Gilles Simeoni, maire de Bastia et vice-président en charge de la politique sportive de la CAB.
- Cette 1ère rencontre ouvre-t-elle de nouvelles relations entre la CAB et la CTC ?
- Avant tout, il faut parler des nouvelles relations que nous voulons construire entre Bastia et les communes de la CAB. Jusqu’à notre élection, en mars 2014, Bastia s’est toujours vécue comme une citadelle assiégée, coupée de son environnement proche et lointain. L’ancienne majorité municipale avait vassalisé la CAB, l’empêchant d’avoir une réflexion et une dimension véritablement stratégiques. Aujourd’hui, même si Bastia, par son poids démographique et économique, garde son rôle de locomotive, les cinq communes doivent se projeter dans une vision stratégique d’ensemble partagée par toutes. Cette stratégie doit s’inscrire dans celle du développement économique, social et urbanistique de la Corse et de ses infrastructures. C’est la raison pour laquelle a été sollicitée cette rencontre avec le président du Conseil Exécutif.
- Etes-vous satisfaits de cette rencontre ?
- Il y a, dans toute rencontre, des éléments de satisfaction et d’autres sur lesquels l’accord est moins facile. Sur le principe, cette réunion est une bonne chose. L’état d’esprit était bon. Nous avons mis sur la table de façon non polémique, argumentée et sérieuse des questions fondamentales, notamment celle du port de la Carbonite. La ville de Bastia a, également, sollicité le Conseil exécutif pour faire le point sur tous les engagements en cours et sur la définition des relations que nous allons entretenir avec la CTC durant cette mandature.
- Qu’en est-il du projet clivant du port de la Carbonite sur lequel votre position très réservée diverge de celle de François Tatti et de Paul Giacobbi ?
- Les positions de chacun ont été expliquées lors de la campagne électorale et dans le contrat de mandature que nous avons passé. Elles ont, en quelque sorte, été validées par les urnes à travers notre victoire. Le temps de la campagne étant derrière nous, il faut, aujourd’hui, se donner les moyens de prendre les meilleures décisions. Ma position est inchangée. J’ai toujours dit qu’au moins quatre questions conditionnaient la faisabilité et l’opportunité de la réalisation de ce port.
- Sont-elles toujours d’actualité ?
- Oui ! Ces questions continuent d’être sur la table. La première question est celle de l’impact environnemental, non seulement concernant l’herbier de Posidonies, mais également l’effet sur le linéaire côtier, notamment sur la plage de l’Arinella, l’étang de Chiurlinu et le Lido de la Marana. La deuxième question porte sur le coût et le financement de cette infrastructure nouvelle. Avec en arrière plan, puisque cet investissement est conditionné à une augmentation des recettes, l’éventuelle requalification du port de commerce actuel, sa faisabilité et son financement. La troisième question est de savoir comment cette infrastructure s’inscrit dans la stratégie de développement économique définie par le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable).
- Vous semble-t-elle toujours incompatible ?
- Certaines projections réalisées sur le port de la Carbonite tablent sur l’objectif de passer de 2 à 9 millions de passagers. Si tel était le cas, on s’orienterait vers un tourisme de masse qui, à notre avis, est incompatible avec les options qu’il faut défendre pour la Corse. Une quatrième question reste en suspens : comment ce projet territorial s’inscrit-il dans la stratégie de développement de Bastia et dans notre vision globale des politiques à mettre en œuvre pour reconnecter la ville à sa façade maritime ? Comment fait-on un package d’ensemble avec les différentes infrastructures et leur compatibilité : l’actuel port de commerce, le futur port, le port de plaisance de Toga largement inachevé et le Vieux Port quasiment à l’état d’abandon ?
- Qu’a donné la discussion ?
- Un point d’accord a été obtenu. Des expertises vont être entreprises et diligentées dans tous ces domaines. Ce qui démontre bien, à travers leur nécessité, que ces questions restent posées et qu’il faut leur apporter des réponses.
- Paul Giacobbi semble comprendre vos réticences. Comment réagissez-vous au fait que, pour lui, elles ne remettent pas en cause la faisabilité et la réalisation du port ?
- Nous avons, tous, intérêt à ce que les questions, qui restent en suspens, connaissent des éléments de réponse qui soient indiscutables. Cela permettra à tous les élus, mais aussi à l’ensemble de la population bastiaise et corse, de se faire une opinion rationnelle par rapport au choix qu’il conviendra d’établir. Quand nous disposerons de ces éléments d’appréciation, la phase de débat sera terminée, il faudra prendre les décisions politiques. Nous pourrons, alors, le faire de façon non polémique, rationnelle, argumentée et éclairée. C’est indispensable parce que, dans tout choix, il y a une part de sacrifice.
