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Incendie : A Taglio-Isolaccio, le pire a été évité de justesse, le maire s’interroge…


Nicole Mari le Jeudi 4 Janvier 2018 à 21:19

Sur la commune de Taglio-Isolaccio, en Costa Verde, l’incendie, qui s’est déclaré mercredi soir, aux environs de 21 heures, a été circonscrit dans la nuit, peu après que le vent de la tempête Eleanor, qui soufflait par rafales violentes, est tombé. Près de 150 hectares ont été brûlés et une partie de la ZNIEFF a été endommagée. Si aucun blessé n’est à déplorer, les flammes ont léché les maisons dans certains lotissements en amont de la route territoriale (RT) 10, le pire a été évité de justesse. Le maire, Marie-Thérèse Mariotti, s’interroge sur la pertinence à l’échelle de la Corse de la législation en vigueur en matière d’entretien des terrains.



Plaine de Taglio-Isolaccio, lieu-dit Bernaccia en bordure de la ZNIEFF.
Plaine de Taglio-Isolaccio, lieu-dit Bernaccia en bordure de la ZNIEFF.
Il s’en ait fallu de peu pour que le bilan sur la commune de Taglio –Isolaccio, en Plaine Orientale, soit aussi désastreux qu’à Chiatra, pour ne pas dire pire ! Selon les premières constations, le feu se serait déclenché entre la plaine et le hameau d’Isolaccio sur un petit chemin, au niveau de la ligne haute tension, où le sol est recouvert de fougères sèches. Les rafales violentes de vent ont très vite embrasé les fougères, hautes d’un mètre, puis les chênes lièges, nombreux dans la région. Les premiers témoins, qui ont donné l’alerte, ont vu le ciel rougeoyer juste après 21 heures. La direction du vent a fait descendre le feu vers plusieurs directions : côté Nord, vers la route menant au Pont en fer et à la centrale électrique, côté Est et Sud-Est vers la plaine et la route, la RT 10, entre Folelli et Taglio-Isolaccio. Rapidement, le feu a atteint, en plaine, les lotissements de San Piovanacce Soprana, Terra Rossa et Fiume d’Olmo où des maisons ont été léchées par les flammes. Aucune n’a brûlé. Un vrai miracle ! « Mon jardin était parfaitement entretenu, pourtant il a complètement brûlé. La sécheresse est telle que n’importe quoi, n’importe quel accident, peut tout embraser », commente, désabusé, un habitant. La solidarité et l’intervention rapide des sapeurs-pompiers ont permis d’éviter de justesse le pire. A 23 heures, un habitant, dont la maison située en plein maquis s’est retrouvée au milieu du brasier, envoyait des signaux de détresse avec une lampe torche, les pompiers ont eu beaucoup de difficultés à arriver jusqu’à lui, ils ont du traverser les flammes pour le sauver. Ce n’est que vers minuit, lorsque le vent est tombé que le risque s’est éloigné. L’incendie a été maîtrisé vers 2 heures du matin.

Le brasier autour de la maison du rescapé, toujours fumant ce matin.
Le brasier autour de la maison du rescapé, toujours fumant ce matin.
La ZNIEFF endommagée
Le jour s’est levé sur un paysage de désolation en plaine. Près de 150 hectares sont brûlés, une bonne partie de la ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique) est endommagée. Même si le feu est circonscrit, il n’est pas éteint pour autant, les craintes persistent, notamment au niveau des conditions météo. « Le feu est en sommeil. Si le vent se lève, on ne sait pas ce qui peut se passer », commente la mairesse de Taglio-Isolaccio, Marie-Thérèse Mariotti, qui, avec son 1er adjoint, Thomas Cipriani, ont fait, dès le matin, le tour des zones sinistrées, après avoir été sur le terrain une partie de la nuit. Une trentaine de pompiers sont restés toute la journée en surveillance dans la zone. Cet incendie, en plein hiver, aurait pu tourner au désastre. « C’est peu dire que nous remercions les pompiers qui sont encore, aujourd’hui, à pied d’œuvre après avoir combattu les flammes et veillé toute la nuit, ils sont venus de Luri et de Lucciana. Je remercie, également, les gendarmes de la brigade de Penta-di-Casinca qui ont fait la circulation et nous ont aidés, mais aussi les services EDF qui, en une demi-journée, ont rétabli les compteurs sur toute la commune. Je remercie, bien sûr, mes administrés de la Plaine qui ont fait preuve de beaucoup de calme et de responsabilité. Ils ont été très bien ! Je voudrais, enfin, remercier les élus et les maires d’autres communes qui m’ont apporté leur solidarité », tient à préciser la mairesse.
 
Des moyens de prévention à revoir
En milieu d’après-midi, Marie-Thérèse Mariotti, s’est rendue à la gendarmerie de Folelli pour demander l'ouverture d'une enquête préliminaire afin d’établir les causes du sinistre. « Il faut, d’abord, vérifier le lieu de départ de l’incendie. On penche, pour l’instant, pour une origine accidentelle. Mais si la piste criminelle est privilégiée, il y aura un dépôt de plainte », précise-t-elle. Quelque soit l’origine de l’incendie, elle estime qu’il faut s’interroger sur la pertinence des moyens aujourd’hui mis en œuvre en matière de prévention. « J’en ai discuté avec bon nombre de maires qui ont connu des situations similaires sur leur commune. Comme on ne peut pas débroussailler le maquis, il est absolument nécessaire que les terrains mitoyens des zones sensibles soient toujours parfaitement entretenus. La législation actuelle, qui oblige à débroussailler au 30 juin, n’est pas adaptée à la Corse, surtout en cas de longue période de sécheresse et dans un contexte d’indivision avec des propriétaires multiples pour un même terrain. C’est d’une trop grande complexité à gérer ! Il faudrait simplifier la législation tout en la rendant beaucoup plus drastique. Un de mes administrés a eu très peur, hier soir. Sa maison, en plein maquis, était cernée par les flammes. Le feu est arrivé jusqu’à la clôture de son jardin. Le fait qu’il avait débroussaillé autour a été déterminant, il a pu ainsi être sauvé et sauver sa maison ».
 
N.M.