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L’appel #MeToo des territoires trouvera-t-il son écho en Corse ?


Gaëtan Puzzò le Jeudi 11 Mars 2021 à 18:53

Fortement impactée par le mouvement #IwasCorsica qui a écorné son cliché d’île sanctuaire, la Corse connaîtra-t-elle un nouveau tsunami de prises de parole au dépens de son personnel politique ?



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C'est une exhortation à la vigilance qui a été lancée, ce 8 mars sur France Info, par 150 personnalités signataires d'une tribune qui réclame la tenue d’élections régionales sans candidats sexistes ou responsables de violences.  
À trois mois des élections, qui auront lieu les 13 et 20 juin, cet appel à signaler  passif et passé des candidats investis dans les lices territoriales résonne en Corse où l’omerta brisée par le mouvement #IwasCorsica a déjà malmené le cliché confortable mais imaginaire de l’île sanctuaire préservée des vicissitudes de ce monde.
Le procédé, préconisé par cette nouvelle initiative consiste,  en l’espèce,  à  faire remonter la parole des victimes par la rédaction d’un courrier circonstancié adressé aux formations politiques.  Ce courrier enjoignant les appareils à faire preuve de probité en conservant l’anonymat des auteurs de signalement puis en enquêtant sur les faits et comportements visés pour enfin écarter de la course le candidat incriminé..
Un exercice ambitieux et vertueux, certes, mais dont il est ardu de percevoir les limites et facile d’en redouter les dérives tout en s’interrogeant, concrètement, sur la capacité d’une telle prise de parole à surmonter l’épreuve de la réalité locale.

Une opération mani pulite nustrale 
La microsociété insulaire, naturellement très loquace, abonde déjà de rumeurs et d’informations bien contradictoires passant allègrement du registre géopolitique à la divulgation de l’intime. Promiscuité n’est souvent pas synonyme de clarté.
Attendre donc d’une formation politique territoriale qu’elle procède, en interne, à sa  grande opération mani pulite en expurgeant de ses candidats des moutons noirs fraîchement désignés relève manifestement de l’utopie. 

Si l’écho retentit,  encore devra-t-il être efficient 
Entre signalement d’un indélicat étalant sa domination méprisante,  dénonciation d’infraction graves  et récurrentes, délation vague formée sous couvert d’anonymat ou diffamation pure et simple, il est fort à parier que, dans l’ambiance électrique d’une campagne sanglante,  la paranoïa sera prestement la valeur la mieux partagée. Toute dénonciation sera suspecte d’être manipulation, jusqu’à craindre la dilution de la parole des victimes dans le fracas des polémiques.  
L’initiative a pourtant l’immense mérite de questionner toute la classe politique - insulaire ou en terre ferme –et ce  après la cristallisation toujours vive de l’opinion autour des agissements – assumés -  d’un  ministre de l’intérieur toujours en exercice.