Dieu que le temps passe. Les souvenirs remontent à la surface. Je me revois dans mon quartier, sur les quais, dans la cours de l’école Sampiero, nos aires de jeu, nos ballons à lacets dans des parties interminables. Fort heureusement, les ballons modernes sont arrivés avec, dans notre rue des Trois Marie, le président de l’ACA en personne, M. André Camoin, mon voisin, qui nous fournissait de ballons à peine usagés mais encore trop beaux pour nous. Dans son immense Versailles, il nous emmenait le dimanche au stade pour assister aux grandes rencontres entre l’ACA et les grands clubs nationaux, au bord du terrain où nous nous faisions petits pour suivre les rencontres dans la plus grande discrétion.
A l’Ours…
A l’ours ! A l’ours ! Le Diable est à ses trousses ! Qui se rappelle de ces interminables « monta sega » entre supporters des deux clubs phares de la cité impériale, surtout les veilles de match ? Au Claridge, place Abattucci, au Grisbi, rue Stephanopoli ou au bar « Chez Nous » dans la rue Bonaparte, les fiefs de nos clubs. L’envahissement du terrain était remplacé par celui des cafés de supporters et l’ambiance était alors saine et pleine de rigolades. Amis dans la vie, ennemis le dimanche jusqu’au coup de sifflet final. E basta, on n’en parlait encore deux trois jours durant et on passait à autre chose…Et surtout l’on chantait, à tue-tête le soir des matches : « ça nous fait de la peine, mais avant de jouer, allez vous entrainer, car vous êtes jeu- eu- nes !»
C’est loin tout ça, très loin, mais beaucoup d’entre nous se rappellent. Je me souviens d’un oncle portier au club qui nous faisait entrer gratuitement avec mes copains Tony, Francis, Dumè, Dédé etc…ou de cette histoire de ballon qui avait fini à la gare de Bastia ? Souvenez-vous des dégagements si puissant d’Antoine Federici, le gardien de but de l’ACA, qui dégageait si fort que le ballon, souvent, sortait des limités du stade, rebondissait sur la route nationale et retombait dans l’un des wagons du train qui était en train de passer aux Salines...
Certes, il y eut quelques envahissements de terrain, mais c’était de l’euphorie, en cas de victoire, en coupe ou en championnat, pour célébrer les heureux vainqueurs. Dès lors, les portes du stade s’ouvraient d’elles mêmes…
C’était il y a cinquante ans ! L’ACA en porte-drapeau de l’île toute entière, défiant les grandes équipes de notre enfance, les grands clubs qui allaient montrer plus tard le chemin de l’Europe : les frères Thétard, Albert Vannucci, Paul Pietri, Jean Marcialis et Etienne Sansonetti, Claude Peretti, Francis Berfini, Charles Segonne, Dominique Baratelli, Paul Bartoli, Philippe Carlini, César Lamonica et tant d’autres qui faisaient désormais partie de l’élite.
La bonne initiative
Cinq décennies, ça se fête et l’ACA a été bien inspiré de le faire, président en tête et anciens du club à ses côtés. Léon Luciani était présent mardi matin à la conférence de presse donnée au palais des congrès pour rappeler que la semaine allait être animée avant la rencontre contre Niort en championnat.
De Jean Lluis à Timizzolu
« Vendredi soir nous accueillerons Niort pour l’anniversaire de ces cinquante ans avec, à nos côtés, plus de 80 anciens joueurs ayant évolué à l’ACA qui vont retracer cette fameuse période 1966/1973. Nous avons fait le choix de couvrir la période car c’est une des pages de l’histoire du club les plus importantes. C’est vrai que l’accession dans le monde professionnel n’était pas chose simple à l’époque, d’y être et surtout de s’y maintenir et à l’époque, c’était encore plus difficile sans droits TV et autres recettes…Notre objectif était d’honorer tous ces gens qui ont permis à l’ACA, club vieux de 107 ans, de se maintenir au niveau de l’élite française quelques années durant. Lorsqu’on regarde ces images que vous avez là, autour de vous, on se rend compte que l’ACA a avancé avec l’urbanisation de la ville puisqu’à l’époque, nous avions déménagé du Jean Lluis au Timizzolu. ET aujourd’hui, la ville continue d’avancer et les immeubles sont aux porte de notre stade voire plus loin. »
Foot, culture et musée
« Le football a besoin de s’ouvrir à la culture » a lancé Léon Luciani au cours de la conférence de presse. Il avait Pierre Farel à ses côtés et tous les deux s’étaient posé la question de savoir comment marier ce football-passion avec la culture ?
Résultat, un tableau, une authentique toile déclinée en lithographies et en affiches et un anniversaire.
L’amalgame a été rapidement fait et les deux disciplines ont été rapprochées pour cela, pour toujours semble-t- il. En clair, le fil conducteur de cet anniversaire ? La peinture de Farel, le superbe tableau représentant un joueur et son maillot à rayures traditionnelles du club, en arrière plan le public parmi lequel, un spectateur insolite,
Napoléon Bonaparte. Joli clin d’œil !
Et Pierre Farel d’expliquer : « Lorsque Léon m’en a parlé, j’ai trouvé que l’idée de l’affiche était excellente. Ce que j’ai fait. Mais faire une affiche sur l’année 66 et plus rien après ? Pourquoi pas poursuivre, instaurer par exemple un concours d’affiches, ce ne sont pas les jeunes talents qui font défaut à Ajaccio. On prépare un concours, et tous les ans il y aura un jeune artiste, un jury de plusieurs personnes qui choisira le meilleur tableau afin que sa création devienne l’affiche de l’année en cours. A terme, ce qu’aurait dû faire la municipalité depuis plus de quarante ans, on expose les tableaux, on crée un musée sur l’événement 1966 au départ. Cela marie la culture, les arts et le sport. On peut le faire…»
Nous reviendrons bien entendu sur le programme complet de cette journée anniversaire de l’ACA.