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L'édito de Jacques Renucci : Les amis de Marlène


Jacques RENUCCI le Dimanche 29 Octobre 2017 à 20:34

A l'heure de la dénonciation multiple des violences et « outrages sexistes », Jean Lassalle, accusé, et Joey Starr, condamné, participaient à un festival de cinéma en Corse avec la secrétaire d’État à l'égalité hommes-femmes. Curieux...



L'édito de Jacques Renucci : Les amis de Marlène
Le festival du film politique de Porto Vecchio a, paraît-il, été un succès. Quelle que soit l'indifférence blasée des habitants de la Cité du Sel, qui ont, en été, leur dose de people en tous genres, ils ont dû apprécier qu'on leur offre une manifestation hors saison, une manifestation inédite de surcroît.  
Mais les Corses, s'ils aiment qu'on prenne leur décor pour propulser des rencontres à vaste audience, ont l'esprit malicieux. Ce n'est pas chez eux que l'on trouve les ravis de la crèche, qui applaudissent à tout rompre les personnalités qui leur rendent visite. Avec astuce, ils introduisent leur humour dans les messes que Boboland tient de temps en temps sur leur sol. 

Qu'ont-ils remarqué, ces pernicieux insulaires ? Que le festival avait comme présidente d'honneur, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes. Lors de son bref séjour dans le Sud de l'île, elle a joint à son loisir ce qui ressort de sa mission en rencontrant des femmes cheffes d'entreprises ; elle s'est aussi arrêtée à la clinique de l'Ospedale pour parler des violences faites aux femmes – alors qu'au plan national, une mobilisation générale sur le sujet a mobilisé des milliers de personnes à travers le territoire.  
Pour illustrer son propos face à ses interlocutrices, elle n'avait pas à aller bien loin ; il lui suffisait d'appeler, à titre d'exemples, des amis avec qui elle avait partagé la parole et la langouste. Dans son jury, on remarquait en effet la présence de Jean Lassalle, poursuivi par des femmes pour une certaine insistance à proposer, presque imposer, des relations d'où la sexualité n'est pas absente ; on notait aussi le nom de l'exquis Joey Starr, plusieurs fois condamné pour violences conjugales. La main aux fesses d'un côté, la main dans la gueule de l'autre. Voilà sans doute une des formes de l'égalité dans la dénomination du ministère...  
Ce n'est pas que ces individus soient de mauvaise compagnie dans l'absolu, mais le moment était peut-être mal choisi pour s'afficher à leur côté, lorsque l'on porte l'étendard d'une « grande cause nationale », qui sépare le fréquentable de l'infréquentable, et assume les dénonciations tous azimuts des « outrages sexistes » dans leurs multiples caractéristiques.  

Lorsque l'on est aux responsabilités, la prudence et la distance sont parfois de rigueur. Mais il est vrai qu'on est en Corse, où l'entre-soi peut s'afficher sans que les féministes hurlent à la trahison. Les grandes déclarations, c'est pour ailleurs, avec les principes et les postures ; ici, on peut se lâcher sans conséquence. « Les Corses aiment la politique », disent les organisateurs du festival. Ils auraient pu ajouter : ils aiment la politique décomplexée, quand ils n'en sont pas victimes. Et Marlène est bien dans cette ligne d'insolente innocence. Pascal Paoli, dont Karl Zéro nous apprend dans L'Express qu'il a inventé la démocratie, disait : « Si les assemblées politiques font les lois, ce sont les femmes qui font les mœurs. » Une femme ministre chargée des femmes est au confluent de ces deux courants d'ordre social et de progrès. Et tant pis, s'il le faut, pour les bons copains.