
Trois ans et demi de travaux ont été nécessaires à Philippe et Julie Farinelli, les propriétaires du domaine, pour retaper la vieille maison de maître en hôtel de standing.
Philippe Farinelli ? « C’est le fantôme du domaine ! Il est à la fois partout et nulle part », plaisante son épouse Julie. Plus à l’aise pour produire du vin que pour répondre aux journalistes, le viticole sartenais a laissé sa moitié remplir l’office médiatique, et ce n’est que justice, tant Julie Farinelli s’est investie dans leur projet d’hôtel, qui vient de voir le jour après trois ans et demi de chantier. C’est donc madame qui évoque les aspirations de monsieur, et elles révèlent en creux une histoire de famille aussi belle que surprenante : « Quand mon mari s’est installé ici en 1998, son idée, ce n’était pas de faire du vin. C’était de faire revivre l’ensemble du domaine. Je l’ai rejoint un an plus tard et petit à petit, ensemble, on s’est attelé à la restauration du hameau, maison après maison, pierre après pierre. »
Des airs d’Afrique
Si Philippe Farinelli est autant attaché au domaine, c’est parce qu’il y a vécu enfant. Dans les années 70, sa grand-mère en hérite. Saparale ressemble à très peu de paysages connus en Corse et de nos jours, ses 54 hectares de vigne ouvrent sur un domaine immense de 1 000 hectares, qui repousse à bonne distance l’impressionnante muraille de Cagna. Dans les terres, en Corse, la montagne n’a pas pour habitude d’être tenue ainsi en respect, et quand on est au domaine, on pense avec insistance à la savane africaine, et à son horizon à perte de vue soudainement rompu par un énorme massif rocheux.
Si Philippe Farinelli est autant attaché au domaine, c’est parce qu’il y a vécu enfant. Dans les années 70, sa grand-mère en hérite. Saparale ressemble à très peu de paysages connus en Corse et de nos jours, ses 54 hectares de vigne ouvrent sur un domaine immense de 1 000 hectares, qui repousse à bonne distance l’impressionnante muraille de Cagna. Dans les terres, en Corse, la montagne n’a pas pour habitude d’être tenue ainsi en respect, et quand on est au domaine, on pense avec insistance à la savane africaine, et à son horizon à perte de vue soudainement rompu par un énorme massif rocheux.

En haut : le hameau de Saparale au début du XXe siècle. En bas : la maison de maître avant sa rénovation accomplie par Julie et Philippe Farinelli. PHOTOS DOMAINE DE SAPARALE
Et si, dans la quiétude de ce lieu hors du temps, on s’attend à tout moment à voir surgir un éléphant, ce n’est pas seulement parce que la nature a bien fait les choses. L’Afrique est historiquement liée à l’histoire de ce domaine qui, au XIXe siècle, appartenait à Philippe De Rocca Serra. Ce notable sartenais a quitté la Corse en 1845 pour faire fortune sur le continent africain, y exerçant les métiers d’avocat et de conseiller financier pour le compte de différentes familles. A son retour dans la vallée de l’Ortolo, il fait planter cent hectares de vigne, un verger d’agrumes et un palmier. Aujourd’hui, celui-ci a bien grandi, surplombant avec majesté un domaine viticole qui a pris pour emblème… un éléphant.
En ces années-là, les travailleurs affluent à Saparale, le domaine devient hameau et les autorités demandent même à Philippe De Rocca Serra de bien vouloir accueillir chez lui… la gendarmerie nationale. Aujourd’hui, ce bâtiment dépérit discrètement, subsistent quelques barreaux de cellules et la preuve, toujours inscrite en façade, de son occupation par les gendarmes jusqu’à la Première Guerre mondiale.
En ces années-là, les travailleurs affluent à Saparale, le domaine devient hameau et les autorités demandent même à Philippe De Rocca Serra de bien vouloir accueillir chez lui… la gendarmerie nationale. Aujourd’hui, ce bâtiment dépérit discrètement, subsistent quelques barreaux de cellules et la preuve, toujours inscrite en façade, de son occupation par les gendarmes jusqu’à la Première Guerre mondiale.

Le majestueux palmier ramené d'Afrique au XIXe siècle par Philippe De Rocca Serra continue de veiller sur le domaine de Saparale.
Vigne vierge et fontaine en pierre
Soixante ans plus tard, quand Jacqueline, la grand-mère de Philippe Farinelli, hérite du domaine, le vin fait partie de l’histoire ancienne, et bien des bâtiments du hameau sont en train de tomber en ruines. La faute au phylloxéra, puis à la Première Guerre mondiale, puis à la Deuxième. Le petit Philippe voit sa grand-mère replanter une trentaine d’hectares de vigne : le geste qui redonnera vie à un domaine moribond. « Pour Philippe, depuis le début c’était un projet global, se remémore Julie. L’idée, c’était de positionner le vignoble comme moteur pour le reste. Et c’est ce qui s’est passé. Grâce au vin, nous avons pu nous donner nos propres moyens pour rebâtir et restaurer. » En 2004, le couple réussit à retaper sa première bergerie, suivies de deux autres, transformées en gîtes. Au milieu de l’orangeraie, une piscine est construite. Sur le chemin pavé qui mène à la placette du hameau, les vieilles pierres ne font plus grise mine : la rénovation engagée par Julie et Philippe forme un ensemble bâti authentique, grignoté par endroits par de la vigne vierge, et agrémenté d’une jolie fontaine en pierre. On aperçoit des oliviers, mais aussi un magnolia, signe que le domaine continue de revendiquer sa part d’exotisme.
