Ce qui frappe immédiatement chez Gray c’est son regard. Profond et sensible. Et cette grande humilité aussi face au milieu artistique dans lequel il évolue. Il avoue être entré dans ce métier « par hasard, comme ça. Il n’y avait pas vraiment d’artistes dans ma famille. Pas de personnes connues. Ma mère, bien-sûr, me faisait écouter de la grande musique et j’aimais le cinéma, déjà, plus jeune. Mais sans l’idée d’en faire mon métier. Comment imaginer ça, à quinze ans, quand on vit à Bastia ! » Alors il rejoint cette profession sans en connaître les codes, les références, avec ce sentiment d’être un peu là par erreur. Cette anecdote du cours Florent est significative, il raconte : « Un jour, un professeur nous demande de citer trois metteurs en scène avec lesquels on aimerait travailler et quand arrive mon tour, je cite Weber mais Jacques, l’acteur, pas Francis, le réalisateur [rires].»
Lorsqu’on l’interroge sur sa collaboration avec Lafranchi, il explique : « J’ai rencontré Jean-Pierre il y a quelques années quand il préparait Caligula. Je m’intéressais à son travail. On s’est vu pour des lectures mais ça ne s’est pas fait. Quand il a décidé de monter la pièce César Vezzani il a alors pensé à moi. » Une pièce de théâtre ambitieuse avec une équipe importante, les acteurs et actrices bien-sûr mais aussi, à leur côté, sur scène, 40 musiciens et les chanteurs. Et quinze jours de répétition. « Jean-Pierre s’est évidemment inspiré de la vie de Vezzani mais n’est pas dans la recherche de l’authenticité à tout prix. Il se permet des digressions. On plonge parfois dans la comédie italienne, on se croirait chez Carlo Goldoni. La scène d’après, beaucoup plus sérieuse, te voilà dans du Shakespeare. Et ça fonctionne parfaitement ! [rires] »
Gray n’est pas seul sur scène pour interpréter le grand César, la partie chantée est assurée par le ténor ajaccien, Jean-François Marras. « Au début, j’étais étonné, deux acteurs pour le même rôle ? Puis très vite, j’ai vu l’intérêt. Ça fonctionne vraiment. Ça permet d’aborder plusieurs facettes chez ce personnage qui n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir. Il avait ses démons, une personnalité particulière. » Il poursuit : « C’est une pièce qui fait voyager, de Marseille à Bastia. Il y a beaucoup de tableaux, de changements de décors sur scène. Je cours souvent en coulisse pour récupérer un accessoire… Et ce personnage ! Sa vie est passionnante, on voit un homme se transformer, se cultiver, se passionner pour son art. Sa rencontre à Toulon avec la cantatrice Agnès Borgo [qui deviendra son épouse, NDLR] a forcément changé sa vie. »
Et si Gray Orsatelli s’enthousiasme du projet, il n’est pourtant pas un habitué des planches. Quelques pièces à Paris ou Avignon mais il précise : « C’est la première fois que je joue dans une si grande salle. Je suis impressionné. Et c’est ma ville, ma région, j’ai grandi ici. » C’est drôle et touchant de le voir presque intimidé alors qu’il vient de tourner avec une immense actrice (lire plus loin).
« J’ai grandi dans le Cap et à Bastia. J’ai toujours aimé le cinéma. J’étais moins proche du théâtre mais je suis quand même allé voir une pièce ou deux. Je n’étais pas fan sur le moment mais je me rappelle avoir aimé l’ambiance, la scène, les acteurs… »
Suite à cette expérience, il se mets à lire des bios : « Je me suis rendu compte qu’on pouvait « choisir » ce métier. Je me suis renseigné sur les formations, les écoles. Et j’ai gardé ça dans un coin de ma tête. »
Un jour, à l’occasion d’une journée professionnelle au Lycée, il rencontre le réalisateur bastiais Gérard Guerrieri qui lui propose un petit rôle : « Il me dit “ t’as une gueule toi, viens jouer dans mon film”. Et je me retrouve à 17 ans dans Fin de Règne à jouer… avec une cagoule ! [rires]. Une semaine de tournage. J’adore immédiatement ça : l’ambiance du plateau, l’entente entre les plus jeunes et les plus anciens. »