- C’est-à-dire ?
- L’argent, que nous choisirons de mettre ou de ne pas mettre dans le port de la Carbonite, n’ira pas ailleurs. Ces choix sont très lourds, eu égard au volume des investissements projetés. Ce sont des choix structurants qui engagent l’avenir pour des générations. La responsabilité, qui est la nôtre, est de permettre que ces choix soient effectués dans les meilleures conditions possibles. C’est la moindre des choses !
- Les discussions ont également porté sur les installations sportives. Qu’avez-vous décidé ?
- C’est un autre point important que nous avons abordé. La plupart des infrastructures sportives de la CAB date des années 1970-80. Depuis leur construction, elles n’ont fait l’objet que de travaux d’entretien très minimes, elles sont, donc, singulièrement dégradées. Avec François Tatti et Jacky Padovani, en charge des infrastructures, nous sommes, régulièrement, saisis des doléances des clubs, des associations, des enseignants et des scolaires. Ils nous informent des dégradations à tel endroit, d’un manque de matériel à tel autre… Il y a des travaux urgents à faire.
- Allez-vous tous les faire ?
- Malheureusement, l’état des finances de la CAB et celui de la CTC ne va pas permettre de tout faire. Nous avons, donc, acté de faire un état des lieux contradictoire. Nous allons, dans ce domaine précis, appliquer la méthode de transparence et de dialogue que nous avons préconisée, de façon générale, au niveau de la ville de Bastia et de la CAB. Nous allons mettre tous les partenaires, notamment les utilisateurs, autour de la table pour hiérarchiser les priorités et définir des critères transparents et partagés par tous. Nous déterminerons, ainsi, ce que nous ferons, de façon progressive, pour parvenir le plus vite possible, dans des conditions financières acceptables, à une remise à niveau des équipements.
- L’une des priorités n’est-elle pas le COSEC du Fango ?
- Oui ! De façon évidente ! Mais, il y a, également, la piscine de la Carbonite, la salle Pepito Ferretti ou le stade du Bastio à Furiani qui demande des aménagements... Il y a de nombreuses urgences. Je dirai même des urgences partout ! Nous ne pourrons pas les traiter toutes ! On retrouve ces urgences dans le domaine des relations ville-CTC. Je ne prendrai que l’exemple du Conservatoire de musique qui est venu récemment sous les feux de l’actualité. Il évolue dans des locaux totalement inadaptés, voire même dangereux. Là aussi, il faut rapidement trouver des solutions. Comme chacun peut le voir, de quelque côté que l’on se tourne, il n’y a que des urgences !
- Le problème n’est-il que financier ?
- Il est, avant tout, financier, mais il est aussi politique ! A mon sens, l’ancienne majorité n’a pas suffisamment construit une vision stratégique de la politique de la ville et de la politique de la CAB !
Propos recueillis par Nicole MARI
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- Etes-vous satisfaits de cette rencontre ?
- Il y a, dans toute rencontre, des éléments de satisfaction et d’autres sur lesquels l’accord est moins facile. Sur le principe, cette réunion est une bonne chose. L’état d’esprit était bon. Nous avons mis sur la table de façon non polémique, argumentée et sérieuse des questions fondamentales, notamment celle du port de la Carbonite. La ville de Bastia a, également, sollicité le Conseil exécutif pour faire le point sur tous les engagements en cours et sur la définition des relations que nous allons entretenir avec la CTC durant cette mandature.
- Qu’en est-il du projet clivant du port de la Carbonite sur lequel votre position très réservée diverge de celle de François Tatti et de Paul Giacobbi ?
- Les positions de chacun ont été expliquées lors de la campagne électorale et dans le contrat de mandature que nous avons passé. Elles ont, en quelque sorte, été validées par les urnes à travers notre victoire. Le temps de la campagne étant derrière nous, il faut, aujourd’hui, se donner les moyens de prendre les meilleures décisions. Ma position est inchangée. J’ai toujours dit qu’au moins quatre questions conditionnaient la faisabilité et l’opportunité de la réalisation de ce port.
- Sont-elles toujours d’actualité ?
- Oui ! Ces questions continuent d’être sur la table. La première question est celle de l’impact environnemental, non seulement concernant l’herbier de Posidonies, mais également l’effet sur le linéaire côtier, notamment sur la plage de l’Arinella, l’étang de Chiurlinu et le Lido de la Marana. La deuxième question porte sur le coût et le financement de cette infrastructure nouvelle. Avec en arrière plan, puisque cet investissement est conditionné à une augmentation des recettes, l’éventuelle requalification du port de commerce actuel, sa faisabilité et son financement. La troisième question est de savoir comment cette infrastructure s’inscrit dans la stratégie de développement économique définie par le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable).
