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Rénovation des canalisations d'eau entre Pietranera et Miomo : exaspération et embouteillages à venir


David Ravier le Mercredi 20 Septembre 2023 à 09:20

Les habitants du Cap Corse s'apprêtent à vivre une période de désagréments majeurs avec le démarrage des travaux de rénovation des canalisations d'eau entre Miomo et Pietranera, prévus pour début novembre. Ce chantier s'étirera sur plus de deux ans, mais c'est l'impact potentiel sur la circulation qui préoccupe le plus les résidents



Gilbert Giannelli, le porte-parole du collectif des commerçants, artisans et usagers du Cap Corse.
Gilbert Giannelli, le porte-parole du collectif des commerçants, artisans et usagers du Cap Corse.
À peine annoncé que déjà, le projet suscite des inquiétudes. Début novembre, des travaux de rénovation des canalisations auront lieu dans le Cap Corse, entre Miomo et Pietranera, afin de remplacer les tuyaux de 150mm, vieux d’un demi-siècle, fait dans un mélange de fibre de ciment et d’amiante, par des canalisations en fonte de 300mm. D’une durée de deux ans et demi, cette rénovation permettra de changer 3 000 mètres de voirie et améliorera le réseau d’Acqua Publica, la régie chargée de la distribution et de la gestion de l’eau potable dans la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB).

Des embouteillages en perspective

Pourtant, ce n’est pas l’amélioration de la qualité du réseau d’eau potable qui suscite la colère des habitants du Cap, mais plutôt les embouteillages qui en découleront. Par deux fois dans le passé, lors des travaux d’enfouissement des câbles électriques en 2017 et le changement de l’éclairage public en 2019, la circulation était devenue chaotique sur la route départementale 80, l’unique voie d’accès de la partie orientale du Cap Corse, emprunté quotidiennement par 18 000 véhicules.
À l’époque, commerçants et automobilistes avaient dû prendre leur mal en patience face à la circulation alternée. Cette fois-ci, Gilbert Giannelli, le porte-parole du collectif des commerçants, artisans et usagers du Cap Corse et gérant du Mr. Bricolage de Palagaccio, entend bien se passer de ces désagréments, qui avait créé un manque à gagner de 700 000€ pour son enseigne. « Une fois de plus, nous sommes mis devant le fait accompli. Ces travaux priveront les commerces d’une grande partie de leur fréquentation. De plus, il ne faut pas oublier que nous devons nous organiser dans nos commandes. Là, aucun commerçant du Cap Corse n’a pas pu préparer ou régler la gestion de son magasin en prévision de la baisse de fréquentation », déplore  Gilbert Giannelli.

 

Selon lui, la nouvelle salve de travaux amputera le chiffre d’affaires des commerçants de 20 à 30%. D’autant que les enjeux pour les commerçants ne sont plus les mêmes qu’en 2017; entretemps, la Covid est passée par là et certaines enseignes ont débuté cette année le remboursement du prêt garanti par l’État. Ajoutez à cela une mauvaise communication de la part de la CAB qui n’a pas prévenu les commerçants en amont, des conditions économiques délétères à cause de l’inflation qui s’éternise, et vous obtenez le cocktail parfait pour une catastrophe assurée. « Les commerces de proximité comme les boulangeries perdront des clients fidèles à cause de ces embouteillages, parce que les gens modifieront leurs habitudes pour ne pas être bloqués par les travaux. Pareil pour les restaurateurs, qui ont du personnel à payer, des charges à régler, c’est invivable. C’est ça, la vraie conséquence de ces travaux », déplore le porte-parole du collectif.

 

Pour ce nouveau chantier, la circulation devrait se faire manuellement plutôt qu’avec des feux de circulation, afin de fluidifier au mieux le trafic qui s’effectuera sur une voie. Il n’empêche, pour Gilbert Giannelli, « ils ne tiennent pas compte du flux matinal de voitures, des retours à domicile pour le déjeuner, ni du reflux le soir, ce qui engendrera des embouteillages monstrueux » aussi bien dans le Cap Corse que dans le nord de Bastia. Un des autres sujets que déplore le collectif des commerçants, artisans et usagers du Cap Corse, ce sont les horaires de travailleurs, qui ne seraient pas selon eux adaptés pour optimiser la vie des automobilistes et des riverains. « Ils coupent une route, 24 heures sur 24h 7 jours sur 7, pour sept heures de travail sur cinq jours de la semaine. Pou montrer qu’ils respectent les usagers du Cap Corse, ils doivent au moins faire l’effort de restreindre au maximum la durée des travaux », demande-t-il.



Une réunion publique d’information 


Pour le porte-parole du collectif, l’idéal serait que les entreprises chargées de ce chantier aient les moyens de travailler avec trois roulements de huit heures en continu — ce qui impose donc un travail de nuit — si certaines opérations ne provoquent pas de nuisances sonores, afin de réduire au maximum la durée du chantier. « L’accélération des travaux faisait partie de nos revendications il y a quelques années, et nous avions regretté que cela n’ait pas été pris en compte dès l’établissement du cahier des charges, indique le porte-parole du collectif. Nous avons constaté les dégâts que cela avait occasionnés sur la vie des usagers et des commerçants, et nous ne voulons pas que cela recommence. Il faut absolument que Pierre Savelli et les dirigeants d’Acqua Publica prennent en considération la durée des travaux et qu’ils mettent des moyens pour la diminuer au maximum ».
Le collectif souhaiterait qu’une réunion publique soit organisée par la régie de l’eau afin que les riverains, automobilistes et commerçants puissent être informés des désagréments à venir et trouver des solutions qui perturbent le moins possible la traversée la route départementale 80 qui dessert du Cap Corse durant les travaux.