Voici le communiqué :
« Transports maritimes : constat et responsabilités de l’impasse actuelle pour la Corse
Le processus de liquidation de la SNCM et les incertitudes majeures pesant sur la reprise dans le très court terme par une offre sérieuse, au sens de la viabilité économique, et de la préservation des intérêts fondamentaux de la Corse en termes d’emplois et de développement, démontrent la gestion chaotique de ce dossier par l’État et l’Exécutif de la Collectivité Territoriale de Corse.
Dans un secteur aussi stratégique pour l’avenir de l’île et son développement, il semble que l’on ait adopté le plus mauvais chemin qui soit en termes de méthode, depuis des mois, voire des années. Notamment depuis l’intervention de Transdev dans le capital de la compagnie.
D’aucuns auraient voulu le faire exprès pour arriver à une situation explosive sur le plan économique et social qu’ils ne s’en seraient pas pris autrement !
Les grèves de 2014 ont lourdement impacté les entreprises et notre économie, créant un véritable phénomène de récession, mesuré et avéré, pénalisant durablement l’emploi et l’investissement. Comment un jeune Corse pourrait-il envisager de se former et d’apprendre pour voir les débouchés touristiques se fermer et ne lui offrir que de la précarité ? Comment les entreprises pourraient-elles investir sans pouvoir se fier au système de desserte ?
Mais ces ultimes avanies pèsent peu à côté des décennies d’errements volontaires dans un dossier pourtant stratégique : peut-on encore feindre d’ignorer aujourd’hui qu’une île doit maîtriser ses transports ? On aurait certes pu espérer que ces derniers évènements encouragent la CTC comme l’Etat à accélérer le pas sur l’étude de toutes les solutions qui s’imposent pour éviter le pire. Il n’en a rien été. Cette attitude frise l’inconscience.
Si l’on y regarde de plus près du point de vue du processus technique en cours, le cumul des incertitudes est tel aujourd’hui qu’il apparaît évident que la solution structurelle n’est pas dans ce ballet qui se déroule sous nos yeux : incertitude sur le financement du plan social, incertitudes sur le réel effacement de la dette vis-à-vis de la commission européenne, incertitudes sur la poursuite temporaire d’une DSP ou d’une sous-délégation, logique inacceptable d’appropriation de navires dans le prévisionnel de certaines offres, incertitudes majeures sur le nombre d’emplois repris, doutes sérieux quant à la pérennité des modèles économiques présentés pour l’avenir d’une compagnie, prise en compte au final de l’intérêt fondamental de la Corse…
Voilà qui signe l’épilogue d’une saga dont chaque épisode est plus insupportable, qu’il s’agisse de vendre une société financée par l’argent de la Corse à Butler capital ou de définir une flotte inadaptée aux besoins des acteurs de l’économie corse. L’agonie d’un modèle vieux de plusieurs décennies, ayant largement profité au Port de Marseille, et pénalisé la Corse en tout temps, risque dans ses derniers soubresauts de mettre à mal encore un peu plus une économie corse déjà en crise profonde.
L’absence totale de stratégie et de modèle alternatif à la crise actuelle de la part de l’État et de l’Exécutif
Pour Inseme per a Corsica, cette situation est proprement inacceptable. Nous tenons à réaffirmer ici, que toute solution viable, concrète et conforme à la maîtrise des transports maritimes par la Corse, est essentiellement politique.
En ce sens, nous ne pouvons que fustiger l’attitude de l’exécutif qui n’a pas daigné mettre en œuvre l’étude, votée par l’assemblée de Corse, sur la constitution d’une compagnie maritime corse et a, en outre, interrompu délibérément les travaux de la commission ad hoc vouée à ces travaux.
Nous ne pouvons que nous interroger sur le fait que l’Exécutif et l’État aient laissé trainer en longueur ce dossier, en laissant se dérouler le jeu du tribunal de commerce avec annonces et contre-annonces dignes d’une comédie dramatique, pour arriver à la pire des situations en plein début de saison 2015, sans alternative, sans vision stratégique, sans ambition claire pour notre pays. Une fois de plus, la logique des opérateurs prévaut, comme si cela était normal, sur les intérêts nationaux de la Corse.
La réaction à enclencher et les axes pour une réelle solution
Pour Inseme per a Corsica, il est clairement établi qu’il convient dès à présent :
- De prévoir des mesures logistiques, fiscales, et financières d’urgence en cas de conflit majeur dans le court terme ;
- De remettre sur la table, les solutions « oubliées » pour éviter de dépendre d’un jeu de lobby contraire, in fine, aux intérêts majeurs de l’île.
Pour notre part, nous pensons que l’initiation d’une nouvelle donne sur ce thème majeur passe par une mobilisation des acteurs économiques et sociaux de l’île, et l’impulsion d’un véritable débat politique au sein de l’hémicycle de l’Assemblée de Corse sur la question de la politique des transports.
