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Halle des marchés d'Ajaccio : les commerçants inquiets


Laurina Padovani le Mercredi 3 Avril 2019 à 09:04

Une première prise de contact tendue entre la municipalité d’Ajaccio et les commerçants de la future Halle Campinchi. Une cinquantaine de producteurs et artisans est venue faire part de ses inquiétudes. Le projet phare en terme d’aménagement de la mandature de Laurent Marcangeli rentre dans le cadre du programme ''Cœur de ville''. Une mandature qui ambitionne une reconquête du centre-ville afin de contrecarrer l’extension des zones commerciales périphériques.



©Michel Luccioni
©Michel Luccioni
''La mairie nous fait un marché couvert, elle nous donne un outil de travail. Les temps ont changé d’accord, il y a des règles à respecter, mais là il y a trop de pressions, trop d’administratif. Il faut faire attention. Nous avons déjà suffisamment de soucis avec nos chiffres d’affaires.''
L’intervention du producteur sexagénaire, ''né'' sur le marché d'Ajaccio, a été applaudi par les cinquante autres commerçants présents mardi à la première réunion d’information de la mairie sur les travaux de la Halle Campinchi. Et la présentation du projet, conjointement animée par Sophie Boyer de la Giroday de la Société Publique Locale (SPL)  ‘’Ametarra’’ et Sébastien Ferracci, directeur du commerce et de l’artisanat à la marie d'Ajaccio, n’aura pas réussi à les apaiser.  Pourtant le discours de plus de 30 minutes était tout à fait préparé. Il faut bien dire que le projet le méritait. 


Pas moins de 5,5 millions€ ont été investis dans les travaux d’aménagement de l’espace Campinchi. Un projet rattaché au programme ‘’Cœur de ville’’ qui permet à plus de 200 villes d’être aidées dans le réinvestissement de leur centre-ville.
Véritable point névralgique de la cité impériale, le périmètre délimité par l'hôtel de ville, l'office de tourisme et l'ancienne crèche Elisa est en pleine restructuration. La place Campinchi, qui devait à l’origine être un parking, se transforme en espace de promenade. Pas moins de 53 arbres sur 2400 m2 et les quais napoléoniens qui ressortent de l’eau.


Mais après avoir rappeler le contexte alentour,  Sébastien Ferracci est rapidement revenu sur le sujet du jour : la halle des marchés. Après un diagnostic en 2016 faisant état d’un déficit sur l’activité alimentaire (7 % à Ajaccio quand d’autres villes de même densité affichent entre 11 et 15%) la municipalité a eu dans l’intention de requalifier l’offre commerciale.
Principal édifice du réaménagement, le marché alimentaire s’étend sur 1200 m2.
Une partie ouverte de 800 m² entièrement équipée pour accueillir le marché d’Ajaccio actuellement sur la Place Foch. Cet espace couvert mais ouvert se transformera en espace public en dehors des horaires de marchés. Sous la verrière de 400 m2 de la partie fermée, la halle à poisson viendra également s’installer. 12 boxes de 6 m2 et 8 bancs pour les patrons pêcheurs.  Pour accéder à cette halle fermée et ses stands fixes, un avis à concurrence est établi par la ville. 


Ce volet administratif fait naitre des inquiétudes. Les commerçants s’interrogent sur les attentes de la mairie et la possibilité de voir arriver ​des commerçants continentaux qui ne proposeraient pas des produits corses. Aucune information ne sera pourtant donnée sur les critères de sélection d'attribution des stands et les produits attendus.
 

Le stationnement toujours dans le débat

Pour ce qui concerne le fonctionnement du marché, il reste le même. Des conventions d’occupation de domaine public seront attribuées avec possibilité de renouvellement. Le parking à l'arrière de l'école Elisa sera destiné aux commerçants qui ont un camion frigorifique afin d’avoir accès au raccord électrique. Mais ce qui inquiète l’assistance, c’est le manque de parkings.
Comment les clients pourront-ils venir dans le marché alors que la ville manque cruellement de stationnements?
 ''No parking, no buisness '' lance une commerçante en colère.

Le premier adjoint, Stéphane Sbraggia, assure que la clientèle du marché Campinchi sera ajaccienne, du centre-ville.
''Il n’y a pas que des clients qui viennent de l’extérieur de la ville. Cet endroit est fait pour les ajacciens du centre. Il ne faut pas les oublier. Le cœur de ville réagit  au surdéveloppement de la zone périphérique. Une problématique que connaissent beaucoup de villes en France. Cette situation ne peut être ignorée. Nous devons réagir pour sauver l’activité du coeur de ville.''

Un artisan assure pourtant qu’aujourd’hui, seulement 1% de sa clientèle habite dans le centre ville. Les ¾ viennent, selon lui, de l’extérieur. Afin d’apaiser les esprits, un commerçant plus mesuré se place en médiateur, s’adressant à la municipalité puis à ses confrères  .
''Vous devez comprendre que c’est beaucoup d’émotion car c’est notre gagne-painAprès de multiples modifications depuis les 4 dernières années, nous avons aujourd’hui une municipalité qui nous associe à ce projet. On est là pour désamorcer les tensions, notamment sur la question de places. Tout le monde en veut une, pour ses remorques,  ses stands. Il y a beaucoup de travail. Nous sommes des artisans et nous avons un emplacement qui nous permet aussi de travailler avec les milliers de croisiéristes qui vont arriver.Nous avons un projet commun à mettre en place et une carte à jouer. ''
 
A la fin du mois de juillet, les commerçants connaitront leurs emplacements respectifs. 
L’ouverture du marché est prévue dans le courant du dernier trimestre de l’année 2019.  

©Michel Luccioni