Prévenir et lutter contre l’exploitation sexuelle : c’est l’objectif du séminaire départemental qui a été organisé le 15 décembre à la préfecture de Haute-Corse. Réunis dans le cadre de la stratégie de lutte contre le système prostitutionnel et l’exploitation sexuelle portée par le gouvernement depuis 2024, professionnels de terrain, institutions et associations ont échangé pendant une journée sur les moyens de renforcer la prévention, le repérage et l’accompagnement des personnes concernées par la prostitution sur le territoire.
« Le but, c'est de travailler avec les professionnels pour améliorer à la fois l’identification des situations sur notre territoire, mais également pour réfléchir à la manière d'accompagner les personnes qui sont en situation de prostitution », explique Laureline Roux, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes à la préfecture. Alors que l’après-midi était consacré aux majeurs, la matinée s’est focalisée sur la prévention et le repérage des situations chez les mineurs, un enjeu majeur pour empêcher l’exposition à l’exploitation sexuelle dès le plus jeune âge.
Repérer les premiers signes
Le séminaire a notamment mis en lumière l’importance de sensibiliser les professionnels à l’exploitation sexuelle des mineurs, une thématique assez présente à travers le département. « C'est un domaine qui existe, en tous les cas sur les trois territoires que l'on couvre avec mes collègues, qui sont la Plaine orientale, le Grand Bastia et la Balagne », indique Laurent Colombani, éducateur de prévention au sein de l'association LEIA. « Il peut y avoir des situations de prostitution et notamment de plus en plus chez les mineurs : la prostitution classique que l'on pouvait voir il y a quelques années s'est transformée en une prostitution digitale, numérique. On vit dans un endroit où pratiquement tout le monde se connaît, alors ça se passe sur les réseaux, dans des endroits cachés. »
Pour faire face à ce phénomène, les professionnels multiplient les actions de prévention et de repérage. « On fait un gros travail de territoire, de présence sociale sur les rassemblements de jeunes, de soutien à la parentalité. On essaie de travailler en amont en faisant beaucoup de prévention et ça nous amène à travailler avec les familles et à déceler les premiers signes de la prostitution », précise Laurent Colombani. Des premiers signes qui peuvent être « une différence de quotidien chez certains jeunes, comme des jeunes qui deviennent de plus en plus isolés, qui se mettent un peu en retrait de la société, qui se désocialisent, qui ont des habitudes qui diffèrent par rapport à ce qu'on avait pu connaître avec eux avant ». « Il y a aussi une grosse pression sociale, la précarité sociale joue à plein régime en Corse et il ne faut pas enlever le fait que certaines personnes jouent avec ça et se servent de ça pour attirer notre jeunesse vers une prostitution. »
Afin de renforcer cette prévention, la formation des professionnels, notamment en milieux scolaires, est essentielle. « On travaille beaucoup avec les assistantes scolaires et les infirmières scolaires parce qu’on se dit que ces professionnels peuvent être en contact avec des publics pour lesquels ils ont identifié des signaux et des indicateurs. Ensuite, on veut aussi sensibiliser les CPE, parce qu'ils ont une vision assez globale des élèves qui sont confiés dans leur établissement. Il y a des dispositifs qui existent au niveau national, et notamment le réseau PARE, qui travaille spécifiquement sur la question de l'exploitation sexuelle des mineurs et qui propose des outils de sensibilisation pour aborder ce sujet avec les jeunes de manière adaptée et de manière accessible sans être trop frontal. L'objectif n'est pas de leur faire peur ou de les inquiéter, mais plutôt de les sensibiliser sur les dangers qui sont présents », souligne Laureline Roux.
Le séminaire a également été l’occasion de rappeler les risques encourus dans le cadre de prositution, que ce soit au niveau des majeurs ou des mineurs. « D'une part, l'activité prostitutionnelle expose à un certain nombre de risques sanitaires, psychologiques, sociaux, à une stigmatisation sociale en particulier », explique Marie Peretti-Ndiaye, sociologue. « Mais d’autre part, elle expose également les autres acteurs du système prostitutionnel, à savoir les clients et les proxénètes, à des risques légaux. À un moment donné, c'est important qu’on puisse nommer ce risque et prendre en compte les dangers qu'il fait peser sur les uns et les autres. »
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