C’est une rumeur qui a commencé à bruisser mardi soir : le recteur de l’Académie de Corse serait remercié, un peu plus d’un an seulement après son arrivée. Si la décision paraissait actée par le ministère de l’Éducation et devait être annoncée en Conseil des ministres mercredi, selon nos sources, un appui politique aurait permis une marche arrière. Reste à savoir si celle-ci n’est que temporaire. Face à cette perspective, l’Assemblée de Corse a décidé de s’emparer du sujet ce jeudi.
Dès l’ouverture de la session, Gilles Simeoni, le président de l’Exécutif, a ainsi dénoncé une « option qui ne peut être comprise que comme un choix politique contre un fonctionnaire et l'action conduite sous son autorité », alors que Rémi-François Paolini a multiplié les actions en faveur de la langue corse depuis son arrivée, en témoigne encore la convention signée entre l’État et la Collectivité de Corse la semaine passée afin de renforcer la formation des enseignants.
Un texte pour demander solennellement le maintien du recteur dans ses fonctions
« Cette nouvelle a créé la surprise et l’émotion au sein de la société insulaire, non seulement dans le monde de l’Éducation nationale, mais aussi auprès des élus et des différents acteurs du territoire, tant le recteur d’Académie s’est impliqué au cours des derniers mois non seulement en faveur de l’éducation pour tout enfant quelles que soient ses origines, en faveur de l’école rurale, mais il a aussi eu un engagement très fort en faveur de la langue et de la culture corse et en particulier des dispositifs d’apprentissage de la langue », a pour sa part rappelé la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, indiquant que dans la journée la conférence des présidents a décidé de co-écrire une motion demandant solennellement le maintien du recteur de l’Académie de Corse dans ses fonctions.
Co-écrite par l’ensemble des groupes, celle-ci encense tout d’abord « les relations nouées entre la Collectivité de Corse et l’actuel Recteur de l’Académie de Corse », « fondées sur le dialogue, le respect réciproque, et une volonté commune d’atteindre des objectifs partagés », ainsi que sa « méthode de concertation et de co-construction mise en œuvre concernant la définition et la mise en œuvre du projet académique « Scola 2030 », en y associant l’ensemble des membres de la communauté éducative, ainsi que les élus et forces vives de l’île ». « Cette méthode a notamment permis, en associant notamment les maires et les élus de la Collectivité de Corse, de valider comme une priorité partagée le renforcement des moyens en faveur des écoles et établissements d’enseignement du rural et de l’intérieur de l’île », pose le texte en posant par ailleurs que « c’est également sous l’impulsion du Recteur Paolini qu’a été engagé un programme innovant et sans équivalent en France d’éducation à la légalité et de sensibilisation aux enjeux de justice et de démocratie, en cohérence avec la délibération votée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse le 28 février 2025, « relative à la lutte contre les pratiques mafieuses : propositions pour une société corse libre, apaisée et démocratique ». En outre, la motion pointe que le recteur s’est aussi engagé « en cohérence avec le discours du Président de la République Française devant l’Assemblée de Corse le 28 septembre 2023, en faveur du développement du bilinguisme au sein du système éducatif ». « Dans ces conditions, l’annonce de l’éventualité de la mutation du Recteur Paolini, apparaît incompréhensible et de nature à déstabiliser et ainsi remettre en cause ces engagements, et leur mise en œuvre réussie », argue le texte en demandant « par conséquent au Gouvernement de confirmer dans ses fonctions le Recteur actuel de l’Académie de Corse ».
« Le recteur a compris ce dont la Corse a besoin à ce moment de notre histoire »
Un « soutien presque naturel », pour Jean-Martin Mondoloni qui a tenu à saluer les vertus qu’incarne Rémi-François Paolini. « C’est un homme très bien du point de vue humain, il est naturellement empreint de cet ADN qui fonde la corsitude, à la fois par son éducation, son élégance, son mot toujours juste et sa capacité à dépasser un certain nombre de difficultés humaines », a estimé le leader de droite en relevant également, en tant que proviseur, ses qualités professionnelles. « Cela fait 25 ans que je fais un métier qui me conduit à être en contact avec ceux qui ont pu exercer la fonction de recteur d’académie. Nous avons eu seulement deux bons recteurs durant cette période, dont fait partie Rémi Paolini. C’est un bourreau de travail, c’est important car cela nous permet de rentrer dans un niveau de précision que l’on ne soupçonne pas », a-t-il assuré en reprenant : « Et puis, c’est quelqu’un qui réfléchit et qui ne s’engage pas à moitié, on a pu le constater sur un certain nombre de sujets. C’est quelqu’un qui a compris ce dont la Corse a besoin à ce moment de notre histoire. C’est là où Paris se trompe en essayant de la débarquer : nous n’avons pas besoin de plus de République au sens du raidissement, on a besoin de mieux de République. Rémi Paolini est capable d’optimiser notre partage de compétences et de faire la démonstration que quand on travaille en bonne intelligence entre les services de l’État et les services de la CdC on peut déboucher sur des objectifs qu’on pouvait inatteignables ». Pour le président d’Un Soffiu Novu, l’actuel recteur est donc « l’homme de la situation au moment où il le faut ». « L’erreur politique qui consisterait à le débarquer est double : elle est de sortir de l’homme de la situation de l’endroit où il se trouve, elle est surtout aussi le signal que la politique aurait changé et qu’elle contreviendrait à ce que le Chef de l’État a décidé ici », a-t-il encore insisté.
