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SNCM : Soutien du Front de Gauche et de la CGT à Bastia


Nicole Mari le Mardi 25 Novembre 2014 à 23:40

Le tribunal de commerce de Marseille, qui devait se prononcer mardi, sur l’avenir de la SNCM, a décidé de renvoyer sa décision en délibéré à vendredi, le temps d’examiner les conclusions du juge enquêteur. Celui-ci affirme la réalité de la cessation de paiement et prône un délai d’observation allant jusqu’à six mois avant de trancher entre la liquidation ou le redressement judiciaire. Ce mercredi, le tribunal de grande instance de Nanterre examinera un recours contre le dépôt de bilan. A Bastia, le parti communiste et la CGT ont organisé un rassemblement de protestation et de soutien aux personnels de la SNCM devant les locaux bastiais de la compagnie. Explications conjointes, pour Corse Net Infos, de Michel Stefani, conseiller territorial du Front de Gauche, et celles, en vidéo, d’Antoine Mandrichi, membre de la CGT Haute-Corse.



Rassemblement PC-CGT devant le siège de la SNCM à Bastia.
Rassemblement PC-CGT devant le siège de la SNCM à Bastia.
- Pourquoi ce rassemblement aujourd’hui ?
- Le juge enquêteur, mandaté par le tribunal de commerce de Marseille pour s’assurer de l’honnêteté des dirigeants de la SNCM dans la procédure qu’ils ont engagée, a remis son rapport. Le tribunal de commerce de Marseille a souhaité prolonger sa réflexion sur les suites à donner aux conclusions de cet enquêteur.
 
- Quelles sont ces conclusions ?
- Je n’ai pas encore lu le rapport. Mais, l’enquêteur reconnaît la cessation de paiement. Il recommande la période d’observation la plus longue, à savoir six mois. C’est ce que demandent, aussi, les salariés !
 
- Quelles sont les conséquences de la cessation de paiement ?
- Les conséquences, c’est la période d’observation que nous souhaitons. Il peut y en avoir d’autres, comme le dépôt de bilan et la liquidation.
 
- La période d’observation servira-t-elle à trouver un repreneur ?
- Elle doit permettre de stabiliser l’entreprise, de la mettre véritablement sous protection… c’est le terme qui a été employé ! Et de créer les conditions pour que son activité se poursuive.
 
- Quelles sont ces conditions ?
- Si tel est le cas, il faut que, d’une part, les actionnaires, Transdev et Veolia, jouent leur rôle et, d’autre part, le gouvernement reprenne la main pour éviter que ce scandale ne s’éternise. C’est véritablement un scandale d’Etat ! Il faut prendre la décision de régulariser la participation de la Caisse des dépôts et consignations au capital de la SNCM. Dans le même temps, il faut faire en sorte que l’attribution de la Délégation de service public (DSP) au groupement CMN-SNCM ne soit pas remise en cause au bénéfice des low costs.
 
- Avec Transdev qui réclame le remboursement de la dette, la poursuite de l’activité n’est-elle pas, de toute façon, compromise ?
- Si Transdev met effectivement ses menaces à exécution, nous serons dans une situation où les actionnaires principaux de la compagnie, la Caisse des dépôts et consignations et l’Etat liquideraient la SNCM !
 
- L’Office des transports de la Corse (OTC) anticipe déjà la grève en louant 15000 € par jour un cargo en attente dans le port de Marseille. Que vous inspire cette décision ?
- Je pense que cette mesure est, d’abord, coûteuse pour l’OTC. Ensuite, elle rentre dans la panoplie des mesures coercitives pour obtenir des salariés qu’ils acceptent tout bonnement et tout simplement d’être mis à la porte de leur entreprise et de perdre leur emploi. Je trouve que cette façon de procéder ne correspond pas à ce que devrait être le positionnement d’une majorité régionale de gauche.
 
- L’Exécutif corse, qui demande le remboursement des aides à la SNCM, est-il, pour vous, complice de Transdev et veut-il la liquidation de la compagnie ?
- Si tout le monde se précipite pour faire valoir ses créances, y compris la Collectivité territoriale de Corse, cela ne peut, en effet, qu’accélérer le processus de liquidation. A ce moment-là, on crée les conditions pour que le tribunal de commerce procède à la vente à la découpe, au dépeçage de la SNCM ! Si c’est ce que l’on veut, il faut le dire clairement ! Nous, nous sommes totalement opposés à ce scénario !
 
- Si, vendredi, le tribunal de commerce décide la cessation, que va-t-il se passer ?
- Après le constat de l’état de cessation de paiement, il y a plusieurs possibilités dont celle de la mise en observation pour six mois. La SNCM dispose, à ce jour, d’une trésorerie qui peut l’amener jusqu’au mois de janvier. Si l’on y ajoute quatre autres mois, il faut que les actionnaires, Veolia-Transdev, et l’Etat fassent le reste de façon à créer les conditions d’un scénario de redémarrage de la compagnie.
 
- La Corse doit-elle craindre une nouvelle grève dans les jours ou les semaines à-venir ?
- Si on s’emploie à provoquer les salariés, il faut comprendre aussi qu’ils ne se laisseront pas faire. C’est eux qui vont perdre leur emploi !
 
Propos recueillis par Nicole MARI
 

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Michel Stefani, conseiller territorial du Front de Gauche, membre du Parti communiste.
Michel Stefani, conseiller territorial du Front de Gauche, membre du Parti communiste.