Les deux leader nationalistes, Gilles Simeoni, nouveau président du Conseil exécutif, et Jean-Guy Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse, portés en triomphe par une foule en liesse devant l'ancienne mairie de Bastia.
Vingt mois après avoir fait tomber la citadelle zuccarelliste à Bastia, l’union sans faille des Nationalistes, emmenée par son leader charismatique, Gilles Simeoni, emporte l’Assemblée de Corse dans une déferlante qui a pris tout le monde par surprise ! A commencer par les vainqueurs ! Même si la dynamique était assurément du côté des Nationalistes, les résultats mitigés du 1er tour avaient quelque peu douché l’enthousiasme. Mais l’union des deux principaux mouvements, Femu a Corsica et Corsica Libera, a levé un nouvel espoir et une mobilisation sans précédent. Soudé, malgré ses divergences et quelques amertumes, dans un même élan comme il ne l’avait plus été depuis longtemps, porté par une jeunesse assoiffée de changement, le mouvement national, dans sa totalité, a mis toutes ses forces, sa foi et son énergie dans la bataille de l’entre-deux-tours. Il a su, avec la seule arme des mots, apaiser, rassurer et convaincre. Le pari, que beaucoup jugeaient risqué, des Modérés d’accepter l’alliance avec les Indépendantistes, s’est avéré gagnant ! A l’inverse, l’épouvantail du séparatisme, agité par les adversaires, a fait un flop ! Les Corses n’y ont pas adhéré.
Un score sans appel
Aucune liste n’ayant creusé l’écart au 1er tour, l’enjeu du 2nd tour était de convaincre les abstentionnistes, plus de 40 % des Corses ne s’étant pas déplacés pour voter. Avec 17 000 électeurs de plus, le taux de participation a augmenté de 7% pour atteindre 67,03%, soit 3 % de moins qu’en 2010 (70,30%). La liste Pé a Corsica arrive en tête avec 52 839 voix, soit 10 232 voix d’avance sur celle du président de l’Exécutif sortant qui ne récolte que 42 607 voix. En troisième position, la liste d’union de la droite de José Rossi ne recueille que 40 480 voix. Loin derrière, le Front national, avec 13 599 voix. L’union des deux listes nationalistes gagne plus de 19 000 voix par rapport au 1er tour. Elle a agrégé la quasi totalité des 3400 voix d’U Rinnovu et une partie des voix de la Gauche progressiste d’Emmanuelle de Gentili et de Jean-Charles Orsucci qui avaient laissé leurs électeurs libres de leur choix tout en mettant en cause la gouvernance de la mandature sortante. Elle a, également, séduit les abstentionnistes.
La déferlante nationaliste
Les Nationalistes arrivent en tête en Haute-Corse avec 36,93 % des suffrages où une véritable vague a déferlé sur de nombreuses communes, dont certaines totalement inattendues. A Bastia, le maire Gilles Simeoni est largement plébiscité avec 45,77% des suffrages, soit 5760 voix. Il engrange plus de 2700 voix supplémentaires par rapport au 1er tour. Il caracole en tête à plus de 81 % à Lopigna et Luggo-di-Nazza, plus de 78% à Balogna, 75% à Pigna et Alzi, 70% à Ambiegna, Olmo, Lavatoggio, plus de 67% à Lozzi, Altagène et Popolasca, plus de 66% à Ampriani, Scolca, Tralonca et Granace…. Il récolte plus de 58% à Monticello et plus de 39% à Bonifacio. Il réussit l’exploit de dominer dans les fiefs de droite comme l’île Rousse (45,58%), Lumio (42,86%), Borgo (35,65 %), Luciana (38,17%), mais également, à gauche, Murato et Vivario. Les Nationalistes talonnent la droite en Corse-du-Sud, où ils arrachent la deuxième place à Ajaccio (31,79 %), Calvi (40,73%), Porto-Vecchio (39,37%), Sartène (34,48%), Vico (36,53%)… La victoire politique, qu’ils avaient indubitablement obtenue par leur union, se double d’une victoire électorale.