De son côté, Paul-Félix Benedetti s’interroge sur les causes de « ce débarquement intempestif qui arrive après celui du préfet Jérôme Filippini ». « Lorsqu’au plus haut niveau de l’État on s’amuse à faire valser ses représentants sur des périodes aussi courtes, cela veut dire qu’il n’y a pas de constance de l’action publique, il n’y a pas de partenariat fins, stables, il n’y a pas de prise de connaissance possible de la Corse, de ses spécificités, de ses turpitudes, de ses clivages. Qu’il y ait un turn over aussi court, c’est nous insulter, c’est ne pas nous laisser travailler. On ne peut pas l’accepter », siffle le président de Core in Fronte en instillant : « Et puis, est-ce qu’être un haut fonctionnaire d’origine corse décrédibilise l’action de la personne, la rend suspecte, la rend apte à de la connivence avec une sphère politique qui pourrait sentir le soufre ? ». Enfin, il se questionne sur le retour d’un « État profond », alors que la classe politique française apparaît « moribonde et absente », qui changerait les règles du jeu. « Si aujourd’hui il y a un refus d’accepter la mise en œuvre d’une politique négociée entre autres autour d’un bilinguisme et d’un enseignement obligatoire du corse dans le milieu scolaire, c’est un retournement de politique », avertit-il en pointant les conséquences que cela pourrait amener.
« Cette éventuelle éviction procède d’une possible sanction politique »
Sur les bancs de la majorité, Romain Colonna évoque pour sa part « une relation fructueuse entre les plus hautes autorités de la Corse un haut représentant de l’État », comme « jamais l’île n’en a connue ». « Au-delà de la personne du recteur, ce qui doit être interrogé dans cette affaire c’est profondément la relation que la Corse entretient avec l’État. Il y a eu depuis plusieurs décennies un certain nombre de rendez-vous manqués, un certain nombre de tensions, de conflits, de drame. Pour la première fois dans l’histoire, à travers la langue corse notamment, un haut représentant de l’État et les élus que nous sommes avons su trouver les voies et moyens d’une alternative à un cycle de violence, de drames et de défiance pour asseoir collectivement une politique qui puisse apaiser les tensions et être porteuse d’espoir », souligne-t-il avant d’ajouter : « Nous comprenons bien que cette éventuelle éviction des responsabilités académiques procède d’une possible sanction politique notamment à l’égard de l’engagement du recteur en faveur de la langue corse, et cela nous ne pouvons pas l’accepter ».
« Nous avons eu l’impression de renouer avec des heures bien connues durant lesquelles à chaque fois qu’un représentant de l’État, qu’un haut fonctionnaire s’avançait on créé les conditions d’une difficulté », appuie Jean-Christophe Angelini du côté d’Avanzemu. Et Gilles Simeoni d’enfoncer le clou : « Rémi Paolini a pris ses fonctions il y a un peu plus d’un an. Or, on sait que les recteurs restent en moyenne trois ans en fonction. Rien n’explique donc si on suit le cours normal des choses qu’on lui annonce son départ. C’est la première anomalie qui a justifié notre réaction ».
Pour le président de l’Exécutif, si « le clair-obscur dans lequel évolue actuellement la vie politique française a certainement rendu possible cette décision », celle-ci ne peut toutefois être autre chose « que la sanction politique des engagements du recteur, et parmi lesquels celui en faveur de la langue corse ». Mais il constate cependant que « de la même façon qu'il y a eu des gens pour penser à cette mutation-sanction d'une brutalité extrême, il y a eu des autorités politiques au plus haut niveau de l'État pour s'y opposer et suspendre la sanction envisagée ». « Cela veut dire que nous devons nous adresser à ces autorités et leur dire qu'elles ont bien fait de faire ce choix, que transformer la suspension de la mutation-sanction en décision définitive de confirmer et même de conforter le recteur de l'Académie de Corse dans ses fonctions, c'est œuvrer dans le sens de l'apaisement de la construction et de ce que nous voulons faire dans la concertation et dans le dialogue avec l'État », avance encore Gilles Simeoni.
