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En Corse, l’Insee souligne les freins à l’autonomie résidentielle des jeunes


Léana Serve le Samedi 13 Décembre 2025 à 15:59

Une étude de l’Insee publiée ce vendredi met en lumière la situation particulière des jeunes Corses face à l’autonomie résidentielle. Entre marché immobilier tendu, salaires modestes et disparités hommes-femmes, l’île se distingue nettement du reste de la France, avec près de la moitié des jeunes non étudiants vivant encore chez leurs parents.



Photo d'illustration
Photo d'illustration

C’est « un sujet intéressant pour notre région ». Dans une étude publiée ce vendredi, l’Insee s’intéresse à l’autonomie résidentielle des jeunes en Corse, un thème où l’île se distingue nettement du reste de la France. « En Corse, il y a 50 000 jeunes âgés de 15 à 29 ans », a expliqué Arnaud Huyssen, chef de projet à l'Insee Corse, pour poser le cadre de l’étude. « Parmi eux, on a distingué trois situations par rapport au logement et à l’emploi : on a déjà 9 250 étudiants, soit 18 % des jeunes, mais on a aussi 11 000 jeunes qui sont non titulaires d’un baccalauréat et inscrits dans un établissement scolaire, par exemple les lycéens. Enfin, on constate que 30 000 jeunes sont non étudiants, et c’est à eux qu’on s’est intéressé. »

Le premier constat est clair : 42 % des jeunes entre 15 et 29 ans non étudiants vivent encore chez leurs parents, contre 36 % au niveau national. La Corse se place ainsi largement en tête des régions françaises dans le domaine, devant la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (40 %) et loin devant des territoires comme les Pays de la Loire ou la Bretagne, où le taux se situe autour de 30 %. Une différence qui s’explique en partie par le dynamisme économique des régions. « Les Pays de la Loire et la Bretagne sont plus dynamiques que la Corse, et ils proposent des emplois un peu plus diversifiés pour les jeunes. Ça permet d’attirer les jeunes des villages aux alentours dans des pôles urbains et des pôles d’emplois, favorisant ainsi l'autonomie résidentielle », a indiqué le chef de projet de l'Insee Corse.
 

Des freins à l’autonomie résidentielle
 
Selon l’Insee, plusieurs facteurs expliquent que les jeunes Corses quittent moins facilement le domicile parental que dans le reste de la France, et la tension du marché immobilier reste le principal obstacle. « Les prix des logements sont assez élevés, et devenir primo-accédant n'est pas forcément facile pour les jeunes à cause des tarifs. On a des tarifs élevés parce qu'on a une offre locative plutôt limitée, avec un taux de résidences secondaires qui est le plus élevé de toutes les régions de l’Hexagone, et ça ne permet pas forcément d'obtenir une location facilement pour les gens qui veulent quitter le domicile familial », précise Arnaud Huyssen. Le parc immobilier disponible semble aussi ne pas correspondre à leurs besoins. « Les jeunes ont tendance à habiter dans de petits logements, des 3 pièces et moins. Par contre, on a un parc en Corse plutôt orienté vers de grandes maisons avec 3 pièces et plus. »
 

Les jeunes restent souvent chez leurs parents

Si l’emploi favorise généralement la décohabitation, en Corse, la situation reste quand même plus contrastée. Alors que 38 % des jeunes en emploi vivent encore chez leurs parents, contre 52 % des jeunes sans emploi, le taux reste nettement supérieur à la moyenne nationale pour les jeunes actifs, avec seulement 29 % des jeunes avec emploi vivant encore chez leurs parents dans le reste de la France. Un taux qui se fait particulièrement ressentir chez les 25-29 ans, avec 28 % des jeunes en emploi qui habitent encore chez leurs parents à travers l’île, plaçant la Corse en première position devant des régions comme l’Île-de-France (22 %), PACA (21 %) ou la Bretagne (10 %).
 

Selon l’Insee, ces données s’expliquent notamment par « les salaires bas » pour de nombreux jeunes. « On a la région où les salaires bas sont les plus importants, avec des secteurs d'activité très développés comme le commerce, l'hébergement ou la restauration, mais qui ne fournissent pas forcément des salaires qui permettent aux jeunes de s'émanciper », souligne Arnaud Huyssen. « Au-delà de l'emploi, c'est plutôt la qualité de l'emploi qui fait qu'on prend son propre logement, mais on n'a pas forcément une qualité d'emploi ici en Corse à un niveau assez élevé par rapport à d’autres régions. »

L’étude met également en lumière une disparité marquée entre hommes et femmes en matière d’autonomie résidentielle. Parmi les jeunes non étudiants, 64 % des femmes ont quitté le domicile parental, contre seulement 44 % des hommes. Même sans emploi, cette différence reste importante : 60 % des femmes sans emploi vivent indépendamment, alors que ce n’est le cas que pour 29 % des hommes. « On voit aussi que les femmes sont plus souvent à la tête d’une famille monoparentale, ce qui démontre cette différence de comportement entre les jeunes hommes et les jeunes femmes », dévoile encore l'Insee.