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Jean-Pierre Maisetti : 60 ans au cœur de la cathédrale d’Ajaccio


Laurina Padovani le Lundi 14 Janvier 2019 à 18:16

Il a été au service des hommes de Dieu toute sa vie. La médaille du mérite diocésain a été remise récemment par Monseigneur de Germay à Jean-Pierre Maisetti pour son implication dans la vie de la Cathédrale d’Ajaccio. Une belle récompense pour ce natif de la cité sous protection miséricordieuse qui accompagne évêques et cardinaux depuis 60 ans.



Photo Dumé Susini
Photo Dumé Susini
‘’Pro Deo e eclesia’’ (Pour Dieu et l’église). Cette phrase inscrite sur la médaille du mérite diocésain qu’il a reçu  le6 Janvier dernier, Jean-Pierre Maisetti la relira avec fierté jusqu’à la fin de ses jours.

Une reconnaissance méritée
‘’ C’est un homme gentil, serviable, ouvert qui ne dit jamais non, assure l’abbé Micaletti, actuel locataire de la paroisse. Il m’assiste avec beaucoup de professionnalisme. Il a une connaissance et une expérience considérables des protocoles de cérémonies religieuses. Et puis il a rendu tellement de services depuis tant d’années. Je souhaitais vraiment qu’il obtienne cette distinction amplement méritée.’’
Ce vœu a été exaucé. A la fin de la messe donnée pour l’épiphanie dimanche dernier à la cathédrale d’Ajaccio, l’évêque de Corse, Monseigneur de Germay, a remis la récompense à l’acolyte ajaccien. La reconnaissance d’une vie passée au service des évêques, cardinaux, archiprêtres et prêtres qui se sont succédés dans la nef baroque ajaccienne.

Touché très jeune par la foi de sa grand-mère
Cette dévotion ecclésiastique, cet ancien employé de mairie l’explique en partie par la ferveur religieuse que sa grand-mère lui a transmis. Veuve très jeune, cette dernière se tourne vers l’église afin de surmonter sa peine. Elle se met au service des autres et rend régulièrement visite aux malades de l’hôpital Eugénie encore tenu par des religieuses. Jean-Pierre l’accompagne.
Devenue très pratiquante, elle lui demande de la suivre à la messe. Ce dernier y prend goût et son aïeule lui fait intégrer le mouvement de jeunesse catholique cœurs vaillants âmes vaillantes.
 
Des débuts comme enfant de chœur
En 1957, Jean-Pierre intègre le service d’enfants de chœur de la cathédrale d’Ajaccio, église dans laquelle il fut baptisé en 1948, six jours tout juste après sa naissance.
Il débute ainsi sa carrière épiscopale au côté de Monseigneur Llosa et devient son enfant de chœur attitré. Il est présent à ses côtés notamment lors des trois messes basses célébrées à Noël.
Puis, lorsqu’arrive André Collini, Evêque de Corse de 1966 à 1972, il est promu servant de chœur. Jean-Pierre s’engage dans la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, la JOC.
C’est avec la soixantaine de jeunes corses de cette association d’éducation populaire que Jean-Pierre Maisetti part pour son premier pèlerinage à Jérusalem, en Terre Sainte en 1977.

’C’était le premier pèlerinage organisé par l’église de Corse. L’évêque de Corse de l’époque, Monseigneur Thomas a réuni des prêtres, des paroissiens mais également des représentants de l’Etat. Je me rappelle que l’épouse du préfet de l’époque, Yves Burgalat, nous avait accompagnés. ‘’

En tout près de 250 corses se retrouve dans l’église du Pater à Jérusalem, édifice dans lequel Jésus enseigna à ses disciples le Notre Père.
Une plaque en marbre sur laquelle était gravée la prière paternelle en langue corse fut érigée en cet endroit sacré, à côté des 61 autres traductions.
 
Au service de plusieurs évêques de Corse
Cette épopée inoubliable sellera à jamais les liens du jeune chrétien avec l’église. Jean-Pierre se met ensuite au service de Monseigneur Casanova et l’accompagne tout au long de sa carrière, depuis ses débuts comme prêtre à sa consécration d’évêque en 1987. Jean-Pierre se rappelle avoir assisté à cette ordination épiscopale sur une place du Diamant encore en construction.
En 1995, Monseigneur Lacrampe, connu pour sa proximité avec les plus démunis, prend ses quartiers en Corse. Avec lui, Jean-Pierre Maisetti sillonnera les routes de l’île pendant huit années, dans les endroits les plus enclavés.

‘’ Nous avons découvert la Corse ensemble. Nous allions de villages en villages rencontrer les hommes d’église et la population. C’était très intéressant de découvrir d’autres communautés. Il n’était pas possible d’aller dans ces endroits sans avoir un but et ces tournées pastorales m’ont permis d’explorer les moindres hameaux de Corse. Cela restera une expérience inoubliable.’’

En 2003, toujours au côté de Monseigneur Lacrampe, il fêtera la Pentecôte à la cathédrale de la Canonica de Lucciana, jour où les reliques de Sainte Dévote furent amenées par Monseigneur Balsi de Monaco accompagné du Prince Rainier et son fils Albert. Un moment qui garde une place d’importance pour Jean-Pierre dont le regard s’illumine à l’évocation de ce souvenir.
Puis viendront Monseigneur Brunin, Bonfils mais également une quinzaine de cardinaux et de nombreux archevêques de passage à Ajaccio.
Jean-Pierre ira jusqu’à Rome Monseigneur Mamberti, lors de son ordination de Cardinal en 2015 par le pape François.
 
« J’ai préféré être un bon laïc, engagé auprès des représentants de Dieu »
Aujourd’hui, le jeune grand-père est au service de Monseigneur De Germay. Il prépare et sert toujours l’autel et assiste toutes les cérémonies qui jalonnent le calendrier chrétien.
La plus importante et préférée des ajacciens reste la fête de la Madonuccia célébrée le 18 mars. Cette date célèbre le jour de 1656 où la vierge Miséricordieuse a accordé sa protection à la ville contre la peste. Chaque année, maire et ses adjoints renouvellent le vœu des anciens qui avaient imploré la vierge de les sauver.
Malgré la forte fréquentation en ces jours de fête, l’acolyte ajaccien déplore la désaffection grandissante des églises et notamment de la cathédrale en se remémorant une époque bien révolue ou certains fidèles assistaient debout à l’office.
En véritable homme de foi, Jean-Pierre Maisetti a fait une dizaine de pèlerinages : Savone, Lourdes, Turin en passant par l’île de Maddalena en Sardaigne.
Mais quand on lui demande s’il n’a pas pensé un jour concrétiser sa foi en devenant prêtre lui-même, Jean-Pierre répond humblement :
 
‘’ je ne sais pas si j’aurais été à la hauteur. A l’époque, Monseigneur Llosa me disait de rentrer au petit séminaire. J’ai hésité. Et puis le Seigneur ne m’a pas appelé ou du moins je ne l’ai pas entendu, confesse-t-il en souriant. J’ai préféré être un bon laïc, engagé auprès des représentants de Dieu. Ça a été mon sacerdoce. ’’
Mission accomplie.