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Législatives : Le collectif Massimu Susini interpelle les candidats sur la lutte contre la mafia en Corse


le Jeudi 16 Juin 2022 à 12:50

Dans une lettre ouverte, le Collectif Massimu Susini interpelle les candidats à l'élection législative sur la problématique de la mafia en Corse, comme il l'avait fait l'an dernier lors des élections territoriales. S'étonnant du silence des candidats sur le sujet, il lance un certain nombre d'interrogations et leur demande de prendre position en faveur de la lutte contre ce fléau.



Voici la lettre ouverte du Collectif Massimu Susini aux candidats :



" Lors des dernières élections territoriales, notre collectif avait organisé, entre les deux tours, un débat sur la mafia en Corse compte tenu du silence des candidats sur ce problème. L’histoire bégaie. La campagne pour les législatives se termine et aucun candidat n’a jugé utile de préciser dans son programme comment il entendait lutter contre la mafia, quelles propositions de loi il voulait défendre à l’Assemblée Nationale. Après une longue période de déni, de plus en plus d’élus ou futurs élus, ont été contraints de reconnaître que, oui, un système mafieux pénétrait de plus en plus la société corse. Mais à quoi bon cette reconnaissance si ce n’est pour en tirer aucune conséquence et faire comme si elle n’existait pas ou se contenter de dire que le pouvoir régalien de la justice relevant du seul État, toute solution dépendrait de lui seul ? L’État dont la faillite dans sa lutte contre la mafia n’est plus à démontrer.

Nos futurs élus nous promettent de « changer la vie » … en compagnie de la mafia ? Que proposent-ils concrètement pour lutter contre ce fléau ?  La législation actuelle serait suffisante, nous répond-on, malgré le constat de la montée en puissance de la mafia en Corse et sur le continent et les alertes lancées par des magistrats qui avouent leur impuissance et l’insuffisance de la législation ! 

Que serait demain la réalité de l’autonomie de la Corse avec un pouvoir mafieux de plus en plus puissant ? Pour que nos futurs élus se décident, enfin, à engager le combat concret contre l’emprise mafieuse, faut-il que se constituent de nouveaux collectifs anti-mafia ? Un collectif des propriétaires de restaurants, campings rackettés et incendiés ? Un collectif des entreprises de bateaux, jet-ski incendiés ? Un collectif des entreprises commerciales et de services rackettés ? Un collectif des chefs d’entreprises du bâtiment et travaux publics exclus des marchés juteux par intimidation ou ententes illicites et après avoir subi l’incendie de leurs engins de chantier ? Un collectif des entreprises intervenant dans l’économie des déchets et dont les camions brûlent ou sont  victimes des magouilles dans les marchés captifs pour le plus grand profit de quelques entreprises, toujours les mêmes et sous pression mafieuse ? Un collectif des familles des dizaines de victimes de la « criminalité organisée » et qui attendent, en vain, un sursaut de l’État mais aussi de leurs élus ? Pour l’instant, elles sont seules et vaincues. 

Pour quelles raisons nos futurs élus n’exigent-ils pas de la CdC qu’elle respecte ses engagements et organise un vrai débat sur la mafia en Corse et les moyens de lutter contre elle ? Pourquoi n’appellent-ils pas à une mobilisation générale contre le racket, la mafia ? Pourquoi ne s’engagent-ils pas à exiger l’exclusion de leur formation politique de tout élu, tout adhérent qui aurait des liens avérés avec des membres de la criminalité organisée, des mafieux ? Le racket, le trafic de drogue, les incendies criminels, les marchés publics truqués, les assassinats se multiplient mais force est de constater que nos futurs élus sont, pour le moment, dans l’incantation mais pas dans l’action, faute, notamment, de dire clairement quelles propositions de loi ils veulent défendre. Sont-ils disposés à se battre pour la reconnaissance du délit d’association mafieuse, pour la confiscation obligatoire des avoirs criminels, pour leur confiscation préventive sans condamnation pénale, pour un vrai statut de repenti ? 

Les prises de position à l’Assemblée Nationale des députés Acquaviva et Colombani ont ouvert le débat sur la reconnaissance de l’existence de la mafia et les mesures à prendre pour lutter contre elle mais il faut aller plus loin. La société civile corse est en droit d’attendre un engagement clair et total des futurs députés contre ce fléau."
Photo archives CNI
Photo archives CNI