Soixante ans plus tard, quand Jacqueline, la grand-mère de Philippe Farinelli, hérite du domaine, le vin fait partie de l’histoire ancienne, et bien des bâtiments du hameau sont en train de tomber en ruines. La faute au phylloxéra, puis à la Première Guerre mondiale, puis à la Deuxième. Le petit Philippe voit sa grand-mère replanter une trentaine d’hectares de vigne : le geste qui redonnera vie à un domaine moribond. « Pour Philippe, depuis le début c’était un projet global, se remémore Julie. L’idée, c’était de positionner le vignoble comme moteur pour le reste. Et c’est ce qui s’est passé. Grâce au vin, nous avons pu nous donner nos propres moyens pour rebâtir et restaurer. » En 2004, le couple réussit à retaper sa première bergerie, suivies de deux autres, transformées en gîtes. Au milieu de l’orangeraie, une piscine est construite. Sur le chemin pavé qui mène à la placette du hameau, les vieilles pierres ne font plus grise mine : la rénovation engagée par Julie et Philippe forme un ensemble bâti authentique, grignoté par endroits par de la vigne vierge, et agrémenté d’une jolie fontaine en pierre. On aperçoit des oliviers, mais aussi un magnolia, signe que le domaine continue de revendiquer sa part d’exotisme.
Un bâtiment, le plus grand de tous, rappelle la Sicile avec son crépi jauni. Pas du tout, corrige Julie Farinelli : « Auparavant en Corse, les maisons de maître étaient enduites de chaux. C’était signe de richesse. » Le bâtiment en question, c’était la demeure de Philippe De Rocca Serra, dont les armoiries s’affichent toujours sur le fronton. Elle est flanquée d’une tour, « construite après coup pour que les servants desservent la cuisine sans passer par l’escalier principal, qui était réservé au propriétaire », explique la Sartenaise. D’où le nom « Casteddu », l’une des cuvées les plus réputées du domaine de Saparale. C’est ce batiment qui a nécessité trois ans et demi de travaux. Ses successeurs en ont fait un hôtel de standing, avec seize chambres et suites. La porte d’entrée en fer forgée ouvre sur une verrière immense. Dans les chambres, dont certaines avec vue sur la vigne, le plancher en chêne côtoie la tommette d’origine. L’aménagement intérieur, c’est le domaine de Julie Farinelli : « On a voulu utiliser des matériaux anciens pour respecter l’ambiance des lieux. On n’a pas fait non plus une déco XIXe siècle, parce qu’on ne voulait pas que ça fasse poussiéreux, brocante ou vintage. L’idée, c’était de rester dans une ambiance assez intemporelle. »
18 emplois créés
A quelques mètres, l’ancien chai a laissé place à un nouveau restaurant, ouvert à tous, Sopravigna. A sa tête, le chef Jérémy Viven, qui a travaillé au Grand Hôtel de Cala Rossa à Lecci, mais aussi au domaine voisin de Murtoli. En se dotant au même moment d’un hôtel et d’un restaurant, le domaine de Saparale s’ouvre à l’œunotourisme, créant la bagatelle de 18 emplois : « En Italie, en Afrique du sud ou en Italie, l’œunotourisme a le vent en poupe, souligne Julie Farinelli. En Corse, tout est à faire. Il y a une vraie carte à jouer. Nos vignbles sont très souvent au milieu de nulle part, dans des endroits magnifiques. Ca peut devenir une expérience incroyable. »
La visite du domaine s’achève et Philippe Farinelli vient nous saluer. Son rêve d’enfant vient-il de se réaliser ? « On a fait un grand pas », sourit-il. Pas si fuyant, timide simplement, le viticole sartenais nous conte cette anecdote : « Il y a quarante-cinq ans, deux jeunes Canadiens étaient venus faire les vendanges au domaine, ils sont tombés amoureux. Et ils sont revenus récemment ! Ils m’ont parlé de ma grand-mère. »
Le domaine de Saparale est situé dans la Vallée de l’Ortolo, à Sartène.
Contact : 04 95 10 74 58.
Domaine de Saparale : https://www.lesvinsdesaparale.com/
Le Hameau de Saparale : www.lehameaudesaparale.com
A quelques mètres, l’ancien chai a laissé place à un nouveau restaurant, ouvert à tous, Sopravigna. A sa tête, le chef Jérémy Viven, qui a travaillé au Grand Hôtel de Cala Rossa à Lecci, mais aussi au domaine voisin de Murtoli. En se dotant au même moment d’un hôtel et d’un restaurant, le domaine de Saparale s’ouvre à l’œunotourisme, créant la bagatelle de 18 emplois : « En Italie, en Afrique du sud ou en Italie, l’œunotourisme a le vent en poupe, souligne Julie Farinelli. En Corse, tout est à faire. Il y a une vraie carte à jouer. Nos vignbles sont très souvent au milieu de nulle part, dans des endroits magnifiques. Ca peut devenir une expérience incroyable. »
La visite du domaine s’achève et Philippe Farinelli vient nous saluer. Son rêve d’enfant vient-il de se réaliser ? « On a fait un grand pas », sourit-il. Pas si fuyant, timide simplement, le viticole sartenais nous conte cette anecdote : « Il y a quarante-cinq ans, deux jeunes Canadiens étaient venus faire les vendanges au domaine, ils sont tombés amoureux. Et ils sont revenus récemment ! Ils m’ont parlé de ma grand-mère. »
Le domaine de Saparale est situé dans la Vallée de l’Ortolo, à Sartène.
Contact : 04 95 10 74 58.
Domaine de Saparale : https://www.lesvinsdesaparale.com/
Le Hameau de Saparale : www.lehameaudesaparale.com