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Un nouveau souffle pour l'Aiutu Studentinu : portrait de Rudy Pouly, celui qui remit l'asso sur les rails


Benjamin Bourgeois le Lundi 9 Décembre 2019 à 16:36

À Corte, on ne la présente plus, l’Aiutu Studentinu est une association qui se bat contre la précarité étudiante. Sa renommée au sein de l’Université repose sur un investissement et une dynamique exemplaire de la part de ses participants. Chacun se décide à y mettre du sien et, en retour, reçoit au moins autant qu’il a donné. Rudy Pouly, le président sortant, nous fait part de son expérience.



Un nouveau souffle pour l'Aiutu Studentinu : portrait de Rudy Pouly, celui qui remit l'asso sur les rails

“L’association m’a apporté plus que je n’ai apporté à l’association” avance-t-il, et l’on comprend à quel point ces paroles sont importantes pour lui lorsqu’on écoute son parcours associatif. Avoir une renommée n’empêche pas d’avoir des coups durs. Rien de plus vrai pour parler de l’Aiutu qui, avant d’être reprise en main par Rudy en mai 2017, galérait sur le plan financier comme sur le plan de l’effectif. “Le bureau précédent ne trouvait pas de membres, c’était une période instable. Il fallait recruter d’urgence. Disons que le bateau était un peu rouillé, alors j’ai remis un coup de peinture.” 

Le recrutement, Rudy l’envisage ainsi :”Il faut se constituer un noyau dur auquel on peut faire confiance, ensuite gravitent les satellites qui aident à leur façon. Ici tout est bon à prendre.” Il faisait alors passer des entrevues informelles avec les volontaires pour briser la glace. “Il faut établir des relations comme si c’était des relations de frères et soeur. Je tenais vraiment à ce qu’il y ait une atmosphère conviviale et une bonne ambiance dans les réunions, parce que si la synergie fonctionne, le résultat se voit dans la confiance qui s'établit avec les étudiants qui viennent chez nous. En tant que président, je ne cache pas qu’au début ça n’a pas été facile de déléguer. Faire confiance aux autres c’est d’abord faire confiance à soi-même. Le monde de l’associatif apporte beaucoup pour ça.”

 

En effet, l’Aiutu a permi à Rudy de s’épanouir, même si ça n’a pas été facile tous les jours. Lui qui était auparavant de nature “plutôt solitaire” il se confie: “J’ai appris à aller vers les autres. Dès mes débuts au sein de l’association, j’ai contacté les différents présidents des syndicats étudiants, le directeur du CROUS, la directrice du Casino, pour me faire connaître. Au fur et à mesure que nous faisions des événements les relations s'affirmaient. Il a fallu aussi que j’apprenne à m’affirmer et défendre les intérêts de l’asso plutôt que les intérêts personnels de chacun. Être membre d’une association implique des sacrifices. Il faut y consacrer beaucoup de temps libre au détriment du sport ou autre loisir. Surtout en tant que président.” Les responsabilité peuvent être une source de stress qu’il est important d’apprendre à gérer. “Les tâches sont variées dans une association, on apprend aussi à gérer les stocks de produits, à organiser des événements, à gérer un groupe et donc gérer les égos. Il faut respecter un cadre et ça peut nous mettre dans des situations délicates parfois.” 

 

Rudy, avec son équipe, s’est donc beaucoup investi pour remettre l’Aiutu sur pied. “Avant, l’asso avait la réputation d’être pour les étudiants internationaux. On a essayé de casser cette image là.” Maintenant l’association respire, elle s’est diversifiée et peut démarrer sur une nouvelle lancée. Après la rénovation du local effectué par le CROUS en partenariat avec l’Université, un nouveau local de stockage de produits pourrait être mis à leur disposition bientôt. Leur agenda est bien rempli d’événements à organiser, tels que les opérations caddies (pour obtenir des produits à distribuer) ou bien des “soirées pâtes” où l’association offre un repas à chaque étudiant qui se présente. La fréquentation a bien augmenté en trois ans, durant les permanences, une soixantaine de personnes différentes par semaine se rendent dans le local de l’association pour une limite de 10 articles par personne. Il existe aussi la possibilité d’ouvertures privées si l’étudiant a honte, parce qu’il existe un malaise chez certains étudiants qui viennent. “On essaie de combattre ce malaise. On établit une confiance entre étudiants, il y a une vraie proximité qu’on maintient avec la bonne ambiance. Nous avons des bénéficiaires qui deviennent bénévoles aussi, nous en avons même qui donnent lors de l’opération caddie. La solidarité est vraiment au rendez-vous.”

 

Après ces trois années Rudy passe le relais : “J’ai pu mettre les formes où je voulais, cette année l’asso est bien lancée, je peux partir tranquille”  Les membres recrutés sont très dynamiques, il y a bon espoir. C’est un enseignement autre que l’enseignement universitaire qui leur est transmis. “Il y a du monde mais bien entendu l’association recrute toujours !” Rudy est arrivé dans l’anonymat et décide de se retirer dans l’anonymat. Hormis quelques papiers à signer, il n’y a pas eu de cérémonie. “ J’ai gardé le bébé pendant deux ans et demi. Je passe le flambeau et me concentre sur mes études. Je veux être journaliste.” Une fois qu’il lui a donné un nouveau souffle, l’Aiutu continu sans lui. Si besoin, les permanences sont le Mardi et Jeudi de 18H à 19h30. Le prochain événement sera le Noël solidaire, en partenariat avec le CROUS, l’occasion pour les étudiants de profiter d’un repas et de se réunir.