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L’expulsion de Me Paul Sollacaro d’une audience à Aix-en-Provence suscite de vives réactions en Corse


Pierre BERETTI le Vendredi 12 Mars 2021 à 13:24

Une manifestation, à l’initiative de l'ordre des avocats d’Ajaccio s’est tenue ce vendredi matin sur les marches du tribunal judiciaire de la ville impériale. Le barreau de Bastia a aussi réagi à l'expulsion de Me Paul Sollacaro d'une audience à Aix-en-Provence via un communiqué



Ce vendredi 12 mars l’ordre des avocats d’Ajaccio a exprimé son soutien à Maître Sollacaro sur les marches du Palais de Justice (photo Michel Luccioni)
Ce vendredi 12 mars l’ordre des avocats d’Ajaccio a exprimé son soutien à Maître Sollacaro sur les marches du Palais de Justice (photo Michel Luccioni)
Vague de réaction sur le réseaux sociaux et dans le milieu des robes suite à l'expulsion de Me Paul Sollacaro d’une audience correctionnelle d’Aix-en-Provence, par la force publique, après un incident avec le président d’audience.   Le tribunal d’Aix devait juger jeudi et vendredi 11 prévenus dans un dossier de trafic de drogues. Comme raconte Le Figaro "Sur place jeudi, Paul Sollacaro, l’avocat de l’un d’eux, a demandé d'obtenir la disjonction de son cas parce qu’il avait passé un test PCR positif mais le président a refusé cette disjonction et s’est également opposé à ce que le prévenu se présente au tribunal. Le procureur suggérait de son côté que Me Sollacaro représente son client. Selon des avocats présents à l’audience, la situation s’est ensuite envenimée et, dans la confusion et après des échanges vifs, le président de l’audience a demandé l’intervention de la police pour faire sortir Me Sollacaro."
Les avocats du barreau ajaccien ont répondu à l’appel au soutien en donnant une conférence de presse sur les marches du Palais de Justice.  « Ces faits sont intolérables, a précisé Julia Tiberi, le bâtonnier. Ils sont la conséquence d’une simple demande de renvoi formulée par notre Confrère dans la mesure où son client était atteint de la COVID-19. Ce renvoi refusé, le Président a fait le choix de poursuivre les débats en l’absence du prévenu alors que celui-ci, qui risquait 20 ans d’emprisonnement, souhaitait comparaitre. Le droit pour un prévenu de comparaître et d’être entendu par le Tribunal qui doit le juger est un droit élémentaire que le Président aixois n’a pas hésité à bafouer ».

Le communiqué rapporte également que l’avocat Maître Sollacaro a alors proposé de faire venir son client malgré son état de santé ce qui lui a été refusé par le Magistrat. Malgré le soutien du Parquet qui allait dans le sens du renvoi, le ton est monté entre le Magistrat et l’avocat jusqu’à ce que le Président demande aux forces de l’ordre d’expulser Maître Sollacaro. Les avocats présents ont alors également quitté l’audience en guise soutien. Pour le barreau d’Ajaccio, il s’agit d’un exemple qui n’est pas un simple incident. « Il s’agit de pratiques inadmissibles, a continué Julia Tiberi entourée de ses Confrères. Elles sont indignes de l’Institution Judiciaires. Ainsi que l’a rappelé le Premier président près de la Cour d’Appel de Paris à l’occasion d’un précédent similaire en aucun cas, il ne peut être recouru au concours des forces de l’ordre, à l’égard d’un avocat dans l’exercice de ses fonctions. Ces faits constituent une atteinte de plus à notre profession, aux droits de la défense, à une certaine conception du service public de la Justice, et enfin, aux droits les plus élémentaires du justiciable ». 

Les avocats ajacciens rappellent ainsi que ce comportement de la part d’un Magistrat va à l’encontre de la restauration de la confiance des citoyens en la Justice que le Garde des Sceaux appelle de ses vœux à travers le projet de loi pour la confiance dans l’Institution Judiciaire. 

Le communiqué du Bâtonnier de Bastia à la suite de l'expulsion