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Violences faites aux femmes : en Corse comme ailleurs, "l’enjeu majeur, c’est d’éviter la récidive"


Thibaud KEREBEL le Vendredi 25 Novembre 2022 à 17:59

Dans le cadre de la journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, ce 25 novembre, le recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, avait convié la présidente du tribunal judiciaire de Bastia au lycée Giocante di Casabianca, afin de mener une opération de prévention à destination des élèves.
L'occasion d'aborder avec les enlevés la réponse juridique aux violence intra familiales



Le recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, avec la présidente du tribunal judiciaire de Bastia
Le recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, avec la présidente du tribunal judiciaire de Bastia

« Ça commence à votre âge ! C’est le début des couples, des copains, des copines, et parfois malheureusement des violences. » Devant des étudiants du lycée Giocante de Casabianca de Bastia, la présidente du tribunal judiciaire de Bastia, Claire Liaud, tire le bilan de sa première année à la tête de l’institution. « Notre politique sur le sujet des violences, c’est tolérance zéro ! Le procureur de la République a donné des directives aux services de police et de gendarmerie, pour que les faits soient traités en priorité dès qu’il y a une plainte. On veut absolument qu’il y ait une réponse judiciaire rapide. »

Depuis le début de l’année 2022, le tribunal judiciaire de Bastia comptabilise déjà 260 cas de violences dénoncés en Haute-Corse, dont l’immense majorité sont commises sur des femmes. « Au total, 70 % de ces affaires ont donné lieu à des poursuites devant le tribunal correctionnel », précise Claire Liaud, montrant la progression de la machine juridique. Mais les avancées ne s’arrêtent pas là. « L’enjeu majeur, c’est d’éviter la récidive en détectant des signaux avant-coureurs. Typiquement, quand un monsieur qui a été condamné à une peine ferme sort de prison, il faut que la victime soit mise au courant de sa sortie, et qu’elle soit accompagnée. Dans quel périmètre il va vivre ? Est-ce qu’il va suivre ses soins ? Est-ce qu’il va retrouver un boulot ? »


"Elle s’était fait casser la mâchoire par son compagnon"

À Bastia, une cellule de coordination a donc été mise en place, afin de croiser toutes ces informations, et de ne rien laisser au hasard. « Toutes les six semaines, ont réunit les services de police, de gendarmerie, judiciaires et pénitentiaire... », détaille Claire Liaud. « Comme ça, on évite que certains détails passent au travers, et on protège les victimes. »

Mais même si les choses progressent, de nombreux cas sont encore à déplorer, et montrent l’ampleur du chemin à parcourir. La présidente du tribunal judiciaire de Bastia se souvient d'ailleurs avoir été particulièrement marquée par une audition cette année. « Une femme était victime de violences, et sa famille avait porté plainte pour elle. Lorsqu’elle a été entendue, elle a révélé que trois ans auparavant, elle s’était fait casser la mâchoire par son compagnon. C’est stupéfiant de se dire qu’elle a vécu avec ça, et qu’elle a continué d’élever ses enfants sans rien dire. »

Conscients que c'est aussi par le dialogue et la prévention que les différences se feront, tous les intervenants réunis au lycée Giocante di Casabianca ont insisté sur l'importance de ce type d'initiative. "Mais au-delà de la journée internationale, qui est ponctuelle, c'est une démarche qui doit s'inscrire dans le temps", a conclu le recteur Jean-Philippe Agresti.