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La crèche intercommunale « A Rundinella » de Monticello à l’heure du bilinguisme


François Daumont le Lundi 14 Juillet 2014 à 00:29

Dans le cadre d’un partenariat avec le Centre National de la Fonction Publique Territoriale de Corse et la Collectivité Territoriale de Corse pour la promotion de la langue et de la culture corse, la Communauté des Communes du Bassin de Vie de L’Ile-Rousse a édité, et c’est une première dans l’île, un livret d’accueil entièrement rédigé en français et en corse destiné à la crèche intercommunale « A Rundinella » de Monticello en Balagne. Un établissement créé en 1993 et dont les personnels ont participé pendant 2 ans, à une formation d’apprentissage à la langue corse. Et ce, afin de pouvoir s'adresser à des enfants de manière spontanée et favoriser ainsi un lien affectif avec cette langue avant la scolarisation des tous petits.



La crèche intercommunale « A Rundinella » de Monticello  à l’heure du bilinguisme

« Depuis janvier 2013, Laurent Bruna intervient chez nous à raison de 3 heures par semaine afin de former nos personnels à la langue corse. Ce projet est intéressant car le formateur prend part à la vie de la crèche, parfois aux activités de celle-ci en parlant corse naturellement. Cet état de fait débouche à la coexistence de 2 langues. Et l’on sait que l’apprentissage d’une seconde langue favorise la réussite scolaire, le développement intellectuel de l’enfant et l’ouverture à d’autres langues et cultures » explique Sylvie Graffeuil, directrice de la crèche, avant de préciser : « Laurent Bruna a su se fondre dans la vie de notre établissement avec beaucoup de respect et d’attention pour notre mode de fonctionnement. Il est vite très rapidement devenu « Tonton » pour les enfants qui l’ont très vite accepté ».

Pour sa part, Laurent Bruna se félicite d’avoir été accueilli à bras ouverts par une équipe dont il salue le professionnalisme : « Mon intervention m’a permis de pénétrer dans un univers ou des gens réalisent au quotidien un travail remarquable au service des enfants qui réclame de nombreuses compétences. Ces sessions de formation m’ont également permis d’imaginer des outils qui m’ont aidé à transmettre cette langue à laquelle je crois profondément ». Puis de préciser : « J’ai eu le plaisir de découvrir parmi cette équipe formidable,  des mamans que j’ai connu en qualités de parents d’élèves mais aussi d’anciennes élèves qui ont suivi la filière bilingue du collège Pascal-Paoli au sein de laquelle j’enseigne».

Une chose est acquise, la crèche intercommunale gérée par la communauté des communes du bassin de vie d’Ile-Rousse (CCBVIR) n’est pas qu’une simple garderie qui accueille quotidiennement 33 enfants entre 7 h 45 et 18 heures. Elle est bien plus que ça : elle est un lieu d’éveil et de socialisation pour les enfants mais aussi un lieu de prévention et de réflexion comme aime à le rappeler Sylvie Graffeuil qui revient sur l’œuvre accompli par Laurent Bruna : « Toutes les activités fonctionnelles de la crèche ont été investies par la langue et l’écriture corse, pas simplement au niveau du livret d’accueil mais également au niveau de la signalétique interne, des activités ludiques avec par exemple, les comptines ». En effet, le professeur de corse a pris le temps de traduire des chansonnettes destinées aux « Piulelli »  comprenez le groupe des enfants de 2 à 15 mois environ, ou de traduire chez les « Pesci » (enfants de 15 à 22 mois environ) les phrases clés de la journée, par exemple : « Allez vous laver les mains », « on va changer les couches »  … afin que le personnel se les approprie et puisse les utiliser.

On l’aura compris au sein de la crèche, l’important c’est l’enfant et son bien-être. L’apport d’une nouvelle langue, en l’occurrence le Corse, constituera sans aucun doute un plus qui marquera l’évolution d’ « A Rundinella » qui est peut être sans le vouloir, devenue le laboratoire pratique de cette fameuse coofficialité qui fait actuellement débat dans l’île.
En attendant l’expérience singulièrement aboutie, vécue par l’équipe de Sylvie Graffeuil et Laurent Bruna, restera comme un modèle de coopération dans l’intérêt supérieur des enfants à qui l’on doit toutes les chances de bien démarrer dans la vie. En ce sens, le pari de la CCBVIR, du CNFPT et de la CTC est gagné.
Le mot de la fin, quant à lui,  reviendra à Laurent Bruna qui dira avec une certaine émotion : « J’espère que le personnel de la crèche A Rundinella a autant appris de moi que j’aurais appris d’eux ».

François DAUMONT