En termes d’initiatives, dans le cadre de la construction des ses orientations programmatiques,
Inseme per a Corsica invitera début juin les acteurs centraux de ce dossier (syndicats, entrepreneurs, collectifs) pour mettre à l’étude, autour du principe central de maîtrise des transports, deux pistes essentielles laissées pour l’heure, sur le bord de la route :
- Les implications de la création d’une compagnie maritime corse en termes de statut juridique, de modèle économique, de statut des employés, de perspectives de développement commercial, de moyens ;
- La possibilité d’élargir la constitution d’un opérateur régional, outre la Corse, à une ou plusieurs collectivités méditerranéennes qui ont un intérêt stratégique à agir en raison de leurs contraintes dans ce domaine, comme c’est le cas de la Sardaigne vis-à-vis du continent italien. Il est à noter que la question brûlante et d’actualité de la liquidation de la SAREMAR est naturellement posée dans ce cadre. Outre les aspects liés à la constitution d’un éventuel opérateur commun à des partenaires publics méditerranéens (sous forme de GIE, ou sous un partenariat public-privé), l’étude sur ce point porterait aussi sur le cadre possible pour le financement de lignes transfrontalières nouvelles au travers de programmes européens 2014-2020 existants (Marrittimo et Med), en sus de la possibilité de candidater aux DSP françaises et italiennes.
- La mise en place d’un réel échange politique avec la Commission Européenne avec d’autres partenaires insulaires et méditerranéens, sur la base de l’article 174 du traité de Lisbonne reconnaissant les handicaps structurels des zones insulaires, montagnardes, et faiblement peuplées. Cet échange doit déboucher sur la réelle prise en compte des spécificités et handicaps notamment en termes de possibilités d’aides directes aux compagnies
Les solutions politiques, économiques et techniques issues de ces échanges seront bien entendu versées au débat dans les mois à venir, dans la mesure où il est malheureusement fort à parier que l’impasse dans laquelle se trouve la Corse sur ce point ne trouvera pas d’issue satisfaisante dans ce laps de temps selon la méthode en vigueur aujourd’hui. D’ici là, nous appelons les acteurs économiques et sociaux de l’île à la vigilance et à la mobilisation, et demandons à l’Assemblée de Corse de traduire dans ses débats la réelle dimension politique et stratégique que revêt cette question pour l’avenir de l’île. »
« Transports maritimes : constat et responsabilités de l’impasse actuelle pour la Corse
Le processus de liquidation de la SNCM et les incertitudes majeures pesant sur la reprise dans le très court terme par une offre sérieuse, au sens de la viabilité économique, et de la préservation des intérêts fondamentaux de la Corse en termes d’emplois et de développement, démontrent la gestion chaotique de ce dossier par l’État et l’Exécutif de la Collectivité Territoriale de Corse.
Dans un secteur aussi stratégique pour l’avenir de l’île et son développement, il semble que l’on ait adopté le plus mauvais chemin qui soit en termes de méthode, depuis des mois, voire des années. Notamment depuis l’intervention de Transdev dans le capital de la compagnie.
D’aucuns auraient voulu le faire exprès pour arriver à une situation explosive sur le plan économique et social qu’ils ne s’en seraient pas pris autrement !
Les grèves de 2014 ont lourdement impacté les entreprises et notre économie, créant un véritable phénomène de récession, mesuré et avéré, pénalisant durablement l’emploi et l’investissement. Comment un jeune Corse pourrait-il envisager de se former et d’apprendre pour voir les débouchés touristiques se fermer et ne lui offrir que de la précarité ? Comment les entreprises pourraient-elles investir sans pouvoir se fier au système de desserte ?
Mais ces ultimes avanies pèsent peu à côté des décennies d’errements volontaires dans un dossier pourtant stratégique : peut-on encore feindre d’ignorer aujourd’hui qu’une île doit maîtriser ses transports ? On aurait certes pu espérer que ces derniers évènements encouragent la CTC comme l’Etat à accélérer le pas sur l’étude de toutes les solutions qui s’imposent pour éviter le pire. Il n’en a rien été. Cette attitude frise l’inconscience.
Si l’on y regarde de plus près du point de vue du processus technique en cours, le cumul des incertitudes est tel aujourd’hui qu’il apparaît évident que la solution structurelle n’est pas dans ce ballet qui se déroule sous nos yeux : incertitude sur le financement du plan social, incertitudes sur le réel effacement de la dette vis-à-vis de la commission européenne, incertitudes sur la poursuite temporaire d’une DSP ou d’une sous-délégation, logique inacceptable d’appropriation de navires dans le prévisionnel de certaines offres, incertitudes majeures sur le nombre d’emplois repris, doutes sérieux quant à la pérennité des modèles économiques présentés pour l’avenir d’une compagnie, prise en compte au final de l’intérêt fondamental de la Corse…
Voilà qui signe l’épilogue d’une saga dont chaque épisode est plus insupportable, qu’il s’agisse de vendre une société financée par l’argent de la Corse à Butler capital ou de définir une flotte inadaptée aux besoins des acteurs de l’économie corse. L’agonie d’un modèle vieux de plusieurs décennies, ayant largement profité au Port de Marseille, et pénalisé la Corse en tout temps, risque dans ses derniers soubresauts de mettre à mal encore un peu plus une économie corse déjà en crise profonde.