Parti à Paris pour suivre des études de droit, il s’inscrit en parallèle au célèbre cours Florent et travaille à côté pour s’en sortir. « J’ai très vite abandonner la fac. A l’issue de ma formation au cours Florent, j’obtiens le prix le Prix Olga Horstig [créé en 2002, ce Prix a pour vocation de mettre en lumière une sélection d'étudiants comédiens sortants, NDLR] et un agent me repère. De là, très vite, les castings s’enchaînent et je décroche un rôle dans American Translation de Jean-Marc Barr. »
En 2010, il participe à la saison 3 de la série Mafiosa, dirigé par Éric Rochant « avec des acteurs incroyables comme Reda Kateb ou Joey Starr et toute l’équipe corse. »
Cette année, après avoir participé aux castings, il décroche un petit rôle dans 10 pour cent et se retrouve à jouer avec Sigourney Weaver. Mais Gray l’avoue : « Ce n’est pas facile de gérer une carrière. J’ai aussi refuser des rôles ou des aventures qui ne me correspondaient pas. Avec la peur de me voir coller une étiquette qui ne me convient pas. J’ai fait quelques pubs mais à l’international. » Quand on évoque la Corse ou il revient jouer, il confirme : « Elle est toujours là, dans chacun de mes rôles mais je ne me voyais pas rester ici. Je sais quelle transparait à travers moi. »
Particulièrement fan de Racine, Gray rêve d’interpréter Neron sur les planches et de jouer avec James Gray ou Christopher Nolan. Il enchaine le théâtre, la télévision, la publicité mais n’oublie pas sa passion première, le cinéma. Si quelques projets récents n’ont pas aboutis, il en a profité pour écrire. « Un scénario, oui. Un long métrage. » Qu’il aimerait réaliser ? « Je n’y pense pas comme ça mais en même temps, c’est une histoire très personnelle. Mon “bébé” alors oui, je me vois mal le donner à quelqu’un d’autre. » Très humble, il continue : « En même temps, je suis acteur, pas réalisateur. Alors ça pourrait être un projet partagé avec un “vrai“ réalisateur. Pour ne pas partir seul à l’aventure. » A bon entendeur…
Lorsqu’on l’interroge sur sa collaboration avec Lafranchi, il explique : « J’ai rencontré Jean-Pierre il y a quelques années quand il préparait Caligula. Je m’intéressais à son travail. On s’est vu pour des lectures mais ça ne s’est pas fait. Quand il a décidé de monter la pièce César Vezzani il a alors pensé à moi. » Une pièce de théâtre ambitieuse avec une équipe importante, les acteurs et actrices bien-sûr mais aussi, à leur côté, sur scène, 40 musiciens et les chanteurs. Et quinze jours de répétition. « Jean-Pierre s’est évidemment inspiré de la vie de Vezzani mais n’est pas dans la recherche de l’authenticité à tout prix. Il se permet des digressions. On plonge parfois dans la comédie italienne, on se croirait chez Carlo Goldoni. La scène d’après, beaucoup plus sérieuse, te voilà dans du Shakespeare. Et ça fonctionne parfaitement ! [rires] »
Gray n’est pas seul sur scène pour interpréter le grand César, la partie chantée est assurée par le ténor ajaccien, Jean-François Marras. « Au début, j’étais étonné, deux acteurs pour le même rôle ? Puis très vite, j’ai vu l’intérêt. Ça fonctionne vraiment. Ça permet d’aborder plusieurs facettes chez ce personnage qui n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir. Il avait ses démons, une personnalité particulière. » Il poursuit : « C’est une pièce qui fait voyager, de Marseille à Bastia. Il y a beaucoup de tableaux, de changements de décors sur scène. Je cours souvent en coulisse pour récupérer un accessoire… Et ce personnage ! Sa vie est passionnante, on voit un homme se transformer, se cultiver, se passionner pour son art. Sa rencontre à Toulon avec la cantatrice Agnès Borgo [qui deviendra son épouse, NDLR] a forcément changé sa vie. »
Et si Gray Orsatelli s’enthousiasme du projet, il n’est pourtant pas un habitué des planches. Quelques pièces à Paris ou Avignon mais il précise : « C’est la première fois que je joue dans une si grande salle. Je suis impressionné. Et c’est ma ville, ma région, j’ai grandi ici. » C’est drôle et touchant de le voir presque intimidé alors qu’il vient de tourner avec une immense actrice (lire plus loin).
