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Violence et dérives mafieuses : Gilles Simeoni propose une session spéciale à l’Assemblée de Corse


Nicole Mari le Mercredi 25 Septembre 2019 à 16:41

Assassinats, entreprises incendiées, rackets… Face à l’inquiétude et à l’émotion qui secouent l’île, l’Assemblée de Corse se penchera, ce jeudi, en ouverture de session sur la violence d’origine mafieuse ou supposée telle qui a resurgi, de nouveau, ces derniers mois. Le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, propose d’organiser, dans les semaines à-venir, une session spéciale consacrée à cette question récurrente, en impliquant tous les acteurs du monde politique et social insulaire, afin de dégager un diagnostic commun et des voies possibles d’action.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Photo Michel Luccioni.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Photo Michel Luccioni.
Le spectre de dérives pré-mafieuses resurgit brutalement dans l’île. Si les derniers assassinats ont provoqué un électrochoc dans la population, la situation s’était déjà tendue depuis quelques mois avec des actes de violence à répétition qui ont touché notamment des entreprises et laissé planer diverses suspicions de pressions, de mainmise ou de racket. Le sentiment général est que la situation pourrait bien continuer à se dégrader. Face à l’émotion et à l’inquiétude qui s'expriment, des réactions et des initiatives se multiplient en provenance du monde politique, comme de la société civile. L’Assemblée de Corse, qui ne peut rester en décalage ou déconnectée des réalités de l’île, a décidé, en dernière minute, jeudi, lors de la session de rentrée, de donner la parole à tous les groupes politiques pour qu’ils s’expriment publiquement sur le sujet. Comme les élus l’ont fait pendant des décennies à chaque fois que le contexte l’exigeait.
 
L’union sacrée
S’il juge cette prise de parole collective pertinente dans la situation actuelle, le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, estime, néanmoins, qu’elle ne peut suffire et propose une méthode de travail pour tenter de dégager collectivement des solutions. « Je propose d’organiser, rapidement, dans les prochaines semaines, une session spéciale de l’Assemblée de Corse consacrée à cette question. Il faut prendre le temps de la préparer, de définir son contenu et un périmètre de réflexion, et d’impliquer le plus possible toutes les forces vives, d’abord les forces politiques qui ne sont pas représentées à l’Assemblée, mais aussi les syndicats, les associations et la société civile. L’idée est, d’abord, d’établir un diagnostic partagé, de réfléchir ensemble à la situation et, surtout, autant que possible, de parvenir à dégager des propositions opérationnelles, même si elles sont à minimà ». Le débat serait focalisé sur les dérives pré-mafieuses qui traversent la société corse, « d’abord pour libérer la parole et dire clairement les choses, ensuite pour identifier de façon précise les fonctionnements et les mécanismes, ou même les comportements qui laissent la place à ce type de dérives, enfin de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et réfléchir à ce que nous pouvons faire ensemble : les élus avec la société civile, et non les élus contre ou sans la société civile ».
 
Les leçons du passé
Des débats sur la violence, il y en a eu pléthore à l’Assemblée de Corse, et ils n’ont jamais servi à rien. Pas plus que la Commission Violence instaurée sous l’ère Giacobbi et sous la présidence de Dominiche Bucchini n’a, malgré une bonne volonté affichée et des travaux menés, changé les choses. Alors à quoi une session extraordinaire peut-elle servir ? « Il faut s’inspirer de ce qui n’a pas marché ou insuffisamment marché. La Commission Violence a eu le mérite d’exister. Elle n’a pas débouché sur des décisions très opérationnelles, c’est pour cela qu’il faut essayer de réfléchir à une meilleure efficacité. Si on se contente de faire un débat de plus où chacun donnera son analyse, plus ou moins rebattue, avec des déclinaisons creuses, plus ou moins opérationnelles, cela peut être contre-productif. A l’inverse, il ne peut y avoir d’efficacité si on ne corrèle pas l’action institutionnelle, qui est indispensable, avec l’action de la société civile qui l’est tout autant. Sans parler de l’Etat qui dispose des moyens régaliens, mais dont on ne sait pas comment il va les utiliser », commente Gilles Simeoni. Pour lui, comme pour une majorité d’élus, il faut agir. « On ne peut pas ignorer l’inquiétude forte de la société corse, ni celle qui émane de différents secteurs économiques. Il faut se servir de ce contexte, à la fois de mobilisation et d’inquiétude, pour essayer d’apporter des réponses à plusieurs niveaux : institutionnels, politiques… et tirer les leçons du passé ».
 
N.M.