Dans la foulée, la motion sera adoptée à l’unanimité.
Dès l’ouverture de la session, Gilles Simeoni, le président de l’Exécutif, a ainsi dénoncé une « option qui ne peut être comprise que comme un choix politique contre un fonctionnaire et l'action conduite sous son autorité », alors que Rémi-François Paolini a multiplié les actions en faveur de la langue corse depuis son arrivée, en témoigne encore la convention signée entre l’État et la Collectivité de Corse la semaine passée afin de renforcer la formation des enseignants.
Un texte pour demander solennellement le maintien du recteur dans ses fonctions
« Cette nouvelle a créé la surprise et l’émotion au sein de la société insulaire, non seulement dans le monde de l’Éducation nationale, mais aussi auprès des élus et des différents acteurs du territoire, tant le recteur d’Académie s’est impliqué au cours des derniers mois non seulement en faveur de l’éducation pour tout enfant quelles que soient ses origines, en faveur de l’école rurale, mais il a aussi eu un engagement très fort en faveur de la langue et de la culture corse et en particulier des dispositifs d’apprentissage de la langue », a pour sa part rappelé la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, indiquant que dans la journée la conférence des présidents a décidé de co-écrire une motion demandant solennellement le maintien du recteur de l’Académie de Corse dans ses fonctions.
Co-écrite par l’ensemble des groupes, celle-ci encense tout d’abord « les relations nouées entre la Collectivité de Corse et l’actuel Recteur de l’Académie de Corse », « fondées sur le dialogue, le respect réciproque, et une volonté commune d’atteindre des objectifs partagés », ainsi que sa « méthode de concertation et de co-construction mise en œuvre concernant la définition et la mise en œuvre du projet académique « Scola 2030 », en y associant l’ensemble des membres de la communauté éducative, ainsi que les élus et forces vives de l’île ». « Cette méthode a notamment permis, en associant notamment les maires et les élus de la Collectivité de Corse, de valider comme une priorité partagée le renforcement des moyens en faveur des écoles et établissements d’enseignement du rural et de l’intérieur de l’île », pose le texte en posant par ailleurs que « c’est également sous l’impulsion du Recteur Paolini qu’a été engagé un programme innovant et sans équivalent en France d’éducation à la légalité et de sensibilisation aux enjeux de justice et de démocratie, en cohérence avec la délibération votée à l’unanimité par l’Assemblée de Corse le 28 février 2025, « relative à la lutte contre les pratiques mafieuses : propositions pour une société corse libre, apaisée et démocratique ». En outre, la motion pointe que le recteur s’est aussi engagé « en cohérence avec le discours du Président de la République Française devant l’Assemblée de Corse le 28 septembre 2023, en faveur du développement du bilinguisme au sein du système éducatif ». « Dans ces conditions, l’annonce de l’éventualité de la mutation du Recteur Paolini, apparaît incompréhensible et de nature à déstabiliser et ainsi remettre en cause ces engagements, et leur mise en œuvre réussie », argue le texte en demandant « par conséquent au Gouvernement de confirmer dans ses fonctions le Recteur actuel de l’Académie de Corse ».
« Le recteur a compris ce dont la Corse a besoin à ce moment de notre histoire »
Un « soutien presque naturel », pour Jean-Martin Mondoloni qui a tenu à saluer les vertus qu’incarne Rémi-François Paolini. « C’est un homme très bien du point de vue humain, il est naturellement empreint de cet ADN qui fonde la corsitude, à la fois par son éducation, son élégance, son mot toujours juste et sa capacité à dépasser un certain nombre de difficultés humaines », a estimé le leader de droite en relevant également, en tant que proviseur, ses qualités professionnelles. « Cela fait 25 ans que je fais un métier qui me conduit à être en contact avec ceux qui ont pu exercer la fonction de recteur d’académie. Nous avons eu seulement deux bons recteurs durant cette période, dont fait partie Rémi Paolini. C’est un bourreau de travail, c’est important car cela nous permet de rentrer dans un niveau de précision que l’on ne soupçonne pas », a-t-il assuré en reprenant : « Et puis, c’est quelqu’un qui réfléchit et qui ne s’engage pas à moitié, on a pu le constater sur un certain nombre de sujets. C’est quelqu’un qui a compris ce dont la Corse a besoin à ce moment de notre histoire. C’est là où Paris se trompe en essayant de la débarquer : nous n’avons pas besoin de plus de République au sens du raidissement, on a besoin de mieux de République. Rémi Paolini est capable d’optimiser notre partage de compétences et de faire la démonstration que quand on travaille en bonne intelligence entre les services de l’État et les services de la CdC on peut déboucher sur des objectifs qu’on pouvait inatteignables ». Pour le président d’Un Soffiu Novu, l’actuel recteur est donc « l’homme de la situation au moment où il le faut ». « L’erreur politique qui consisterait à le débarquer est double : elle est de sortir de l’homme de la situation de l’endroit où il se trouve, elle est surtout aussi le signal que la politique aurait changé et qu’elle contreviendrait à ce que le Chef de l’État a décidé ici », a-t-il encore insisté.
