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« ​Une nuit d’été », de Gray Orsatelli, récompensé à l’international


Laurent Hérin le Jeudi 2 Novembre 2023 à 11:06

L’acteur Gray Orsatelli est passé derrière la caméra en 2022 pour réaliser son premier film, « Une nuit d’été ». Après avoir été présenté dans les principaux festivals insulaires, ce court métrage vient de remporter deux prix dont celui du meilleur film au Yerevan Short Film Festival en Arménie.



Francine Massiani et Gray Orsatelli à Lama ©Laurent Hérin
Francine Massiani et Gray Orsatelli à Lama ©Laurent Hérin
Le « Best fiction short film International competition » et le « Best cinematography » pour le chef opérateur Arthur Lauters, sont les deux prix obtenus par « A Summer Night », titre anglais de « Une nuit d’été », au festival de Yerevan, en Arménie. Deux belles distinctions pour ce premier court métrage réalisé par le comédien Gray Orsatelli qui avait, jusqu’à présent, participé à plusieurs festivals insulaires, mais toujours, hors compétition. On a, en effet, pu le découvrir à l’occasion des Nuits Med en juin, à Arte Mare en octobre dernier ou encore au festival de Lama en août.
C’est à cette occasion que Gray Orsatelli et sa comédienne Francine Massiani ont évoqué pour CNI l’aventure de ce premier film. « Une nuit d’été » raconte comment, dans un village du Cap Corse, l’amitié de Marco et Samuel est mise à mal après un cambriolage raté de la maison de Lola, une enfant du village, de retour pour les vacances avec son compagnon Vincent.

- Gray, comment vous est venue l’envie de réaliser ?
Ça s’est fait naturellement parce que j’ai toujours écrit dans mon coin. J’ai d’abord écrit le scénario d’un long, mais sans penser le réaliser. Je l’ai fait lire autour de moi et j’ai eu d’excellents retours. Il semblait alors évident à ces gens que ce soit moi qui réalise. Petit à petit, l’idée a fait son chemin. Le Covid est passé par là puis j’ai envoyé ce projet à la société de production Folle Allure que je connaissais depuis les « Exilés ». La productrice, Lucie Fichot, m’a dit : OK, mais tu fais un court. J’ai répondu : ça tombe bien, j’ai aussi une version courte (rires). Et voilà…

- Dès le début, vous pensiez jouer dedans ?
Non. C’est le réalisateur Bernard Jeanjean à qui je l’ai fait lire qui m’a dit : non seulement il faut que tu réalises, mais surtout, il faut que tu joues dedans. Il m’a donné de la confiance. J’avais un complexe par rapport à tous ces réalisateurs que j’ai rencontrés et que je respecte tellement. Même les plus jeunes ont un talent dingue et maîtrisent toute cette partie technique sur laquelle je ne me sentais pas à l’aise. C’est aussi à cause de ça que je n’osais pas me lancer. Je ne me voyais pas réaliser même si, au fond de moi, j’ai toujours eu ce désir.

- Ça vous donne envie de continuer ?
Je privilégie toujours l’acting, c’est ce qui me plaît. Il y a un côté plus « peinard » (rires). C’est un gros travail, mais tu ne t’occupes que de cette partie-là. Tu te concentres sur ton jeu, sur toi et sur les comédiens avec qui tu interagis. Réalisateur ? Il faut savoir tout faire !

- Mais réaliser est une aventure collective ?
Oui. D’ailleurs, peu importe ce qu’on entreprend dans la vie, il faut savoir s’entourer. Depuis que je fais ce métier, j’aime, à travers mes expériences, regarder avec qui je travaille et avec qui je me sens bien sur un plateau. C’est comme ça que j’ai fait appel, par exemple, à Anaïs Versini, première assistante ou Laurent Blahay, au son. Non seulement j’aime leur travail, leur regard, mais je savais surtout qu’en termes d’ambiance, je prendrais du plaisir à travailler avec eux. Ils sont devenus des piliers dans leur domaine.

- Et le choix des comédiens ?
- Certains comédiens ont été des évidences comme Francine Massiani et Antoine Albertini avec qui j’ai travaillé sur la pièce Sintinelli. Tellement de choses me plaisent en eux. Et peu importe l’affect, je sais que j’ai affaire à des professionnels. J’ai même retravaillé le scénario quand j’ai su qu’ils seraient de l’aventure. Laurent Ledoyen qui joue le photographe, j’aime son parcours. Quant à Swsan Abès, on me l’a recommandé alors que je faisais des castings sauvages. Le feeling est immédiatement passé, je me suis dit : c’est elle !

- Pourquoi avoir tourné chez vous, dans le Cap Corse ?
Gray : Tourner au village, c’était essentiel. On m’aurait proposé de situer le film ailleurs, j’aurais refusé. On aurait pu chercher des villages semblables, mais je voulais absolument raconter ce que moi je connais de ce type de lieu. Je suis à la fois d’Ersa et de Pino. Ces deux villages, qui peuvent paraître si proches, sont en réalité différents. Ce que renvoie chaque village en Corse est unique.

- Francine : Il y a quelque chose de mystique, c’est un décor de cinéma qui s’est imposé naturellement. Tu arrives là, tu as déjà le ton du film. C’est particulier le Cap, encore plus la pointe. Il y a une réalité de temps différente.

- Francine, pourquoi avoir accepté de jouer dans « Une nuit d’été » ?
- J’ai tout de suite aimé l’idée qui se dégageait de cette histoire. Avec Gray, on avait collaboré sur Sintinelli de Laurent Simonpoli et pris du plaisir à jouer ensemble. Ici, en plus, je ne sais pas pourquoi, il y avait un challenge. J’ai eu un peu la pression au début (rires). Pour rien finalement parce qu’on a très vite retrouvé cette complicité tous les trois, Gray, Antoine et moi. Ça m’a immédiatement détendu.

- Ce film est avant tout une histoire d’amitié forte. Le film, en Corse, a été présenté hors compétition ?
Francine : J’ai vraiment du mal avec l’idée de compétition. Chaque film est différent, avec des sensibilités différentes. Il est difficile de les juger. Faire un court c’est prendre des risques et, derrière, être soumis à une telle pression quand on se retrouver en compétition, c’est dommage. Pour un long, c’est un peu différent, on ne parle pas des mêmes budgets !

Gray : Le film a également été présenté à Angoulême, dans la catégorie « nouveaux talents », et effectivement en Corse, cet été. A chaque fois, j’ai préféré qu'il soit hors compétition pour le plus grand nombre puisse le découvrir. Mon but est que le travail de toute l'équipe soit le plus possible mis en valeur.