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Fin de la scolarisation à domicile : la Corse concernée


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 21 Octobre 2020 à 17:33

Afin d’enrayer la lente progression des déscolarisations, Emmanuel Macron a annoncé, récemment aux Mureaux, la fin prochaine de l’instruction scolaire à domicile, sauf justification médicale. C’est dans le cadre du projet de loi contre le séparatisme que l’annonce a été faite, elle est d’ailleurs un de ses 5 axes de travail principaux. En Corse, ce mode d'éducation connaît un succès grandissant, surtout depuis le confinement de l'hiver dernier.



Etudier à son rythme, c'est le credo des parents qui instruisent leur enfants à la maison
Etudier à son rythme, c'est le credo des parents qui instruisent leur enfants à la maison
En France, ce sont quelques 50.000 enfants qui sont actuellement scolarisés en famille, dont la moitié pour des raisons médicales. Ce mode d’éducation ne concerne que 0,4 % des 12,4 millions d’enfants d’âge scolaire mais il augmente régulièrement : 35.000 en 2017, 41.000 en 2019 et 50.000 en 2020.
En Corse, l’association IEF Union Nationale pour l’Instruction et l’Epanouissement (UNIE) veut faire entendre sa voix, pour défendre une liberté prévue par la Constitution et un mode d’enseignement méconnu. 
 

Une perte de liberté 
« On me vole mes enfants », c’est en tout cas ce qu’a pensé Audrey Poissonneau, co-responsable de l’association, à l’annonce de la fin de la scolarisation à domicile pour tous les enfants.
Selon son estimation, c’est une vingtaine d’enfants qui sont dans ce cas à Bastia. « Ce mode d’éducation est assez méconnu en Corse mais depuis le confinement la tendance s’inverse et beaucoup de parents sont venus nous demander conseil ».
Une tendance confirmée par Emilie Reux, infirmière libérale et administratrice du groupe Facebook "Instruction en famille en Corse" qui nous parle de « 100 adhérents de plus depuis le confinement. Il y a 3 ans et demi lorsque je l’ai lancé le groupe nous étions 8 et aujourd’hui nous sommes 270 ». 
 
Chacun ses raisons
Toutes deux n’ont pas scolarisé leurs enfants à la maison car ils avaient des problèmes médicaux mais parce qu’elles veulent qu’ils soient libres d’étudier à leur rythme.
Pour Audrey « il y a une raison différente par famille ». En effet Emilie nous parle d’une évidence qui lui est apparue : « Ce choix, c’est un peu le fruit du hasard et de longues observations. En m’intéressant au fonctionnement des enfants et en observant mon fils de 3 ans et demi je me suis aperçue qu’il n’était pas prêt à aller à l’école. Puis j’ai rencontré des gens qui scolarisaient leurs enfants à la maison et ils m’ont convaincue, moi qui avait fait un parcours scolaire classique". 
Pour elle, une des plus grandes peurs était issue d’un préjugé et concernait la sociabilisation de ses enfants mais le constat est rassurant : « je constate qu’ils s’émancipent complètement et qu’ils sont comme les autres. »
 
Une éducation très encadrée par les autorités
Des préjugés persistent quant à ce qui se passe pendant la scolarisation à la maison mais Emilie veut faire toute la lumière sur la réalité des contrôles effectués par l’Education Nationale et la mairie : « L’enfant doit arriver à 16 ans avec les compétences et connaissances définies par le socle commun du code de l’éducation qui est le même que celui de l’Education nationale. Nous sommes quand même encadrés et visités tous les ans par des inspecteurs de l’Education Nationale et tous les deux ans par la mairie. Lors d’une inspection s’il est constaté que l’enseignement est insuffisant, un rapport est rédigé par l’Education Nationale et envoyé à la famille puis un deuxième contrôle sera effectué. Si ce deuxième contrôle est insuffisant l’enfant doit retourner à l‘école pour l’année scolaire en cours et l’année d’après ».

Il est possible de retrouver la pétition de l'IEF UNIE en cliquant sur le lien suivant https://www.mesopinions.com/petition/enfants/maintien-droits-instruction-famille/107871