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Situation à l'aéroport Calvi-Balagne : le cri d'alarme de Claudine Orabona


Jean-Paul-Lottier le Lundi 1 Mars 2021 à 19:01

Dans une interview accordée à notre titre, Claudine Orabona, leader du Groupe "Anima Calvese" et conseillère municipale d'opposition, s'inquiète de la situation actuelle de l'aéroport Calvi-Balagne et appelle à la mobilisation des élus



Claudine Orabona leader de "Anima Calvese"
Claudine Orabona leader de "Anima Calvese"

Conseillère municipale de Calvi, leader du Groupe "Anima Calvese", avocate de profession, Claudine Orabona a souhaité s'exprimer sur la situation actuelle de l'aéroport Calvi-Balagne.

- Vous avez souhaité alerter l'opinion sur la situation de l'aéroport Calvi Sainte-Catherine, pour quelles raisons ?
- Il y a un an déjà, la liste Anima Calvese, que je menais, était malheureusement la seule lors de la campagne électorale municipale à s'exprimer sur ce sujet essentiel par la voix d'un colistier.
Si la pandémie mondiale a fortement impacté le monde de l'aviation et des compagnies aériennes et que notre aéroport ne fait pas exception, elle sert aussi de prétexte dans ce domaine comme dans d'autres pour prendre des décisions plus que contestables.
La desserte aérienne de la Balagne s'est fortement dégradée.
Nous sommes pourtant dans le cadre d'une obligation de service public, or, l'offre ne correspond plus aux besoins des habitants de la Balagne.

- Quelles sont ces décisions et leurs conséquences ?
- Depuis le début de l'année, les vols pour Marseille et Nice sont en escale-transit.
Pour faire simple, l'avion du matin pour Marseille part de Figari où il charge des passagers, s'arrête à Calvi pour y charger les passagers et rejoint Marseille.
Le processus est le même pour Nice sauf que l'avion part de Bastia.
Il résulte de ce choix que l'avion de Marseile, ne "dort" plus à Calvi et qu'il n'en part pas le matin.
A l'inverse il faut qu'il atterrisse en provenance de Figari, ce qui diminue en premier lieu le nombre de places proposées.
En second lieu, cela a généré un nombre important d'annulations et de déroutements.En effet, si un avion peut décoller quasiment par tous les temps, il ne peut pas atterrir par mauvaises conditions météorologiques.
Cette situation entraîne une perte de confiance compréhensible des usagers balanins qui de plus en plus nombreux choisissent d'embarquer à Poretta surtout lorsqu'ils effectuent des déplacements professionnels ou, plus grave encore, ont des rendez-vous médicaux.

- Que craignez-vous ?
- Je ne souhaite pas que la prochaine étape consiste à nous dire que faute de demande, l'aéroport de Calvi-Balagne ne sera plus desservi hors période touristique.
L'activité de l'aéroport, génère des centaines d'emplois directs.
Depuis sa création en 1956, il est un atout majeur pour l'étalement de la saison touristique et la continuité de l'activité économique que nous appelons de nos vœux.
Notre aéroport est également essentiel pour notre qualité de vie, celle de nos malades qui ont besoin de partir se faire soigner sur le continent, et celle de nos actifs dont les professions les conduisent à se déplacer.
Or, cette activité qui est en décroissance depuis des années en raison d'horaires peu attractifs, vient de subir une baisse spectaculaire en raison du choix désastreux du procédé escale transit, au profit d'autres aéroports dont l'activité est en constante augmentation.
Il y a une époque à Calvi, Jean-Toussaint Gugliemacci, avait fait de l'aéroport son cheval de bataille, et comme élu consulaire et politique, n'a cessé de le promouvoir et de défendre son développement.
Aujourd'hui, force est de constater que personne n'a repris le flambeau.
Actuellement, des Balanins, devant subir des opérations et des traitements lourds comme des chimiothérapies sont contraints d'effectuer des trajets en bus de plus de trois heures pour rejoindre Poretta, souvent dans la même journée.
Il n'est pas acceptable qu'un usager n'ait pas l'assurance à l'achat d'un billet de partir de Calvi.

- Y a t-il des solutions ?
-En premier lieu, souhaiter que les élus de Balagne se mobilisent et dénoncent cette situation.
En second lieu, nous sommes en droit, d'espérer que ceux de la Collectivité de Corse prennent conscience de la situation et réagissent.
L'approche des territoriales ne doit pas nous conduire à taire cette réalité catastrophique.
Les communautés de communes de Balagne  doivent se saisir de cette question et interpeller les responsables publics et privés afin que tout soit mis en œuvre pour renverser la logique mortifère qui l'emporte jusqu'à aujourd'hui.
La communauté de communes du Sud-Corse a d'ailleurs récemment adopté une motion dénonçant l'escale-transit pour obtenir sa suppression pour l'aéroport de Figari.
Sans mobilisation, nous assisterons impuissants à la disparition de fait de cette infrastructure dont nous bénéficions depuis plusieurs générations et qui répond aux normes aéronautiques européennes les plus récentes et les plus strictes sur le plan des équipements et de la sécurité, ayant obtenu son accréditation en ce domaine ainsi que la presse s'est était fait l'écho en février 2018.
 Après avoir perdu son port de commerce, Calvi doit-elle perdre son aéroport, et avec elle toutes les communes de Balagne ? Je réponds par la négative.