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​Xylella fastidiosa : la communauté scientifique internationale débat au Palais des Congrès d’Ajaccio


Philippe Peraut le Mardi 29 Octobre 2019 à 21:11

Durant trois jours, près de 400 chercheurs venus de quarante pays sont au Palais des Congrès à Ajaccio afin de débattre sur les dernières données et connaissances acquises sur la bactérie, les plantes hôtes, ses vecteurs et ses options de contrôle. Un état des lieux sur la recherche, organisé conjointement par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), le réseau Euphresco pour la coordination et le financement de la recherche phytosanitaire, l’Institut National de Recherche Agronomique (INRA), l’Agence Nationale de sécurité Sanitaire de l’Alimentation, l’environnement et du travail (ANSES), l’Office de l’Environnement de la Corse et les projets européens Horizon 2020 POnTE et X-F-Actors…



Le Palais des Congrès d’Ajaccio abrite, depuis ce mardi, la deuxième conférence scientifique majeure sur la Xylella Fastidiosa (la première avait lieu à Majorque en 2017). Au total, deux journées de conférences sur des thèmes divers (la bactérie, les espèces touchées, l’insecte vecteur, le développement, les spécificités et une troisième journée dédiée à une rencontre sur le terrain sur deux sites (région du Prunelli et plateau d’Ese). Près de quatre-cent chercheurs venus du monde entier sont ainsi réunis pour évoquer cette bactérie mortelle pour plus de 200 espèces végétales dans le monde. Véhiculée par un insecte, le phileanus spumarius est transùis et véhiculé. La gravité de ses impacts varie selon la souche, le végétal et l’écosystème concerné. Détectée pour la première fois en France, en 2015, la xylella se répand, pour l’heure en Corse et dans 19 communes des départements du Var et des Alpes-Maritimes. Ce mardi, au Palais des Congrès, François Sargentini, président de l’Office de l’Environnement de la Corse, a officiellement donné le coup d’envoi de ce colloque. Attendus à Paris au sujet des agriculteurs, Gilles Simeoni et d’autres élus concernés par cette thématique importante, n’ont pu être présents.  À la tribune, et dans plusieurs salles de la structure, les différentes conférences couvrent, jusqu’à jeudi, les résultats les plus récents sur la recherche : biologie et pathogénicité, détection et surveillance, écologie, épidémiologie et modélisation, insectes vecteurs, évaluation des risques et impacts environnementaux, stratégie de gestion durable…

Trouver des solutions
« Ce colloque, précise Laetitia Hugot, directrice du conservatoire national botanique de Corse, permet de participer à trouver des solutions. Près de 400 chercheurs sont là sur trois jours avec des débats. La xylella est largement répandue dans le monde entier avec différentes particularités, c’est un sujet global mais avec des solutions plutôt globales. Ces journées de travail visent à faire le point sur l’état d’avancement des connaissances et permettra aux chercheurs d’échanger entre eux, tant sur les méthodes que sur les résultats. »
Au-delà de la réglementation en vigueur, qui constitue un autre axe de travail, différent, celui-là et préventif, il s’agit de mieux comprendre comment cette bactérie originaire d’Amérique Centrale, et diffusée dans plusieurs régions du globe, se développe et présente autant de symptômes différents selon les endroits où elle prolifère. « la xylella touche l’olivier et le genêt en Corse mais elle peut s’étendre à d’autres arbres de par le monde (amandier, figuier, prunier, vigne…) et représente, de ce fait, un réel danger… »

Le phileanus spumarius, un insecte endémique vecteur
La bactérie se répand grâce à la salive d’un insecte, le phileanus spumarius. « Aujourd’hui, la situation est différente en Corse, souligne Jean-Yves Rasplus, chercheur-spécialiste en entomologie à l’INRA,  l’insecte est essentiellement associé au ciste, une plante qui peut produire un inoculum de la bactérie vers les plantes adjacentes. Elle touche, certes, l’olivier, mais en été, on n’arrive pas à le trouver. Est-ce la chaleur ? Nous essayons d’y répondre. C’est une grosse interrogation. D’autant que nous avons en Corse, des oliviers avec du maquis autour et donc une interaction potentielle, ce qui n’est pas le cas, par exemple, du Sud de l’Italie. Les systèmes diffèrent selon les lieux. Le vecteur et le contexte sont importants. Cet insecte est, contrairement à ce que l’on coutume d’avancer, endémique. La maladie est un peu partout, y compris dans des zones naturelles…Par ailleurs, la bactérie ne supporte guère le froid, elle peut en mourir. Or, la Corse présente ce contraste chaud-froid où la xylella se retrouve plutôt en plaine. Elle va s’exprimer dans des conditions différentes selon le froid, la chaleur ou l’humidité. Et les symptômes diffèrent en Corse…L’insecte est endémique, la même espèce avec des particularités mais il ne transmet pas très fortement. L’approche est, pour nous, surtout écologique… »
La conférence va se poursuivre ce mercredi toute la journée avant une journée de jeudi consacrée, elle, a deux visites sur site au plateau d’Ese et dans la région du Prunelli afin de prendre connaissance de l’environnement où se développent la bactérie et l’insecte…