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Annulation du Salon International de l'agriculture : un important manque à gagner pour la Corse


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 5 Mars 2021 à 18:34

Le salon de l'agriculture de Paris 2021 a été annulé en raison de la situation sanitaire. Un véritable coup de massue pour les filières agricoles corses et un manque de visibilité pour l'île et ses producteurs. L’enveloppe votée et allouée à l’ODARC par la Collectivité de Corse pour le stand Corse de 550 000 euros est conservée. Elle sera mise au service de l’ensemble du territoire.



Le stand corse du salon de l'agriculture de Paris ne régalera pas les centaines de milliers de visiteurs habituels.
Le stand corse du salon de l'agriculture de Paris ne régalera pas les centaines de milliers de visiteurs habituels.
Le salon de l’agriculture de Paris 2021 n’aura pas résisté au Covid-19. Annulé en raison de la situation sanitaire il crée un manque à gagner important pour l’agriculture corse qui bénéficie d’une vitrine internationale lors de l’évènement. Si l’impact financier sur le court terme reste moindre c’est surtout le manque de visibilité autour des produits insulaires qui reste préjudiciable. Une visibilité qui permet de signer une grande majorité de contrats commerciaux avec toutes sortes de partenaires nationaux et internationaux.

Si l’Office du Développement Agricole et Rural de Corse (ODARC) en charge de la délégation insulaire ne pourra pas exposer le savoir-faire des 70 producteurs habituellement présents sur le salon, elle garde tout de même l’enveloppe destinée à financer l’opération. Les fonds seront alloués à des actions de communication et viendront s’ajouter à ceux destinés à la gestion de crise pour aider les agriculteurs en difficulté.
 

S’adapter et rediriger les fonds alloués

L’enveloppe votée et allouée à l’ODARC par la Collectivité de Corse pour le stand Corse s’élève à 550 000 euros. Le salon étant annulé, le choix a été fait de conserver cette enveloppe budgétaire pour la mettre au service de l’ensemble du territoire. Ainsi des actions de communication seront menées pour accompagner les producteurs et mettre en avant les produits corses à l’international. Pour Lionel Mortini, président de l’ODARC « il est primordial de pallier ce manque à gagner en termes d’image et de visibilité ».

Le reste sera injecté dans les aides à la gestion de crise dans le cadre du règlement des minimis. Les agriculteurs qui se retrouvent en difficulté en raison de la crise sanitaire peuvent donc faire une demande. Leur dossier sera examiné par l’ODARC. « On ne fait pas n’importe quoi avec ces aides, il y a un véritable processus d’étude mais rares sont ceux qui restent à la porte. Aujourd’hui les agriculteurs corses souffrent mais ils ont l’appui de l’ODARC ».

La chambre d’agriculture, elle, veut encourager les exploitants à ouvrir leurs portes aux curieux et potentiels acheteurs insulaires. « L’idée c’est de faire le salon chez l’agriculteur. On demande aux agriculteurs de jouer le jeu, d’accueillir les gens sur leur exploitation et de leur expliquer son fonctionnement » explique Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse.

Un impact financier sur le long terme

Plus qu’un espace de vente, le salon de l’agriculture de Paris est surtout un immense showroom dédié à la dégustation et à l’échange. Aucune perte sèche de chiffre d’affaire n’est à déplorer pour les producteurs qui devaient être présents. Ceux sont surtout les filières agricoles qui s’en trouveront affaiblies puisque tout ce qui était vendu pendant le salon leur était reversé.

Si l’impact financier sur le court terme reste moindre c’est plus tard que les effets se feront ressentir. « L’impact se verra surtout sur l’aspect commercial. Chaque année ce salon permet aux producteurs d’établir des contrats au niveau national et international avec des grandes surfaces, des restaurants et des entreprises d’import-export. Les personnes qui goûtent les produits pendant l’évènement vont voir les producteurs quand ils viennent en vacances sur l’île. C’est aussi une destination qui est vendue » raconte Joseph Colombani.

C’est d’autant plus dommageable lorsque l’on connaît le succès du stand corse pendant l’évènement. « La Corse est une des régions qui tire le mieux son épingle du jeu. Le contre coup est donc plus important pour nous que pour les autres régions » pour Joseph Colombani.

De la dopamine pour les agriculteurs

Autre point qui assez peu évoqué c’est l’impact psychologique de l’annulation du salon. « Ce salon c’est de la dopamine pour les agriculteurs ! Quand vous passez toute l’année à galérer sur vos exploitations, dans vos villages, ce lieu de rencontres et d’échanges est une véritable bouffée d’oxygène. C’est aussi un boost de reconnaissance pour les producteurs qui sont en lien direct avec les consommateurs ».

Un ressenti partagé par Jean-Paul Leonelli, éleveur porcin à Casanova : « quand on se retrouve à Paris au milieu de tous ces gens pour leur faire déguster nos produits c’est gratifiant, formidable ! Cela nous permet aussi d’échanger avec d’autres agriculteurs d’autres régions sur le savoir-faire et de créer un lien ».

Si le lien avec les autres régions françaises aura été coupé, la priorité pour l’ODARC et la chambre d’Agriculture resteront vigilants sur la protection et le développement des filières agricoles corses affaiblies par la crise sanitaire.