À quelques semaines de l’ouverture de la haute saison touristique, Santa Giulia s’offre une mise en lumière de prestige. La plage emblématique de Porto-Vecchio vient d’être classée parmi les 50 plus belles au monde par The World’s 50 Best Beaches, à la 46e place très exactement. Une reconnaissance internationale qui souligne, selon les auteurs du classement, « l’équilibre rare entre beauté naturelle et accessibilité » du site.
Ce classement, largement repris par Forbes, le Daily Mail ou encore The Times, s’appuie sur les votes de plus de 1 000 professionnels du tourisme – influenceurs spécialisés, journalistes, photographes, agents de voyage – choisis pour leur connaissance approfondie des littoraux mondiaux. Huit critères sont pris en compte : de l’unicité du lieu à l’état de la faune et de la flore, en passant par l’absence de surfréquentation, la facilité d’accès à l’eau ou encore l’environnement sonore naturel.
C’est cependant une plage sarde, Cala Goloritzè, qui occupe cette année la première place du classement. Et la raison ne tient pas uniquement à sa beauté « à couper le souffle ». La commune de Baunei, dont dépend le site, a mis en place depuis 2016 un système de régulation des accès : 250 visiteurs par jour, réservation obligatoire, ticket à 7 euros destiné à l’entretien du sentier et à la préservation de l’écosystème. Un choix assumé, salué comme exemplaire dans le rapport. « La conservation environnementale a été un facteur majeur dans l’établissement du classement », précise d’ailleurs Tine Holst, cofondatrice de The World’s 50 Best Beaches, à Forbes.
En Corse, où le tourisme représente un pilier de l’économie, cette distinction peut susciter à la fois de la fierté… et une certaine réflexion. Santa Giulia, très prisée des estivants, est aussi régulièrement pointée pour sa forte fréquentation en saison. L’équilibre entre attractivité touristique et préservation de l’environnement reste ici fragile, comme sur d'autres sites de l’île, qui concentrent une part importante des flux touristiques. Pourtant, le site dispose d’atouts indéniables : « une lagune unique, des eaux calmes, une végétation endémique, et un équilibre rare entre nature et équipements », note le jury du classement.
Face aux risques de surfréquentation, plusieurs destinations comme la Sardaigne, les Baleares ou encore la Croatie ont déjà mis en place des quotas journaliers ou des restrictions d’accès à certaines plages. En Corse, quelques démarches s’inscrivent dans cette logique. Depuis 2021, les îles Lavezzi, classées Natura 2000, font l’objet d’une régulation de la fréquentation. L’Agence du Tourisme de la Corse porte par ailleurs le label « Rispettu », visant à sensibiliser au tourisme responsable, tandis que la Collectivité entend obtenir le label international « Green Destinations ». Pour l’heure, cependant, aucune mesure de limitation d’accès n’est appliquée sur les plages les plus fréquentées de l’île. Et si, demain, ces sites emblématiques s’inspiraient des modèles méditerranéens voisins pour garantir leur préservation à long terme ? A l'heures où la préservation de l’environnement s’impose comme une priorité et où le tourisme se veut plus responsable, la question mérite d’être posée.