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Hommage au résistant corse Fred Scamaroni, mort il y a 75 ans


Sylvain Amiotte le Lundi 19 Mars 2018 à 20:20

Emprisonné et torturé par la police fasciste dans la citadelle d’Ajaccio, cet illustre résistant corse avait préféré se suicider plutôt que de parler, le 19 mars 1943, à l’âge de 29 ans. Soixante quinze ans après sa mort, un hommage lui a été rendu ce lundi soir devant le monument érigé en sa mémoire à Ajaccio, en présence de sa nièce.



L'hommage s'est déroulé devant le monument érigé en hommage à Fred Scamaroni, sur le boulevard qui porte son nom à Ajaccio.
L'hommage s'est déroulé devant le monument érigé en hommage à Fred Scamaroni, sur le boulevard qui porte son nom à Ajaccio.
« Je n’ai pas parlé. Vive De Gaulle, vive la France ! » Les derniers mots de Fred Scamaroni, écrits avec son sang sur le mur de sa cellule de la citadelle d’Ajaccio, résument le sacrifice du jeune résistant corse, ce 19 mars 1943.

Un hommage républicain lui a été rendu, lundi soir, sur le boulevard qui porte son nom, dans la cité impériale, en présence du préfet Bernard Schmeltz et d’élus de droite, au premier rang desquels le maire Laurent Marcangeli et le député Jean-Jacques Ferrara.

Le parcours d'un résistant corse

Avant les dépôts de gerbes et la Marseillaise, le parcours de Godefroy Scamaroni, dit Fred, a été rappelé brièvement par Andrée Vesperini, secrétaire locale de l’ANACR (Association nationale des Anciens combattants et Amis de la Résistance).

Né à Ajaccio en 1914, issu d’une « famille de Bonifacio et de Levie » dixit sa nièce présente ce lundi, Fred Scamaroni était devenu chef de cabinet de préfecture après une licence de droit à Paris. Parti au front dès septembre 1939, il est grièvement blessé en mai 1940 puis rejoint l’Angleterre à l’appel du général De Gaulle. Lors d’une mission pour les Forces françaises libres, il est arrêté à Dakar et ramené en France, où il est considéré comme un déserteur par le pouvoir de Vichy. Libéré en janvier 1941 et révoqué du corps préfectoral, il poursuit son activité de résistance.

Intégré à l’état-major particulier du général De Gaulle, il se rend une première fois en Corse en avril 1941 pour y monter un réseau capable de faciliter un débarquement allié. Le 7 janvier 1943, il gagne à nouveau l’île depuis Alger à bord d’un sous-marin britannique. Objectif : finaliser la constitution d’un réseau de résistants, « face aux 80 000 Italiens qui occupent l’île ». Deux mois plus tard, le 18 mars 1943, il est repéré et emprisonné dans la citadelle d’Ajaccio. Torturé, il met fin à ses jours le lendemain, à l’âge de 29 ans, afin de protéger ses compagnons de la résistance.

Cité récemment par le président de la République

Un suicide « comme dernier acte de foi et d’espérance dans un monde meilleur que lui ne verra pas », a souligné Andrée Vesperini, rendant hommage à « une vie exemplaire ».
 
Ce parcours singulier a été salué tout récemment par le président de la République lui-même, lors de l’hommage rendu au préfet Erignac à Ajaccio, le 6 février dernier. Dans son discours, Emmanuel Macron avait cité l’exemple de Fred Scamaroni pour illustrer l’attachement historique entre la France et la Corse, opposant la « vraie » résistance des insulaires pour l’indépendance de la France aux attentats visant à obtenir une indépendance de l’île.

"Je tiens toujours le flambeau"

« Cette mention m’a beaucoup touchée », confie Françoise Lebard, nièce du résistant corse, qui a fait le déplacement de Paris à Ajaccio ce lundi. Née en 1940, elle est la fille d’une des sœurs de Fred Scamaroni : « Ma maman venait toujours lui rendre hommage. Je tiens ,à mon tour, toujours le flambeau. Pour tous ceux qui l’ont connu, Fred était une figure lumineuse, quelqu’un d’extraordinaire. Je ne l’ai pas connu, je sais juste qu’il m’a prise dans ses bras, mais j’ai toujours été frappée par son aura. » Un autre neveu, fils d’une seconde sœur du résistant, vit toujours en Corse, à Bastia, mais n’a pu se déplacer lundi à cause des intempéries.

"Lien profond" avec la République

Pour Andrée Vesperini, Fred Scamaroni « fait partie de cette longue liste de Corses morts pour la France ». Son parcours, a-t-elle conclu, « doit nous servir d’exemple à nous tous Républicains. Le renoncement ne doit jamais l’emporter. En honorant un enfant de Corse, nous exprimons aux générations d’aujourd’hui et de demain le lien profond qui unit cette île à la République, à sa devise de liberté, d’égalité et de fraternité.» Comme un écho au discours du chef de l’Etat.
 

Andrée Vesperini a retracé brièvement le parcours du jeune résistant corse.
Andrée Vesperini a retracé brièvement le parcours du jeune résistant corse.

Une trentaine de personnes étaient présentes, dont le préfet Bernard Schmeltz, le député Jean-Jacques Ferrara, et le maire ajaccien Laurent Marcangeli.
Une trentaine de personnes étaient présentes, dont le préfet Bernard Schmeltz, le député Jean-Jacques Ferrara, et le maire ajaccien Laurent Marcangeli.