Les collectifs Massimu Susini et Maffia No – A vita iè appellent à manifester ce samedi 9 mars à Ajaccio contre la mafia et l’emprise du crime organisé en Corse. Avec un mot d’ordre sans ambiguïté – « Assassini, maffiosi, fora » – et une banderole en guise d’avertissement – « A maffia tomba, u silenziu dinò » –, les organisateurs espèrent une mobilisation d’ampleur. Mais si la société civile répond présente, la classe politique, elle, semble hésitante.
A l'heure où nous écrivons cet article, seuls le PCF de Corse, La France Insoumise, Inseme à Manca, A Mance et Ecologia Sulidaria ont officiellement appelé à rejoindre la marche.
Le mouvement indépendantiste Nazione a, pour sa part, annoncé son absence. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi matin, le parti a expliqué son refus en raison des revendications portées par les collectifs anti-mafia, notamment la création de législations et juridictions d’exception, auxquelles les nationalistes se sont toujours opposés.
Pour l’heure, aucun autre parti nationaliste ou de droite n’a exprimé de soutien à cette marche. « On peut observer une certaine gêne chez plusieurs partis politiques », note Jean-Toussaint Plasenzotti, du collectif Massimu Susini, avant d’insister : « Pourtant l'idée de cette marche est ’est simple, c’est dire les assassins, les mafieux, on n’en veut pas, c’est ça le message. »
Un parcours symbolique et des prises de parole
Le cortège partira à 14 heures de la place de la Gare. Il remontera le cours Napoléon, où un premier arrêt est prévu devant la préfecture pour deux prises de parole. La marche se poursuivra ensuite par l’avenue Eugène Macchini, le boulevard Pascal Rossini (front de mer), un passage devant le lycée Fesch et le cours Grandval, avant une seconde halte devant l’Assemblée de Corse, où de nouveaux discours seront prononcés. Les organisateurs précisent que les citoyens défileront uniquement derrière les banderoles prévues, sans autre signe distinctif. La manifestation s’achèvera par une performance artistique devant la Collectivité de Corse.
Un mouvement qui prend de l’ampleur
Si les formations politiques restent en retrait, plusieurs collectifs et associations ont répondu à l’appel. Parmi eux, la coordination Corsica Pulita, qui regroupe 17 associations, ainsi que le Cullettivu di a Difensa di a Muntagna Rucchisgiana. La liste complète des soutiens sera dévoilée publiquement d’ici samedi.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte où la parole se libère face au phénomène mafieux. Jean-Philippe Navarre, procureur de la République, voit dans la manifestation de ce samedi à Ajaccio un symbole de l’évolution en cours en Corse. Lors du premier colloque anti-mafia à Cargèse, il a souligné que « longtemps, il y avait une forme de caricature de la Corse qui tendait à laisser penser que régnait la loi du silence. » Mais, selon lui, « l’action des collectifs anti-mafia, ainsi que le nombre croissant de signalements d’administrations ou de particuliers, montrent que les choses sont peut-être en train de changer. » Une dynamique à laquelle la justice ne peut rester indifférente : « La justice est l’affaire de tous, à l’image du rassemblement qui sera organisé à Ajaccio le 8 mars. »