L’absence totale de stratégie et de modèle alternatif à la crise actuelle de la part de l’État et de l’Exécutif
Pour Inseme per a Corsica, cette situation est proprement inacceptable. Nous tenons à réaffirmer ici, que toute solution viable, concrète et conforme à la maîtrise des transports maritimes par la Corse, est essentiellement politique.
En ce sens, nous ne pouvons que fustiger l’attitude de l’exécutif qui n’a pas daigné mettre en œuvre l’étude, votée par l’assemblée de Corse, sur la constitution d’une compagnie maritime corse et a, en outre, interrompu délibérément les travaux de la commission ad hoc vouée à ces travaux.
Nous ne pouvons que nous interroger sur le fait que l’Exécutif et l’État aient laissé trainer en longueur ce dossier, en laissant se dérouler le jeu du tribunal de commerce avec annonces et contre-annonces dignes d’une comédie dramatique, pour arriver à la pire des situations en plein début de saison 2015, sans alternative, sans vision stratégique, sans ambition claire pour notre pays. Une fois de plus, la logique des opérateurs prévaut, comme si cela était normal, sur les intérêts nationaux de la Corse.
La réaction à enclencher et les axes pour une réelle solution
Pour Inseme per a Corsica, il est clairement établi qu’il convient dès à présent :
- De prévoir des mesures logistiques, fiscales, et financières d’urgence en cas de conflit majeur dans le court terme ;
- De remettre sur la table, les solutions « oubliées » pour éviter de dépendre d’un jeu de lobby contraire, in fine, aux intérêts majeurs de l’île.
Pour notre part, nous pensons que l’initiation d’une nouvelle donne sur ce thème majeur passe par une mobilisation des acteurs économiques et sociaux de l’île, et l’impulsion d’un véritable débat politique au sein de l’hémicycle de l’Assemblée de Corse sur la question de la politique des transports.
En termes d’initiatives, dans le cadre de la construction des ses orientations programmatiques,
Inseme per a Corsica invitera début juin les acteurs centraux de ce dossier (syndicats, entrepreneurs, collectifs) pour mettre à l’étude, autour du principe central de maîtrise des transports, deux pistes essentielles laissées pour l’heure, sur le bord de la route :
- Les implications de la création d’une compagnie maritime corse en termes de statut juridique, de modèle économique, de statut des employés, de perspectives de développement commercial, de moyens ;
- La possibilité d’élargir la constitution d’un opérateur régional, outre la Corse, à une ou plusieurs collectivités méditerranéennes qui ont un intérêt stratégique à agir en raison de leurs contraintes dans ce domaine, comme c’est le cas de la Sardaigne vis-à-vis du continent italien. Il est à noter que la question brûlante et d’actualité de la liquidation de la SAREMAR est naturellement posée dans ce cadre. Outre les aspects liés à la constitution d’un éventuel opérateur commun à des partenaires publics méditerranéens (sous forme de GIE, ou sous un partenariat public-privé), l’étude sur ce point porterait aussi sur le cadre possible pour le financement de lignes transfrontalières nouvelles au travers de programmes européens 2014-2020 existants (Marrittimo et Med), en sus de la possibilité de candidater aux DSP françaises et italiennes.
- La mise en place d’un réel échange politique avec la Commission Européenne avec d’autres partenaires insulaires et méditerranéens, sur la base de l’article 174 du traité de Lisbonne reconnaissant les handicaps structurels des zones insulaires, montagnardes, et faiblement peuplées. Cet échange doit déboucher sur la réelle prise en compte des spécificités et handicaps notamment en termes de possibilités d’aides directes aux compagnies
Les solutions politiques, économiques et techniques issues de ces échanges seront bien entendu versées au débat dans les mois à venir, dans la mesure où il est malheureusement fort à parier que l’impasse dans laquelle se trouve la Corse sur ce point ne trouvera pas d’issue satisfaisante dans ce laps de temps selon la méthode en vigueur aujourd’hui. D’ici là, nous appelons les acteurs économiques et sociaux de l’île à la vigilance et à la mobilisation, et demandons à l’Assemblée de Corse de traduire dans ses débats la réelle dimension politique et stratégique que revêt cette question pour l’avenir de l’île. »