Corse Net Infos - Pure player corse

Rachat de Corse-Matin : les salariés veulent connaître "la nature des projets de reprise"


La rédaction le Jeudi 27 Janvier 2022 à 14:59

Trois mois après le lancement de la procédure de rachat du groupe La Provence dont Corse-Matin est une filiale, les plis des deux offres déposées au tribunal de Bobigny par la CMA CGM présidée par Rodolphe Saadé et NJJ, la holding de Xavier Niel, n'on pas encore été ouverts et ce statu quo inquiète les 200 salariés du quotidien corse qui "ont besoin de savoir quelle est la nature de ces projets de reprise" et quel développement ils proposent pour l'avenir du titre et des emplois.


L'opacité qui règne autour de cette affaire, certes juridiquement complexe, est très suspecte pour les organisations syndicales FO et CGT qui s'interrogent également sur les motivations qui ont conduit le ministère public à la nomination d’un second liquidateur, alors même que la procédure engagée d’appel d’offre n’a toujours pas suivi son cours et se trouve retardée sans raisons apparentes.

Les salariés qui n'ont pas accès aux offres, ni au calendrier des procédures, craignent pour leur avenir et demandent des informations précises, concrètes et complètes, sur le processus de cession

Voici leurs communiqués



Le communiqué de FO et CGT

Rachat de Corse-Matin : les salariés veulent connaître "la nature des projets de reprise"
 
 Les organisations syndicales signataires alertent quant à leur vive inquiétude dans le déroulé de la procédure d’appel d’offre visant à la reprise des titres de presse détenus par le groupe « LA PROVENCE » dont Corse Matin est filiale. Deux candidats (NJJ détenue par Mr Xavier Niel et CMA CGM détenue par Mr Rodolphe Saadé) ont répondu à cette procédure et déposé leurs offres respectives auprès du tribunal de Bobigny le 30 novembre dernier. Or, ces documents dont l’ouverture était prévue initialement en décembre 2021, ne sont à ce jour toujours par ouvertes. Le retard pris met aujourd’hui en péril l’avenir de deux titres de presse régionale (Corse Matin et La Provence) confrontés à de grandes difficultés économiques et menace le devenir des 850 emplois qui en dépendent dont 200 en Corse. 
Outre cette situation inacceptable, l’opacité qui règne autour de cette affaire (aucune communication de la part des instances juridiques aux CSE, aucune communication à l’endroit du mandataire financier de La Provence ni aux dirigeants du groupe, en toute contradiction avec les règles de droit) devient suspecte. 
Nous nous interrogeons quant aux motivations qui conduisent aujourd’hui le tribunal de Bobigny à retarder l’ouverture de ces offres, alors même que l’avenir des emplois sur Marseille et sur la Corse en dépendent. Nous nous interrogeons également sur les motivations qui conduisent le ministère public à la nomination d’un second liquidateur, alors même que la procédure engagée d’appel d’offre n’a toujours pas suivi son cours et se trouve retardée sans raisons apparentes. 
Nous ne souhaiterions pas découvrir qu’un lobbying aurait été exercé, tendant à favoriser un poids lourd de la finance par rapport à un autre, au mépris des intérêts des salariés, des règles de droit et de la pérennité des deux titres concernés. La nomination d’un second liquidateur s’accompagne de rumeurs laissant entendre qu’un second appel d’offre en lieu et place du premier, pourrait découler de cette nomination, et écarter le volet social et économique des projets déposés par les candidats, pour ne retenir en priorité (ou exclusivité) que le montant de cession des parts. Sans préjuger la véracité ou non de ces rumeurs, nous tenons d’ores et déjà à préciser que si cela devait se vérifier, nous serions alors, sur le fond comme sur la forme, face à un véritable scandale social, démocratique et juridique qui dépasserait largement le cadre du groupe la Provence ! 
Les organisations syndicales signataires n’entendraient pas rester silencieuses en pareil cas. A l’heure d’un débat national sur la concentration des médias et la liberté de la presse en France, à celle également où la classe politique, les dirigeants, nombre d’organisations de la société civile et les candidats à l’élection présidentielle, ne cessent de prôner et se prévaloir de transparence, des valeurs de la France et de la justice sociale, nous demandons que la juridiction en charge du dossier mette définitivement fin à l’absence de lisibilité pour les salariés et aux incohérences constatées. 
Nous demandons que l’avenir de 850 emplois et la pérennité de deux titres fondamentaux de la presse régionale, demeurent la préoccupation première de tous et ne puisse en aucun cas, ce que nous n’osons même pas envisager, être dévoyer au profit de réseaux d’influence dans des cercles politico-financiers ! 
Aussi, nous demandons une nouvelle fois que soient ouvertes les offres telles que déposées au tribunal de Bobigny, que la procédure en cours parvienne dans les plus brefs délais à son terme dans le respect des règles de droits et les consultations prévues des instances représentatives du personnel tel que dicté par la loi. 
Nous souhaitons, il va de soi, que le volet économique et social offrant les meilleures perspectives en matière de maintien des emplois de toutes les entreprises que compte le groupe La Provence entre Marseille et la Corse, ainsi que le développement à venir des deux titres concernés, demeurent bien la préoccupation première qui motivera le choix du tribunal chargé de désigner un repreneur. 
Nous nous réservons le droit, par tous les moyens qui seront à notre disposition, d’ester en justice dans le cas où nous serions au regret de constater que les intérêts des salariés et des entreprises auraient été sacrifiés sur l’autel de considérations peu vertueuses. 
Les représentants du personnel FO et CGT Corse Presse, Corse Distribution et Corse Matin Publicité, 
Les élus FO Eurosud Provence, 
Les élus FO Sud Presse Distribution.

