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Transports maritimes : Le préavis de grève illimitée met en cause la direction de la Méridionale


Nicole Mari le Jeudi 13 Juin 2019 à 12:57

Pour protester contre l’élimination de La Méridionale de la Délégation de service publique (DSP) qui assure la desserte maritime entre la Corse et le continent, les syndicats CGT, STC et CFTC ont déposé un préavis de grève illimitée à compter du 21 juin dans tous les ports de la continuité territoriale corse, les ports de Toulon et Nice et toutes les destinations où la compagnie officie. Ils mettent en cause leur direction et demandent l’arrêt de la procédure d’appel d’offres. Un rapport de l’Exécutif territorial dévoile les raisons de cette disqualification.



Transports maritimes : Le préavis de grève illimitée met en cause la direction de la Méridionale
C’était couru d’avance après la divulgation, la semaine dernière, du résultat du rapport final d’analyse de l’appel d’offres concernant la DSP transitoire de transport maritime de marchandises et de passagers entre la Corse et le continent sur la période allant du 1er octobre 2019 au 31 décembre 2020. Sur les lignes desservant les cinq ports corses, ne restaient, après l’élimination de Corsica Ferries, en lice que deux compagnies : Corsica Linea, en pôle position, et La Meridionale. Corsica Linea remporterait les lignes de Bastia, Ajaccio et Ile Rousse alors que La Méridionale n’est bien positionnée que sur Porto Vecchio. A partir de là, les choses se gâtent pour la compagnie du groupe Stef.
 
La mise en cause de La Méridionale
Dans un courrier remis en mains propres à Marc Reverchon, PDG de la Méridionale, les syndicats accusent leur compagnie de s’être « enfermée dans une stratégie qui nous a conduits à être écartés sur le fond et sur la forme de la DSP transitoire. D’après nos sources incontestables, vos responsabilités dans ce dossier sont pleines et entières. Par conséquence, nous appelons l’ensemble des salariés marins et sédentaires à cesser le travail à compter du 21 juin pour une durée de 24 heures reconductibles dans tous les ports de la continuité territoriale corse, ainsi que les ports de Toulon et Nice… ». Invoquant « le refus des OSP » (Obligation de service public), les syndicats demandent « l’arrêt de la procédure d’appel d’offres pour préserver l’intérêt général, et la sauvegarde des emplois directs et induits », également « la préparation d’une réponse commune pour les prochaines DSP entre La Meridionale et Corsica Linea… avec la garantie du maintien des 3 navires de la Méridionale et des 4 navires de Corsica Linea sur les 5 ports… avec un partenariat de ligne sur les ports principaux ». Ils réclament, enfin, « le maintien de la masse salariale, des équipes d’intervention, des acquis salariaux et sociaux… ».
 
Le rapport de l’Exécutif corse
Les sources incontestables proviennent en partie du rapport qui sera présenté devant l’Assemblée de Corse fin juin, et dans lequel l’Exécutif explique : « Sur Ajaccio, seule la compagnie Corsica Linea a été admise à la négociation, l’offre de la compagnie La Méridionale ayant été jugée non conforme aux exigences du Règlement de Consultation ». Contestant cette décision, La Méridionale a déposé un recours devant le Tribunal administratif de Bastia, qui a été rejeté le 17 mars. Elle a, donc, formé un pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat, en attente de jugement. Idem pour Propriano où le rapport précise : « L’offre de la compagnie La Méridionale ayant été regardée comme nouvelle et, par voie de conséquence, tardive car formulée postérieurement à la date limite de dépôt des offres. En outre, le navire Bithia sur lequel elle avait été adossée n’est pas substituable au navire Nova Star initialement proposé par le candidat ». Pour Bastia, La Méridionale a fait deux propositions : une avec le navire Stena Egeria et une avec le Kallisté. Sans pour autant convaincre la Commission d’appel d’offres qui conclut : « A l’issue des échanges, la compagnie n’est pas en mesure de garantir à compter du 1er octobre 2019 la maîtrise de l’outil naval nécessaire à l’exécution du service sur ce lot… La variante présentée avec le navire Kallisté lors du second tour des négociations n’a pas été remise dans l’offre finale ». Concernant la desserte de l’Île Rousse, l’offre, qui « ne prend pas en compte les 10 rotations supplémentaires », est également rejetée.
 
Pas assez de navires
Le rapport indique que, par courrier du 9 mai, La Méridionale a fait part de « l’impossibilité de disposer du Stena Egeria pour asseoir son offre », et a maintenu « l’offre variante adossée au Kallisté, présenté comme « rendu disponible après son éviction du lot n°1 (Ajaccio), ligne sur laquelle ce navire avait été initialement positionné ». Elle s’est engagée « dès lors qu’elle ne dispose actuellement pas de navire pour assurer la continuité du service au cours de l’arrêt technique obligatoire dont le Kallisté doit faire l’objet début 2020, sur « une caution financière appropriée à déterminer » pour « garantir ce point ». Egalement de circonscrire son offre de service aux seules rotations de base, sans les 15 rotations supplémentaires prévues ». L’arrêt technique obligatoire est programmé sur le Kallisté début 2020. Il implique une réduction pendant 4 semaines des rotations hebdomadaires sur les ports départementaux « Une telle réduction ne permet pas de garantir le nombre de rotations minimums exigibles », estime le rapport. Et de préciser : « Le candidat dépose une offre par ligne qu’il souhaite desservir. Il doit avoir la capacité de desservir toutes les lignes sur lesquelles il a fait une offre de base si elles lui étaient toutes attribuées ». La seule éclaircie en vue pour la Méridionale est l’annonce, toujours dans le rapport, de « l’infructuosité » des offres sur les lignes Porto Vecchio - Marseille et Propriano - Marseille, et, donc, la nécessité de relancer un nouvelle procédure d’appel d’offres. Elle pourra, de nouveau, se porter candidate à condition de disposer de deux navires.
Les syndicats attendent la réaction de leur direction et le résultat du débat qui aura lieu à l’Assemblée de Corse pour décider de la suite à donner à ce préavis de grève. Le vieux spectre du blocage des ports revient hanter la saison estivale…
 
N.M.