la pérennité du système auquel il appartient et qui continue de sévir dans notre pays..." ont déclaré d'emblée les membres de Patriotti

'Aujourd’hui, c’est devant le Trésor Public de Sartè que nous entendons cette fois-ci dénoncer le sort réservé à notre ami, militant et syndicaliste de la première heure, Ghjacumu Fieschi. Pour son engagement constant et jamais démenti pour la défense des intérêts collectifs de notre peuple, Ghjacumu Fieschi est depuis longtemps ciblé par les forces répressives de l'Etat français. Il a été, à une époque, recherché pour cela. Moults moyens ont été, et sont toujours engagés contre lui..." a dénoncé Patriotti


Pour Patriotti "Ghjacumu Fieschi est harcelé. Il l'est plus particulièrement depuis le passage du préfet-barbouze Bernard Bonnet dont là aussi la tâche affectée était de combattre coûte que coûte le Mouvement National Corse. Tout un chacun sait désormais que derrière les incendies de paillotes, était ourdi un plan global de criminalisation visant aussi à préparer physiquement l'élimination de militants nationalistes. C'est dans ce contexte, et à l'instigation de ce méprisable préfet que les services fiscaux ont commencé leur mission de tourmenter Ghjacumu Fieschi" a martele le collectif..


Ses représentants ont ensuite fait l'historique de ce harcèlement.
"Après un premier contrôle en 1998, les services fiscaux imposent un redressement pour la société de Ghjacumu Fieschi de plus de 10 millions de francs, pour un chiffre d’affaire de moins de 5 millions de francs sur 3 ans… Le travail de sa défense permettra de rétablir ce redressement à un million de francs. A l'évidence, la volonté affichée par ces services était d'asphyxier économiquement un entrepreneur corse, de surcroit nationaliste.

En 2002, nouvelle attaque. Cette fois, le procureur Dallest et le juge Gentil diligentent une enquête suite aux informations fournies par les impôts. Les fonctionnaires des impôts transmettent le dossier aux magistrats avec uniquement des éléments censés une nouvelle fois étouffer l'entreprise de Ghjacumu Fieschi. Tous les clients et fournisseurs de ce dernier sont convoqués à la brigade financière d’Aiacciu. Au moment où sévit le scandale de la vache folle anglaise, les enquêteurs accusent alors Ghjacumu Fieschi de faire venir ses aliments bovins d’Angleterre, détournant ainsi toute la clientèle de son magasin.

Après 6 mois d’enquête, Ghjacumu Fieschi est mis en garde-à-vue pendant deux jours. Il est notamment sommé de s’expliquer sur des paiements de 3 millions de francs effectués en Sardaigne. Les enquêteurs ayant fait de ces paiements leur principal argument pour tenter de prouver un abus de bien sociaux. Mais, une fois les factures correspondantes (que l’administration fiscale s’était bien gardée de donner aux enquêteurs) remises aux policiers, ces derniers sont amenés à constater l'insignifiance de leur action et à présenter à l'intéressé des excuses. Le procureur Dallest se confondra également en excuses... Le juge Gentil reconnaitra de facto qu’il n’y avait aucune malversation dans la gestion de la société de monsieur Fieschi. Il ne reste que la faillite de la société SARL Jacques Fieschi, imputable aux rumeurs abjectes répandues pendant l’enquête,  les clients ne venant plus au magasin.

Les hommes changent mais le système perdure. Nouveau juge, nouveau procureur. La machine judiciaire s’emballe de nouveau contre Ghjacumu Fieschi. En 2008, Les mêmes accusations sont de nouveau portées contre lui. Ghjacumu Fieschi est jugé en première instance au tribunal à Aiacciu. Il est relaxé mais le parquet fait appel...

De manière assez surprenante, le tribunal correctionnel de Bastia ne tient absolument pas compte des éléments de défense présentés, allant jusqu’à nier que l'établissement commercial a été l'objet d'un sinistre (malgré l'exposition des articles de presse de l'époque relatant l'attentat qui a détruit cet établissement), ou encore en niant que Ghjacumu Fieschi ait déposé sur un « compte courant associé » de la société la totalité de l’indemnisation qu’il a touché suite à cet attentat, alors que les éléments comptables le prouvent clairement. Le tribunal condamne finalement Ghjacumu Fieschi à 350 000 € d’amende, pour abus de bien sociaux, chiffre qui fluctuera au cours des années, pour monter au gré des diverses pénalités jusqu’à 750 000 € !

Aujourd’hui, après 20 ans de procédure, Ghjacumu Fieschi doit encore 300 000 € à l’administration fiscale française, entre les amendes et les impôts qu'il n’a pu payer car sa société était fermée.

Ghjacumu Fieschi possède deux appartements qui sont loués. Mais, comme les deux loyers sont saisis directement par les impôts, il ne lui reste que 850 € de retraite pour "vivre"... Le rouleau compresseur envoyé à son encontre depuis des années continue de fonctionner pour l'écraser.

Ghjacumu Fieschi n'est pas seul. Nous sommes là aujourd'hui pour l'affirmer haut et fort : nous sommes à ses côtés. Le harcèlement fiscal et judiciaire dont il est victime est dû uniquement à son engagement politique pour la Corse ! Nous exigeons aujourd’hui l’effacement complet des amendes tant injustes qu’ignobles qui lui sont infligées et qui visent à le ruiner. Ce système inique doit cesser afin que Ghjacumu Fieschi puisse reprendre le cours normal de sa vie à 71 ans."

Un constat qui amène Patriotti à appeler "tous les Corses à faire barrage à toutes ces formes insidieuses de répression et à soutenir et rejoindre" son "combat pour l'affirmation concrète des fondamentaux de sa lutte, car il ne saurait y avoir de libération nationale sans émancipation sociale."