- Vous semble-t-elle toujours incompatible ?
- Certaines projections réalisées sur le port de la Carbonite tablent sur l’objectif de passer de 2 à 9 millions de passagers. Si tel était le cas, on s’orienterait vers un tourisme de masse qui, à notre avis, est incompatible avec les options qu’il faut défendre pour la Corse. Une quatrième question reste en suspens : comment ce projet territorial s’inscrit-il dans la stratégie de développement de Bastia et dans notre vision globale des politiques à mettre en œuvre pour reconnecter la ville à sa façade maritime ? Comment fait-on un package d’ensemble avec les différentes infrastructures et leur compatibilité : l’actuel port de commerce, le futur port, le port de plaisance de Toga largement inachevé et le Vieux Port quasiment à l’état d’abandon ?
- Qu’a donné la discussion ?
- Un point d’accord a été obtenu. Des expertises vont être entreprises et diligentées dans tous ces domaines. Ce qui démontre bien, à travers leur nécessité, que ces questions restent posées et qu’il faut leur apporter des réponses.
- Paul Giacobbi semble comprendre vos réticences. Comment réagissez-vous au fait que, pour lui, elles ne remettent pas en cause la faisabilité et la réalisation du port ?
- Nous avons, tous, intérêt à ce que les questions, qui restent en suspens, connaissent des éléments de réponse qui soient indiscutables. Cela permettra à tous les élus, mais aussi à l’ensemble de la population bastiaise et corse, de se faire une opinion rationnelle par rapport au choix qu’il conviendra d’établir. Quand nous disposerons de ces éléments d’appréciation, la phase de débat sera terminée, il faudra prendre les décisions politiques. Nous pourrons, alors, le faire de façon non polémique, rationnelle, argumentée et éclairée. C’est indispensable parce que, dans tout choix, il y a une part de sacrifice.
- C’est-à-dire ?
- L’argent, que nous choisirons de mettre ou de ne pas mettre dans le port de la Carbonite, n’ira pas ailleurs. Ces choix sont très lourds, eu égard au volume des investissements projetés. Ce sont des choix structurants qui engagent l’avenir pour des générations. La responsabilité, qui est la nôtre, est de permettre que ces choix soient effectués dans les meilleures conditions possibles. C’est la moindre des choses !
- Les discussions ont également porté sur les installations sportives. Qu’avez-vous décidé ?
- C’est un autre point important que nous avons abordé. La plupart des infrastructures sportives de la CAB date des années 1970-80. Depuis leur construction, elles n’ont fait l’objet que de travaux d’entretien très minimes, elles sont, donc, singulièrement dégradées. Avec François Tatti et Jacky Padovani, en charge des infrastructures, nous sommes, régulièrement, saisis des doléances des clubs, des associations, des enseignants et des scolaires. Ils nous informent des dégradations à tel endroit, d’un manque de matériel à tel autre… Il y a des travaux urgents à faire.
- Allez-vous tous les faire ?
- Malheureusement, l’état des finances de la CAB et celui de la CTC ne va pas permettre de tout faire. Nous avons, donc, acté de faire un état des lieux contradictoire. Nous allons, dans ce domaine précis, appliquer la méthode de transparence et de dialogue que nous avons préconisée, de façon générale, au niveau de la ville de Bastia et de la CAB. Nous allons mettre tous les partenaires, notamment les utilisateurs, autour de la table pour hiérarchiser les priorités et définir des critères transparents et partagés par tous. Nous déterminerons, ainsi, ce que nous ferons, de façon progressive, pour parvenir le plus vite possible, dans des conditions financières acceptables, à une remise à niveau des équipements.
- L’une des priorités n’est-elle pas le COSEC du Fango ?
- Oui ! De façon évidente ! Mais, il y a, également, la piscine de la Carbonite, la salle Pepito Ferretti ou le stade du Bastio à Furiani qui demande des aménagements... Il y a de nombreuses urgences. Je dirai même des urgences partout ! Nous ne pourrons pas les traiter toutes ! On retrouve ces urgences dans le domaine des relations ville-CTC. Je ne prendrai que l’exemple du Conservatoire de musique qui est venu récemment sous les feux de l’actualité. Il évolue dans des locaux totalement inadaptés, voire même dangereux. Là aussi, il faut rapidement trouver des solutions. Comme chacun peut le voir, de quelque côté que l’on se tourne, il n’y a que des urgences !
- Le problème n’est-il que financier ?
- Il est, avant tout, financier, mais il est aussi politique ! A mon sens, l’ancienne majorité n’a pas suffisamment construit une vision stratégique de la politique de la ville et de la politique de la CAB !
Propos recueillis par Nicole MARI
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