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Le fortin de Girolata révèle encore des surprises


Pierre-Manuel Pescetti le Dimanche 16 Mai 2021 à 12:25

Avant d’être restauré, le fortin de Girolata fait l’objet de fouilles archéologiques de prévention. Une opération qui a permis de mettre en lumière de nouvelles découvertes.



Vue aérienne du fortin de Girolata avant les opérations archéologiques. Crédits Photo : A. Gauthier.
Vue aérienne du fortin de Girolata avant les opérations archéologiques. Crédits Photo : A. Gauthier.
Pas de coffres remplis d’or ni de pierres précieuses mais une grande avancée sur la connaissance des infrastructures militaires génoises en Corse. C’est là le vrai trésor découvert par les agents de L’Inrap (Institut National de Recherche Archéologiques Préventives) dans le fortin de Girolata.

Préalablement au projet de restauration et de mise en valeur du fortin, un ensemble d'opérations archéologiques a été mené par l’Inrap sous le contrôle de la DRAC de Corse. Ces opérations ont permis de révéler le caractère novateur de l'édifice commencé au milieu du XVIe siècle.

Une analyse en profondeur

Dans un premier temps, les archéologues se sont penchés sur les différentes strates qui composent l’édifice. Une analyse en profondeur permettant un voyage dans le temps pour mieux comprendre l’histoire de l’édifice. Au terme de cet enregistrement minutieux, les archéologues ont pu restituer les différentes étapes de construction, de modifications successives et de transformation de ce complexe militaire génois.

Une conception innovante dès le départ

Les recherches concluent à deux phases majeures d’évolution du fortin ainsi que du caractère complètement innovant de chacune d’elles. La conception singulière de l’état initial du site datant de 1551 relève du célèbre ingénieur génois Geronimo da Levanto, dit Le Levantino, et met en scène une tour carrée d’esprit médiéval flanquée de son « ravellino », principe novateur en tant que bastion étoilé à trois branches.

« Cette solution est totalement inédite et offre ainsi un double système de défense pour la tour » selon l’Inrap. La mise au jour du chemin de ronde le long de la tour est éloquente et inscrit un véritable dispositif défensif rectangulaire, fermé par une muraille parallèle à la fortification. De plus la disposition de la terrasse couverte et défendue par des meurtrières en batterie avec échauguette montre son caractère défensif. Une structure défensive inédite pour cette tour qui accueille en son fond une citerne, une cuisine à l’étage et une chambre au second, terminée par une terrasse d’artillerie bordée de mâchicoulis.
Mise au jour du chemin de ronde avec paliers et escalier sur la fortification initiale barrant l’éperon. Crédits Photo : A. Huser, Inrap.
Mise au jour du chemin de ronde avec paliers et escalier sur la fortification initiale barrant l’éperon. Crédits Photo : A. Huser, Inrap.

Du fortin à la petite citadelle

Les sondages réalisés dans le fortin permettent de comprendre la seconde phase de construction. D’importants travaux sur une des faces de la tour et son socle rocheux ont permis de créer une nouvelle ligne de fortification bastionnée. Ce nouvel aménagement, attesté par les textes et daté de 1610, est dû à Anton Giovanni Sarrola, personnage important dans l’échiquier génois et ancien militaire devenu architecte. Il achève ainsi la nouvelle conception militaire du fortin sur le modèle d’une petite citadelle.

Mieux comprendre le réseau de défense de l’île

L’édifice peut être replacé dans son contexte historique, celui de l’élaboration d’un cordon de tours ceinturant le littoral à un moment où la protection de la Corse s’avère nécessaire. « Placée depuis 1453 sous le contrôle de l'Office de Saint-Georges, puissante institution financière génoise, l’île occupe dorénavant une position stratégique dans le nouvel échiquier méditerranéen » explique l’Inrap.