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Ajaccio-Les habitants de Saint-Antoine excédés : "si on ne trouve pas une solution nous en trouverons une"


Francesca Andreani le Jeudi 20 Février 2020 à 19:29

C’est devant le cimetière de Saint-Antoine que le collectif « Stop à l’intoxication de nos enfants et à la prolifération des mouches », créé par les habitants des environs, a convié pour son premier rassemblement les élus de toutes tendances politiques confondues, les candidats à la municipale, mais aussi les responsables du Syvadec, de la Capa et de l’Etat.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
 Ce rassemblement avait pour but de déclarer un état d’urgence du site de Saint-Antoine où le stockage des balles à ordure n’en finit plus : 9 000 tonnes de déchets y ont déjà été stockés. Le collectif n’a cessé d’alerter sur les risques sanitaire graves et de dénoncer ce que les riverains sont obligés de subir quotidiennement : prolifération de mouches et de rats, avec la peur des risques infectieux. Une invasion qui s’est propagée au Salario, au Loretto, à Casteluccio et arrive en centre-ville.
 
Alain Novello qui fait partie du collectif alerte sur la situation actuelle : « nous ne pouvons plus ouvrir nos fenêtres et nous devons lutter avec des produits toxiques toute la journée, sans succès. Nos enfants dorment et mangent aves les mouches. Nous sommes très inquiets de la situation qui va s’aggraver à l’arrivée des chaleurs. »
 
Une situation bloquée
La situation qui dure depuis le 8 novembre et devait s’arrêter le 31 décembre, avec la réouverture du site d’enfouissement de  Vighjaneddu. A la suite du blocage de ce dernier par le collectif Valincu Lindu, la situation perdure à Saint-Antoine, d’autant plus que le site fermera définitivement en juillet.
 
Antoine Maestrali, directeur de cabinet de Laurent Marcangelli a expliqué que « Stocker les balles à Saint-Antoine a été une décision difficile à prendre qui a été dictée par des impératifs : faire en sorte que le territoire ne soit pas jonché de poubelles »
 
Pour Xavier Lacombe vice président du Syvadec et de la Capa « la situation est très complexe, apparemment sans issues. Les capacités d’enfouissement sont bloquées. La seule solution serait de pouvoir les transférer le plus rapidement possible. Le choix du tri et de l’enfouissement est la politique de la région. On constate qu’il manque un maillon dans la chaîne. La situation ne s’améliore pas et va peut-être s’empirer. »
 
La directrice générale adjointe du pôle technique de la Capa, Michèle Orlandi assure que c’est une situation transitoire : « Ce que l’on vit là, toute la Corse le vit. Le stockage ne va faire que s’accentuer avec la fermeture du centre de Vighjaneddu. La proposition d’export des balles est un autre sujet qui nécessite des autorisations préfectorales de la région de départ et d’accueil et de l’ensemble des départements traversés. La capacité régionale ne nous permet pas d’évacuer les balles. Je vous assure que Saint Antoine ne redeviendra jamais une installation de stockage des déchets. Le stockage en balles est temporaire »
 
Un ultimatum donné avec la menace des riverains de bloquer Saint-Antoine.
 
La parole a été donnée à toute l’assemblée, élus et riverains confondus. Mais les questions de ces derniers sont restées sans réponses.
Pour François Filoni « il ne faut pas trouver des coupables mais des solutions. En juillet les choses vont s’aggraver avec la fermeture de Vighjaneddu ».
Les riverains haussent le ton en répondant qu’ils n’attendront pas juillet.
 
Jean-François Casalta a tenu alors à alerter sur le fait « qu’on ne va pas pouvoir résoudre ce soir le problème des déchets de la Corse. Il y a un danger qu’il faut éviter absolument, c’est de dresser les régions contre les régions et les Corses contre les Corses. Les responsabilités sont partagées, il faut les assumer. »
 
Jean-André Miniconi propose avant tout « de sécuriser le site de Saint-Antoine et de mettre en place le plus rapidement possible le tri des bio-déchets ».
Mais pour les riverains cela ne suffit pas, « Saint-Antoine ne peut plus accueillir de balles, on bloquera tout si il le faut »
 
Les habitants devant l’urgence de la situation interpellent les élus et candidats présents  « on se respire la merde de tout le monde », avant de rajouter « on a pas le droit de laisser faire ces choses là, tout le monde est responsable, on ne veut pas faire de politique ici, saisissez les échelons au-dessus de vous et bougez-les. Ne vous tirez pas dessus, mettez-vous ensemble pour faire avancer les choses ».
 
Madame Cristiani qui fait partie du collectif nous confie : « nous ne pouvons plus vivre dans cette situation. Si une solution n’est pas trouvée, on ne laissera pas faire les choses et on fera en sorte d’en trouver une nous et de la mettre en place.»