De son côté, Paul-Félix Benedetti s’interroge sur les causes de « ce débarquement intempestif qui arrive après celui du préfet Jérôme Filippini ». « Lorsqu’au plus haut niveau de l’État on s’amuse à faire valser ses représentants sur des périodes aussi courtes, cela veut dire qu’il n’y a pas de constance de l’action publique, il n’y a pas de partenariat fins, stables, il n’y a pas de prise de connaissance possible de la Corse, de ses spécificités, de ses turpitudes, de ses clivages. Qu’il y ait un turn over aussi court, c’est nous insulter, c’est ne pas nous laisser travailler. On ne peut pas l’accepter », siffle le président de Core in Fronte en instillant : « Et puis, est-ce qu’être un haut fonctionnaire d’origine corse décrédibilise l’action de la personne, la rend suspecte, la rend apte à de la connivence avec une sphère politique qui pourrait sentir le soufre ? ». Enfin, il se questionne sur le retour d’un « État profond », alors que la classe politique française apparaît « moribonde et absente », qui changerait les règles du jeu. « Si aujourd’hui il y a un refus d’accepter la mise en œuvre d’une politique négociée entre autres autour d’un bilinguisme et d’un enseignement obligatoire du corse dans le milieu scolaire, c’est un retournement de politique », avertit-il en pointant les conséquences que cela pourrait amener.
« Cette éventuelle éviction procède d’une possible sanction politique »
Sur les bancs de la majorité, Romain Colonna évoque pour sa part « une relation fructueuse entre les plus hautes autorités de la Corse un haut représentant de l’État », comme « jamais l’île n’en a connue ». « Au-delà de la personne du recteur, ce qui doit être interrogé dans cette affaire c’est profondément la relation que la Corse entretient avec l’État. Il y a eu depuis plusieurs décennies un certain nombre de rendez-vous manqués, un certain nombre de tensions, de conflits, de drame. Pour la première fois dans l’histoire, à travers la langue corse notamment, un haut représentant de l’État et les élus que nous sommes avons su trouver les voies et moyens d’une alternative à un cycle de violence, de drames et de défiance pour asseoir collectivement une politique qui puisse apaiser les tensions et être porteuse d’espoir », souligne-t-il avant d’ajouter : « Nous comprenons bien que cette éventuelle éviction des responsabilités académiques procède d’une possible sanction politique notamment à l’égard de l’engagement du recteur en faveur de la langue corse, et cela nous ne pouvons pas l’accepter ».
« Nous avons eu l’impression de renouer avec des heures bien connues durant lesquelles à chaque fois qu’un représentant de l’État, qu’un haut fonctionnaire s’avançait on créé les conditions d’une difficulté », appuie Jean-Christophe Angelini du côté d’Avanzemu. Et Gilles Simeoni d’enfoncer le clou : « Rémi Paolini a pris ses fonctions il y a un peu plus d’un an. Or, on sait que les recteurs restent en moyenne trois ans en fonction. Rien n’explique donc si on suit le cours normal des choses qu’on lui annonce son départ. C’est la première anomalie qui a justifié notre réaction ».
Pour le président de l’Exécutif, si « le clair-obscur dans lequel évolue actuellement la vie politique française a certainement rendu possible cette décision », celle-ci ne peut toutefois être autre chose « que la sanction politique des engagements du recteur, et parmi lesquels celui en faveur de la langue corse ». Mais il constate cependant que « de la même façon qu'il y a eu des gens pour penser à cette mutation-sanction d'une brutalité extrême, il y a eu des autorités politiques au plus haut niveau de l'État pour s'y opposer et suspendre la sanction envisagée ». « Cela veut dire que nous devons nous adresser à ces autorités et leur dire qu'elles ont bien fait de faire ce choix, que transformer la suspension de la mutation-sanction en décision définitive de confirmer et même de conforter le recteur de l'Académie de Corse dans ses fonctions, c'est œuvrer dans le sens de l'apaisement de la construction et de ce que nous voulons faire dans la concertation et dans le dialogue avec l'État », avance encore Gilles Simeoni.
Dans la foulée, la motion sera adoptée à l’unanimité.











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