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Ajaccio, mon beau village… : A Villetta, le charme discret d’un ilot de verdure…


José Fanchi le Vendredi 12 Janvier 2018 à 22:16

Et si nous effectuions un petit tour d’horizon de notre belle cité ? U nostru Ajacciu Bellu ? Un peu comme une promenade dans le temps, à travers ces quartiers excentrés qui ont fait le bonheur de quelques familles ajacciennes. Promenons-nous alors du parc Berthault à Saint-Joseph, des Cannes au San Rucchelu, de la Piazetta au San Carlu en passant par St Jean ou le Fossu ou à stretta di u fornu, U Domu et la Grotte etc. Il s’agissait de petits hameaux, sorte de villages plus ou moins retirés du centre nerveux, dont les habitants étaient si fiers. Dans sa merveilleuse chanson « Les Résidences », Marc Paoli « u Longu » résume parfaitement l’état d’esprit de ces Ajacciens de la belle époque en énumérant tous ces quartiers que l’on désertait pour des résidences plus commodes et modernes surtout. Ceux qui ont tenu bon et sont restés ne le regrettent pas. Parmi les autres, beaucoup sont revenus pleins d’usage et raison pour y finir leur vie



Ajaccio, mon beau village… : A Villetta, le charme discret d’un ilot de verdure…
 
Ces quartiers de la ville sont plus que jamais d’actualité. On y revient, on rénove, on retrouve les anciens et on refait le monde comme aux plus beaux jours. Le quartier, c’est une manière de vivre, une éducation, l’endroit où l’on a grandi qui reste gravé à jamais dans la mémoire. Le quartier c’est l’enfance dans la rue, les copains et les jeux aujourd’hui disparus tels le sous-troué, le Tour de France à l’aide de bouchons remplis de cire, les cinq pierres ou osselets, les images, même les jeux d’argent, la fameuse Riga. Le quartier c’est la fontaine où l’on remplissait la cruche, le Frère-Jacques et les feux de la Saint-Jean. En fait, un lien qui se resserre au fil des ans et qui, de temps à autre, refait surface…
Allez, partons faire un tour de ces lieux magiques de notre enfance au hasard des rencontres. Tiens, si nous commencions par ce paisible quartier  « d’A Villetta » situé à deux pas du cours Napoléon, au  cœur même de cette avenue Beverini qui dessert les hauts d’Ajaccio.
 
A Villetta, c’était un véritable ilot de verdure. Point d’avenue Beverini ni de lycée Laetitia à l’époque, aucune rue adjacente ni sens giratoire, mais simplement une belle campagne, celle-là même que nous traversions pour aller en promenade à St Jean ou vers la chapelle de Notre Dame de Loretto. Les anciens de l’école Pascal Paoli ou des classes de Castel-Vecchio s’en souviennent…
 
Elevé dans la verdure
Nous sommes en 1931. La Villetta existe certes, mais seule une petite masure y est implantée. Autour, de la verdure, une colline et rien d’autre. De cette maisonnette que les vieux ajacciens avaient appelé « A Villetta » on dominait une grande partie de la ville et la prison, située à  quelques encablures de là. Le quartier du tribunal avait été édifié quelques décennies auparavant, dans le prolongement d’I Capucini (l’actuelle école St Paul). C’est à cette époque, début 1931 que M. Silvani décida de construire sa maison de campagne. Pierre-Louis, le fils, alors âgé de 7 ans a grandi dans cette environnement de verdure. Il y habitait encore il y a peu mais a disparu depuis. Son épouse, Zaza nous a également quittés il y a peu. Elle me disait :
 « Nous étions loin de tout. Ajaccio était une petite ville et nous étions  en pleine campagne. Il n’y avait rien autour, que des chemins et des jardins potagers et même un petit lavoir… »

En quelques années, plusieurs villas furent édifiées dans ce qui semblait alors un lotissement. Une douzaine environ, construites par les familles Silvani, Pelletier, Pancrazi, Pietri, Jafuel, Bonelli-Villanova, Arrighi, Santoli etc.  Cela ressemblait beaucoup à un petit hameau coquet mais pour quelques années seulement…Peu après en effet, les premières grandes constructions s’implantèrent au fur et à mesure que la ville s’agrandissait. Le « bouchon » du haut de l’actuelle avenue Beverini sauta peu après que la première brèche vers le Salario fut ouverte. Des immeubles et même une caserne furent ainsi construits du bas du cours Napoléon vers le haut de la nouvelle avenue et plusieurs commerces furent créés. Ainsi, le bar de la Villetta fut un des premiers établissements implantés par la famille Casanova. Il fait sans doute partie des plus anciens de la ville. Alentour, on trouvait plusieurs autres commerces tels l’épicerie Paoletti, le coiffeur pour dames Nick, de Nico et Rosette Giuliani, une boulangerie, un marchand de vin, une autre épicerie et un cordonnier etc… Si bien qu’en quelques années, le quartier et la ville ne faisaient plus qu’un avec notamment le développement du quartier proche de Sainte Lucie. 
 
Les jardins conservés…
A Villetta c’est aussi et surtout le nom de la rue qui dessert les villas dans la partie arrière, masquée par les immeubles qui entourent le quartier. Malgré cela, A Villetta, précurseur des lotissements, a conservé tout son charme d’antan. Chaque maison possède son portail, son petit bout de jardin, le tout baigné par une belle lumière qui donne un cachet tout particulier à ces résidences qui vieillissent fort bien. Un jour, j’ai demandé à Pierre-Louis Silvani s’il aimerait vivre ailleurs. Il ne m’avait même pas répondu tellement il était accroché à son coin de verdure. Peut-être en été, avec l’escapade à Capo di Feno où il possède son « cabanon » et encore…
Aujourd’hui, A Villetta demeure plus que jamais accrochée à cette notion de petit village des années trente dont peu de gens connaissent l’histoire. Heureusement qu’il nous reste quelques « mémoires » ajacciennes pour nous rappeler le bon temps de cet Ajacciu bellu en pleine construction. Et le bar de la Villetta, pilier du quartier où l’accueil est toujours aussi chaleureux est encore là, mais les héritiers viennent de le fermer pour s’installer ailleurs dans le quartier…
 
A découvrir bientôt dans « Aiacciu, lochi di mimoria »
J. F. 

Ajaccio, mon beau village… : A Villetta, le charme discret d’un ilot de verdure…