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Gilles Millet s’en est allé…


DR le Dimanche 22 Avril 2018 à 20:26

Hospitalisé depuis plusieurs mois, le journaliste de presse écrite Gilles Millet est décédé ce week-end.



Gilles Millet lors d'une conférence de presse clandestine du FLNC ©DR
Gilles Millet lors d'une conférence de presse clandestine du FLNC ©DR
Il avait la voie rauque, le larynx fatigué par des années de tabac. Gilles ne fumait pas, il crapotait, « je n’avale pas la fumée » répétait-il entre chaque bouffée.
De la même façon qu’il a toujours fumé, Gilles a toujours été journaliste. Plus qu’un métier, une passion. Il a travaillé à Libération, pour lequel il avait interviewé Jacques Mesrine alors en cavale, à l’Evénement du Jeudi, à l’Obs ou encore pour Karl Zéro et son Vrai Journal version papier. Gilles aimait le terrain, les affaires et, il faut le dire, « remuer un peu la merde ». C’était sa vision du métier. Son utilité. « Sinon pourquoi écrire ? » disait-il.

Arrivé sur l’île il y a quelques années, comme envoyé spécial, après un passage en Algérie, il a très vite collaboré au mensuel Corsica, dirigé par Joseph-Guy Poletti. Présent jusqu’au dernier numéro, il en était un des piliers et s’intéressait, entre autre, au nationalisme et aux clandestins. Les communiqués du FLNC lui étaient très souvent adressés, ce qui lui a valu des détours par la case commissariat et quelques interrogatoires musclés.
Franck Johannes écrivait en juillet 1998 dans Libération : « Ça devient une manie : Gilles Millet a été à nouveau placé en garde à vue hier à 18 heures, dans une nouvelle procédure, et dans un certain brouillard juridique. Le journaliste, qui a longtemps travaillé à Libération et collabore aujourd'hui à l'Evénement du jeudi, a été interpellé mardi dans une procédure antiterroriste, qui s'est transformée hier en procédure de droit commun […] Le dossier corse vaut à Gilles Millet une seconde garde à vue. »
Passionné, il était aussi capable d’écrire sur une bande de copain qui « courent dans la montagne » ou qui s’éclatent en faisant du Paintball.
Dans son bar, plaine de Peri, ou il avait ses habitudes et au-dessus duquel il vivait, une fresque a été peinte, représentant les « grands de ce monde » de Ghandi au chanteur Renaud en passant par Che Guevara. Dans un coin à gauche, on reconnaît la bouille souriante de Gilles. Pas à dire, le personnage a toute sa place parmi eux.

Depuis l’annonce de sa mort, les témoignages de personnages publics ou d’anonymes se multiplient. Comme avec un tweet de Pierre Poggioli : «#Corse#Paris:Décés du journaliste (Libé,Corsica..) Gilles Millet, un homme qui aimait la Corse et les Corses, et qui au fil du temps était devenu des nôtres:Condoléances à tous les siens –RIP » ou de Jean-Louis Orlandetti : « […] il portait un regard lucide et éloigné des clichés sur les sujets quil traitait. Un libertaire joyeux et vivant, complexe, riche et attachant. Chi tu riposi in pace... » Tout est dit.
 
CNI s’associe à la douleur de ses proches et de sa famille.