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Obligation vaccinale pour les pompiers : "après 34 ans de loyaux services, je risque de me retrouver sous un pont"


Livia Santana le Mardi 14 Septembre 2021 à 18:07

A partir du 15 septembre, les soldats du feu qui n'auront pas entamé les démarches pour se faire vacciner contre la Covid-19 seront suspendus. Une perspective qui ne réjouit pas les syndicats qui montent au créneau pour dénoncer une mesure qui réduira les effectifs notamment dans les casernes du rural où les sapeurs pompiers volontaires, opposés à cette obligation, sont largement majoritaires .



Photo : Michel Luccioni
Photo : Michel Luccioni
A partir du 15 septembre, les sapeurs-pompiers qu'ils soient professionnels ou volontaires devront à l'image des personnels d'Ehpad, des soignants ou des aides à domicile, avoir reçu au moins une dose du vaccin pour pouvoir continuer à exercer leur profession. Un mois plus tard, le 15 octobre, ils auront à justifier un schéma vaccinal complet, sans quoi ils seront suspendus. A la veille de la date butoir, la Haute-Corse enregistre 91% de pompiers professionnels vaccinés et 85% pour les volontaires. "Seuls 7 pro n'ont pas reçu d'injection", assure le colonel Pierre Pieri, directeur au sein du service d'incendie et de secours de la Haute-Corse.
Dans le Sud, les chiffres se rapprochent plutôt de la moyenne nationale avec 75% des pompiers professionnels et volontaires vaccinés. Pour les 25% restants, le colonel Christophe Frerson, directeur du SIS2A prône l'accompagnement : "Nous  facilitons l’accès, la prise de rendez-vous pour ceux qui voudraient franchir le pas."

Si certains le franchisse Pierre*,lui, refuse la politique vaccinale. Ce sous-officier de garde qui exerce dans une caserne de plaine orientale a décidé de ne "pas se soumettre".

"Dès mars 2020 nous étions en première ligne contre le Covid. Nous n'avions pas de masques, pas de tenues mais le gouvernement ne s’en inquiétait pas. Nous n'avons pas eu de prime Covid car nous n'étions pas considérés comme des soignants mais comme de simples transporteurs. A présent, on nous dit que nous sommes comme des soignants donc on nous impose la vaccination. Je ne suis pas une marionnette, ce n'est pas un décret de décider pour moi, regrette Pierre avant de conclure après 34 ans de loyaux services, je risque de me retrouver sous un pont".
Il a débuté ce lundi 13 septembre un congé maladie qu'il espère terminer lorsque "cette loi tombera".

Dans la même caserne de plaine orientale composée d'une quinzaine de pompiers professionnels et d'une trentaine de volontaires, ils seraient 3 professionnels et une quinzaine de volontaires à s'opposer radicalement à la vaccination. 

Comme eux, de nombreux sapeurs-pompiers ont pris position sur les réseaux sociaux pour s'indigner : "à partir du 15 septembre, je prendrai ma dernière garde, parce que je ne me soumettrai pas à la pression inhumaine qu'on nous met", écrit ce jeudi 9 septembre Tom Ponteri, volontaire depuis 10 ans en Haute-Corse.

De leur côté le STC et la CGT craignent de grosses répercussions sur les effectifs des casernes du rural. Celles-ci, majoritairement constituées de volontaires pourraient voir leur personnel diminuer fortement dans les prochaines semaines. "Les jours où ils ne seront pas assez pour assurer des gardes, le préfet devra fermer des casernes. Est-ce que nous voulons en arriver là ?", s'inquiète Fabrice Riolacci délégué CGT au SIS 2B. Même questionnement pour Lucien Rossini, secrétaire national au syndicat des travailleurs corses (STC) pour le secteur sapeurs-pompiers qui dénonce une décision prise "dans la précipitation et sans consultation".

Les colonels des deux service d'incendie et de secours insulaires ont, déjà, anticipé l'éventuel manque d'effectifs. "On s’adaptera pour maintenir l’activité. On pourra faire appel aux autres casernes au besoin, lance le colonel Christophe Frerson.

*Le prénom a été modifié.