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Femu a Corsica : « Cazeneuve est très fort, il est arrivé à lui seul à faire oublier Valls ! »


Marilyne SANTI le Vendredi 13 Juin 2014 à 16:54

Femu a Corsica a tenu vendredi matin dans les locaux de l’Assemblée de Corse une conférence de presse sur les propos de Bernard Cazeneuve ministre de l’Intérieur qui lors de sa venue en Corse et dans son discours en Préfecture a « violemment dit non et non à tous les sujets essentiels à l’avenir de la Corse : cooficialité de la langue corse, Statut de Résident, inscription de la corse dans la Constitution, arrêtés Miots. » Pour Femu a Corsica : « Cazeneuve est très fort, il est arrivé à lui seul à faire oublier Valls ! »



Photo Marilyne SANTI
Photo Marilyne SANTI
Une annonce qui remet en cause pour Femu a Corsica l’ouverture d’un contexte voué au dialogue et même la négation des débats qui avaient permis de trouver ensemble des voies de compromis pour sortir d’une situation de crise.
A l’heure où une majorité de corses se sont reconnus dans la volonté et dans le processus et où un seuil de démocratie avait été atteint pour la première fois à l’assemblée de Corse, permettant d’avancer en toute cohérence dans le processus, le Président de la république par la voix du ministre de l’intérieur a choisi ce moment clef pour dire non, et d’une manière catégorique non à tout.
Un statut de résident qui fait débat. Le sondage de Paroles de Corse paru dernièrement exprimait clairement la position des corses, 62% y étaient favorables. L’opinion en France est favorable à 49% au statut de résident car le problème se pose aussi ailleurs et après quelques témoignages Femu a Corsica  pense que l’Europe s’emparera bientôt de cette question.
L’opinion aujourd’hui est extrêmement favorable au processus de ce qui a été proposé : la langue corse, l’évolution fiscale, le statut de résident, la possibilité d’avoir un statut de résident le tout voté à une très large majorité. Des hommes et des femmes de gauche et de droite qui se prononcent aujourd’hui pour l’autonomie de la Corse. La Corse se tourne vers l’avenir et aujourd’hui un ministre porte parole du gouvernement nous dit tenez-vous tranquille, vous n’avez droit à rien et la porte est close. L’heure est grave !
Nous sommes les héritiers d’un combat de quarante années qui doit continuer. On nous rétorque que ce n’est pas constitutionnel, mais ça on le sait puisque l’on demande un changement dans la constitution.
Une situation inacceptable que Femu a Corsica ne laissera sans suite et combattra. 

Un double appel lancé

Depuis plusieurs années, l’Assemblée de Corse débat de sujets rarement (voire jamais) inscrits à l’ordre du jour jusqu’ici : Coofficialité de la langue corse, Statut de Résident, inscription de la Corse dans la Constitution, etc..
Ces débats ont fait l’objet de délibérations précises, votées à une large majorité et même parfois, à l’unanimité. Dans cette dynamique d’ensemble , un dialogue a également été ouvert avec l’Etat, via les plus hautes autorités gouvernementales avec en perspective, une réforme de nature constitutionnelle.
Femu a Corsica s’est engagée avec franchise et détermination dans ce processus, tout en réclamant à intervalles réguliers que la méthode, le contenu et le calendrier des discussions soient précisés.
La visite de Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur, répond à cette exigence  de clarté, mais de la pire façon possible. L’Etat vient en effet d’opposer une fin de non recevoir à l’ensemble des décisions prises par notre assemblée. 
Aucun des sujets débattus depuis des décennies, et aujourd’hui portés par majorité de notre Assemblée et du peuple corse ne trouve grâce à ses yeux. Approximations, contre-vérités juridiques, référence mensongères au droit communautaire ont émaillé les interventions d’hier, au détriment d’un dialogue sincère et constructif.
Femu a Corsica prend acte de la situation politique nouvelle créée par l’Etat. 
Elle en appelle, avec solennité, à l’ensemble des acteurs politiques engagés depuis des mois dans ce dialogue. Il est inconcevable que quarante années de combat politique, de sacrifices, de difficultés de tous ordres donnent aujourd’hui lieu a pareilles conclusions .
En premier lieu, nous en appelons à l’ensemble des élus de la Corse, et plus particulièrement à ceux qui ont soutenu ce mouvement de reforme. Vont-ils accepter, sans mot dire, que l’Etat nie ainsi le fait démocratique et l’expression majoritaire ?.
Nous demandons ensuite au Peuple Corse, à sa jeunesse, à l’ensemble du mouvement syndical, associatif, culturel et au-delà, à chaque citoyen de se mobiliser pour faire respecter notre droit à l’existence.
L’Etat doit aujourd’hui prendre l’exacte mesure de son attitude à l’endroit de la Corse, et des conséquences politiques qu’elle ne manquera pas de créer.
A ce titre, personne ne peut aujourd’hui évaluer de quelle nature seront celles-ci.