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Femu a Corsica interpelle l’Etat


Damien Bianchi le Vendredi 23 Novembre 2012 à 14:48

Élus et militants du mouvement nationaliste tiennent à interpeller publiquement l’Etat avant la venue des ministres de l’intérieur et de la justice prévue dimanche et lundi et en appellent à une solution politique.



Femu a Corsica interpelle l’Etat
Femu a Corsica sort de sa diète médiatique aprés les évènement tragiques des dernières semaines. Passé le temps de l’émotion et du recueillement, vient celui de l’analyse et de l’action politique. Réunis à Bastia, aux côtés de plusieurs militants, les élus territoriaux, parmi lesquels Gilles Simeoni et Jean-Christophe Angelini ont apostrophé les ministres sur les suites à donner poltiquement. Alors qu’en Corse, le processus sur l’évolution institutionnelle est entamé et qu’on s’apprête à un vote à l’assemblée de Corse, les élus autonomistes craignent que la situation actuelle raidisse les positions du gouvernement et fige la situation politique pour les années à venir. Pour le mouvement autonomiste, le risque est important de voir toutes les portes se refermer. Il en appelle le gouvernement à l’écoute et au dialogue.

« On ne nous refera pas le coup de la période Bonnet »

Tout d’abord, le constat : « la multiplication des assassinats inquiètent tous les corses qui s’interrogent sur les raisons de ses dérives » débute Gilles Simeoni. Pour l’élu, il faut porter le fer contre les "mécanismes structurants qui sapent le fonctionnement démocratique et la vie économique : « spéculation immobilière, fraudes et détournements d’argent public (notamment les marchés publics), fraude électorale… ». Face à ce constat, le mouvement autonomiste ne peut se satisfaire de propos stigmatisants vis à vis de la population : "les corses savent mais ne parlent pas" ou encore "les notaires corses sont muets". Et de dénoncer les opérations médiatiques telle que la « destruction-alibi d’un restaurant de plage » censée faire oublier l’ampleur de la réalité : « Combien de permis illégaux délivrés, de PLU entérinés, de programmes immobiliers spéculatifs validés ? »

L’une des causes du problème serait donc le refus de prendre en compte politiquement ces raisons structurantes de l’affairisme. L’Etat, qui a en charge les fonctions régaliennes de police et de justice, « doit assumer sa part de responsabilité majeure dans la situation actuelle ». Pour l’élu, il a laissé prospérer la grande délinquance organisée en se focalisant sur la lutte contre le nationalisme. Par le passé, il a eu recours systématiquement à des procédures d’exception : « incarcérations abusives, atteintes à la présomption d’innocence, dérives barbouzardes sous l’autorité d’un préfet ». Si il veut être crédible, l’Etat doit changer son approche du problème corse.

« Le statu quo n’est pas tenable »

Pour Jean Christophe Angelini, les dernières prises de positions du gouvernement « tendent à laisser penser que le problème se limite à une réponse policière et judiciaire.» Il met en avant le mutisme politique de l’actuel gouvernement depuis Mars 2012 alors qu’il avait été interpellé sur la question corse à la veille de l’élection présidentielle. De même, « arguer une situation de crise liée au grand banditisme pour refuser de prendre en compte l’aspiration largement partagée à une évolution politique et institutionnelle ne peut conduire qu’à l’impasse ».

Le message adressé à Manuel Valls et à Christiane Taubira est clair : il faut ouvrir un dialogue politique. La conférence de presse se termine sur une question : « L’Etat accepte-t-il de s’engager dans la recherche d’une solution politique globale, qui passe notamment par un réforme constitutionnelle ?». Les élus nationalistes se feront certainement une petite idée de la réponse apportée à leurs craintes, lundi ; date à laquelle les ministres ont prévu de rencontrer l’ensemble des groupes politiques de l’assemblée de Corse pour une séance de travail d’une heure.
Femu a Corsica interpelle l’Etat