Le communiqué des élus du CSE de Corse-Presse et les délégués syndicaux SNJ et STC

Des représentants du personnel des trois sociétés de Corse-Matin (Corse-Presse, Corse Distribution, Corse- Matin Publicité) se sont déplacés, ce lundi 24 janvier à Marseille, pour, aux côtés de leurs collègues de La Provence, d'Eurosud et de la Société de portage et de distribution, échanger avec le mandataire de La Provence sur les démarches qu'il a entreprises.
Malheureusement, de nombreuses questions restent sans réponse à commencer par l'absence de date concernant l'ouverture des deux offres de reprise du groupe La Provence par le tribunal de commerce de Bobigny.
Nous le déplorons car les salariés de Corse-Matin et de La Provence attendent de savoir quelle est la nature de ces projets de reprise et donc de savoir quelles bases de développement ils proposent pour l'avenir de nos titres, de nos outils de travail, de nos métiers et de nos emplois : journalistes, imprimeurs, commerciaux, administratifs, titulaires et non-titulaires.
Nous réclamons de connaître le calendrier du processus de reprise et une ouverture rapide des offres et bien sûr, comme le stipule le Code du Travail comme le Code du commerce, que nos CSE soient informés et consultés. Cette information est une obligation fixée par la loi et constitue un préalable à la mise en oeuvre du projet de reprise lui-même.
C'est pour que ce principe fondamental soit respecté que les élus du CSE de Corse-Presse ont mandaté un avocat qui a déposé des conclusions, début janvier, auprès du tribunal de commerce de Bobigny et qu'ils ont voté à l'unanimité une délibération ce lundi.
Ils demandent que soit organisée sans délai une réunion extraordinaire leur communiquant des informations précises, concrètes et complètes, sur le processus de cession (modalités de formalisation des offres d’acquisition, modalités de consultation des personnels, calendrier, offres déposées, etc.) et, en premier lieu, sur ses conséquences sociales.
Les élus du CSE de Corse-Presse ont, au nom de la défense des droits des salariés de Corse-Matin, déjà saisi la justice et continueront, si nécessaire, à engager des actions devant des juridictions, quelles qu'elles soient, pour obtenir la transmission d'informations sur les modalités de formalisation des offres, des offres de reprise, et de toutes pièces considérées comme indispensables à la préservation des intérêts du personnel.
Les élus de Corse-Presse étaient, lundi, unis, aux côtés de leurs collègues de La Provence lors de cette réunion extraordinaire des six CSE, et le seront de nouveau, ce mercredi, à l'occasion de l'assemblée générale qu'ils organisent à Marseille, pour d'une même voix, exiger que soient respectés le droit des salariés à connaître l'avenir qu'on leur propose et à se prononcer sur celui-ci.
L'avis des salariés compte et il doit être pris en compte ! Il ne saurait en être autrement.