« J’ai grandi dans le Cap et à Bastia. J’ai toujours aimé le cinéma. J’étais moins proche du théâtre mais je suis quand même allé voir une pièce ou deux. Je n’étais pas fan sur le moment mais je me rappelle avoir aimé l’ambiance, la scène, les acteurs… »
Suite à cette expérience, il se mets à lire des bios : « Je me suis rendu compte qu’on pouvait « choisir » ce métier. Je me suis renseigné sur les formations, les écoles. Et j’ai gardé ça dans un coin de ma tête. »
Un jour, à l’occasion d’une journée professionnelle au Lycée, il rencontre le réalisateur bastiais Gérard Guerrieri qui lui propose un petit rôle : « Il me dit “ t’as une gueule toi, viens jouer dans mon film”. Et je me retrouve à 17 ans dans Fin de Règne à jouer… avec une cagoule ! [rires]. Une semaine de tournage. J’adore immédiatement ça : l’ambiance du plateau, l’entente entre les plus jeunes et les plus anciens. »
Parti à Paris pour suivre des études de droit, il s’inscrit en parallèle au célèbre cours Florent et travaille à côté pour s’en sortir. « J’ai très vite abandonner la fac. A l’issue de ma formation au cours Florent, j’obtiens le prix le Prix Olga Horstig [créé en 2002, ce Prix a pour vocation de mettre en lumière une sélection d'étudiants comédiens sortants, NDLR] et un agent me repère. De là, très vite, les castings s’enchaînent et je décroche un rôle dans American Translation de Jean-Marc Barr. »
En 2010, il participe à la saison 3 de la série Mafiosa, dirigé par Éric Rochant « avec des acteurs incroyables comme Reda Kateb ou Joey Starr et toute l’équipe corse. »
Cette année, après avoir participé aux castings, il décroche un petit rôle dans 10 pour cent et se retrouve à jouer avec Sigourney Weaver. Mais Gray l’avoue : « Ce n’est pas facile de gérer une carrière. J’ai aussi refuser des rôles ou des aventures qui ne me correspondaient pas. Avec la peur de me voir coller une étiquette qui ne me convient pas. J’ai fait quelques pubs mais à l’international. » Quand on évoque la Corse ou il revient jouer, il confirme : « Elle est toujours là, dans chacun de mes rôles mais je ne me voyais pas rester ici. Je sais quelle transparait à travers moi. »
Particulièrement fan de Racine, Gray rêve d’interpréter Neron sur les planches et de jouer avec James Gray ou Christopher Nolan. Il enchaine le théâtre, la télévision, la publicité mais n’oublie pas sa passion première, le cinéma. Si quelques projets récents n’ont pas aboutis, il en a profité pour écrire. « Un scénario, oui. Un long métrage. » Qu’il aimerait réaliser ? « Je n’y pense pas comme ça mais en même temps, c’est une histoire très personnelle. Mon “bébé” alors oui, je me vois mal le donner à quelqu’un d’autre. » Très humble, il continue : « En même temps, je suis acteur, pas réalisateur. Alors ça pourrait être un projet partagé avec un “vrai“ réalisateur. Pour ne pas partir seul à l’aventure. » A bon entendeur…
La série 10 pour cent
Gray Orsatelli, peu de temps avant de rejoindre Bastia pour les répétitions de César Vezzani, a joué dans la saison 4 de 10 pour cent, la série événement de France 2. Dans un des épisodes, réalisé par Marc Fitoussi, il se retrouve face à la grande actrice Sigourney Weaver pour une scène…particulière !
A propos de cet épisode le réalisateur confie « J’ai envoyé un mail avec le scénario en français un dimanche à 16 h 30. À 20 h 30 j’avais une réponse de Sigourney Weaver me disant qu’elle avait lu le texte et qu’elle était partante! C’était surréaliste... » Tandis que l’actrice américaine à l'immense carrière – Alien, Avatar, Gorille dans la Brume, etc.– répond : « C’était formidable. J’adore l’ensemble, j’adore l’équipe. Et on a tourné dans un cimetière et à Roissy, et tous les endroits de Paris, et c’était très sympa. Paris me manque déjà. »
Cet épisode et toute la saison 4 sera à découvrir à la rentrée sur France 2.
A propos de cet épisode le réalisateur confie « J’ai envoyé un mail avec le scénario en français un dimanche à 16 h 30. À 20 h 30 j’avais une réponse de Sigourney Weaver me disant qu’elle avait lu le texte et qu’elle était partante! C’était surréaliste... » Tandis que l’actrice américaine à l'immense carrière – Alien, Avatar, Gorille dans la Brume, etc.– répond : « C’était formidable. J’adore l’ensemble, j’adore l’équipe. Et on a tourné dans un cimetière et à Roissy, et tous les endroits de Paris, et c’était très sympa. Paris me manque déjà. »
Cet épisode et toute la saison 4 sera à découvrir à la rentrée sur France 2.
César Vezzani, l’empereur des ténors
Sous la direction artistique de Jean-Pierre Lanfranchi, le comédien Gray Orsatelli, l’Ensemble Tavagna, les chanteurs lyriques Julia Knecht et Jean-François Marras nous entraînent dans le sillage de César Vezzani, enfant des rues de Bastia devenu une légende planétaire par sa voix.
Représentation les vendredi 6 et samedi 7 mars - Teatru Municipale - 20h30 - Durée : 1h45
Mise en scène : Jean-Pierre Lanfranchi
Musique et orchestration : Luc Lautrey
Scénographie : Jérôme Casalonga / Costumes : Claire Risterucci
Lumières : Joël Adam / Son : Franck Rossi
Avec : Jean-François Marras, Gray Orsatelli, Julia Knecht, l’ensemble Tavagna, l’ensemble instrumental du Conservatoire Henri Tomasi, dirigé par Luc Lautrey
Représentation les vendredi 6 et samedi 7 mars - Teatru Municipale - 20h30 - Durée : 1h45
Mise en scène : Jean-Pierre Lanfranchi
Musique et orchestration : Luc Lautrey
Scénographie : Jérôme Casalonga / Costumes : Claire Risterucci
Lumières : Joël Adam / Son : Franck Rossi
Avec : Jean-François Marras, Gray Orsatelli, Julia Knecht, l’ensemble Tavagna, l’ensemble instrumental du Conservatoire Henri Tomasi, dirigé par Luc Lautrey