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À Ajaccio, un centre d’écoute pour rompre l’isolement ouvrira ses portes en septembre à l’évêché


VL le Vendredi 18 Juillet 2025 à 14:47

Porté par l’association Louis et Zélie, un nouveau centre d’accueil ouvrira à la rentrée au sein de l’évêché d’Ajaccio. Ouvert à tous, ce lieu proposera une écoute bienveillante et confidentielle aux personnes en souffrance ou en quête de soutien. Une initiative voulue par le cardinal François Bustillo, dans une société qu’il juge « dure et intransigeante ».



Photos Paule Santoni
Photos Paule Santoni

C’est une première en Corse, et elle pourrait faire des émules. À compter de septembre 2025, un centre d’écoute ouvrira ses portes dans les locaux de l’évêché d’Ajaccio. Ce lieu discret, mais ambitieux, est destiné à accueillir toute personne en situation de détresse, de solitude ou traversant une période difficile. Une écoute, simplement. Une parole déposée, sans jugement.

Ce projet est porté par l’association Louis et Zélie, fondée il y a dix ans par Guillaume d’Alençon. Elle tire son nom des parents de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, canonisés en 2015 par le pape François. À ce jour, une cinquantaine de centres similaires ont vu le jour en France, tous reposant sur l’engagement de bénévoles formés à l’écoute active. « L’idée est née d’un constat simple : ceux qui souffrent ont souvent le réflexe de se replier sur eux-mêmes. Le silence, l’isolement, l’impression que personne ne peut comprendre. Or, une écoute attentive et respectueuse peut suffire à amorcer un apaisement », résume Guillaume d’Alençon, qui pilotera la mise en place du centre ajaccien.

À Ajaccio, deux bénévoles assureront les premières permanences. Elles ont été formées selon le protocole de l’association, qui insiste sur la confidentialité, la bienveillance, et l’absence de prosélytisme. « C’est un lieu chrétien, bien sûr, mais il est ouvert à toutes et à tous. Dans les autres centres, 80 % des personnes reçues ne sont pas croyantes ou ne se réclament pas de l’Église catholique. Et personne ne les assomme de versets. Nous sommes là pour écouter, pas pour convertir », précise Guillaume d’Alençon.

Le centre ne se substitue ni à un suivi psychologique, ni à un accompagnement médical. Mais il peut constituer un premier point d’ancrage, un sas de réassurance, une passerelle vers d’autres structures. « Certains découvrent, en parlant, que leurs difficultés peuvent se résoudre plus facilement qu’ils ne le pensaient, parfois avec un simple réajustement, parfois avec l’aide d’un professionnel. D’autres ont simplement besoin d’être entendus pour reprendre souffle », ajoute-t-il.

Une Église plus proche, plus humaine
À l’origine de cette ouverture à Ajaccio : le cardinal François Bustillo, évêque du diocèse. Très engagé sur les enjeux de lien social, il a lui-même exprimé le besoin de proposer un lieu d’accueil individuel, complémentaire des grandes célébrations collectives. « Nous vivons dans une société dure, intransigeante. On parle beaucoup, mais on écoute peu. L’Église ne peut pas rester indifférente. Elle doit être présente là où les gens ont besoin d’une oreille, d’une parole, d’un geste. Ce centre, c’est une manière très concrète de montrer que nous ne sommes pas sourds aux souffrances silencieuses », a-t-il expliqué lors de la présentation du projet. Le cardinal insiste sur l’importance d’une « mentalité de l’écoute », qu’il oppose à une culture du commentaire permanent : « Nous avons tous tendance à parler avant de comprendre. Pourtant, chacun porte en lui une histoire, un mystère. Écouter, ce n’est pas seulement entendre. C’est reconnaître l’humanité de l’autre. Et cela, c’est déjà beaucoup ».

Le centre d’Ajaccio commencera avec une équipe réduite, deux personnes seulement. Mais le cardinal espère que l’expérience fera école. « L’idéal serait que cette initiative essaime ailleurs, dans d’autres villes, dans d’autres lieux d’Église. Nous avons besoin d’espaces de convivialité humaine, pas seulement de rassemblements liturgiques. Le collectif est important, mais il faut aussi soigner le personnel, l’intime, le fragile. »

Guillaume d’Alençon confirme que d’autres implantations sont envisageables en Corse, si des équipes locales se forment. « Ce qui compte, c’est de créer un état d’esprit. Il ne s’agit pas d’ouvrir des guichets, mais de développer une culture de l’écoute. Et ça commence souvent par une personne qui accepte d’être là, présente, disponible. »

À l’évêché d’Ajaccio, les portes du futur centre seront ouvertes un jour par semaine dans un premier temps, avec possibilité de prendre rendez-vous. L’adresse exacte et les modalités seront communiquées à la rentrée.