L’échec cinglant de la gauche
Si les Nationalistes exultent, l’équipe sortante, menée par Paul Giacobbi, fait grise mine et recule sur beaucoup de fronts. Elle ne prend que 10 400 voix de plus qu’au 1er tour et en perd autant par rapport à 2010. L’ex-président de l’Exécutif paye clairement un bilan économiquement et socialement désastreux, une campagne polluée par les affaires judiciaires, un rejet net de sa gouvernance et des pratiques qui lui sont reprochées et une stratégie d’alliances peu opportunes. En favorisant en sous-main la dispersion de ses anciens partenaires au 1er tour, il s’est retrouvé bien seul au 2nd ! Délaissant sa traditionnelle union de la gauche, il a opté pour une large ouverture à droite qui n’a pas marché. Les électeurs n’ayant visiblement pas suivi les contorsions de leur maire, il s’est fait damé le pion par les Nationalistes à Borgo, Lucciana, Ile Rousse… et n’a pas obtenu, ailleurs, les soutiens qu’il attendait. Il se fait même talonner dans ses fiefs : Poggio di Venaco, Corte, Furiani, Linguizzetta, Porri, Pruno, Saliceto, Scata… Quoiqu’il dise, il essuie un échec cinglant ! Et, la gauche insulaire sort en lambeaux de cette élection. Echéance après échéance, son poids et son influence se réduisent inexorablement comme peau de chagrin.
Le sur-place de la droite
A droite, l’union, réalisée au forceps, n’a pas fonctionné. Elle ne gagne qu’environ 6000 voix de plus que le cumul des deux listes au 1er tour. Dans son fief de Corse-du-Sud, elle ne devance les Nationalistes que de 986 voix, soit un écart d’à peine 1,45%. C’est peu, d’autant que Laurent Marcangeli gagne son pari sur Ajaccio en totalisant 7246 voix, soit 2590 de plus qu’au 1er tour. Elle fait globalement moins qu’en 2010, considérée comme l’année noire où elle avait obtenu 27,65% des suffrages. Visiblement, les querelles internes, qui ont empoisonné le Sud libéral pendant des mois, ne sont toujours pas dépassées. Mais, pas seulement ! L’électorat, qui avait déserté, il y a cinq ans, n’est pas revenu, malgré les victoires accumulées depuis à d’autres scrutins. Il a refusé d’adouber, aujourd’hui, ce qu’il avait rejeté clairement, hier. La droite paye cash ses divisions, son inaltérable guerre des chefs, mais aussi le non-renouvellement de ses cadres, les retournements opportunistes de vestes de certains de ses élus et un discours dépassé, réactionnaire et à contre-courant. Elle ne pourra pas faire l’impasse d’une autocritique et d’un rajeunissement de ses hommes, comme de ses idées, si elle veut reconquérir une légitimité et une crédibilité.
Des élus FN
Ce scrutin est un franc succès pour le Front national qui réussit, malgré les piètres prestations médiatiques de ses candidats, à tirer son épingle du jeu. Il perd un peu de terrain avec 575 voix de moins qu’au 1er tour et est partout distancé dans les communes où il était arrivé en tête comme Pieve, Lumio, Solaro ou Alata, et surtout, dans l’urbain, à Bastia et à Ajaccio. La vague Le Pen reflue sous la pression nationaliste. Néanmoins, avec 4 élus, le FN fait son grand retour à l’Assemblée de Corse d’où il est absent depuis 1992, mais dans une assemblée désormais gouvernée par les Nationalistes ! Ce qui promet, à l’aune de la campagne, des débats plutôt fun !
N.M.
Un score sans appel
Aucune liste n’ayant creusé l’écart au 1er tour, l’enjeu du 2nd tour était de convaincre les abstentionnistes, plus de 40 % des Corses ne s’étant pas déplacés pour voter. Avec 17 000 électeurs de plus, le taux de participation a augmenté de 7% pour atteindre 67,03%, soit 3 % de moins qu’en 2010 (70,30%). La liste Pé a Corsica arrive en tête avec 52 839 voix, soit 10 232 voix d’avance sur celle du président de l’Exécutif sortant qui ne récolte que 42 607 voix. En troisième position, la liste d’union de la droite de José Rossi ne recueille que 40 480 voix. Loin derrière, le Front national, avec 13 599 voix. L’union des deux listes nationalistes gagne plus de 19 000 voix par rapport au 1er tour. Elle a agrégé la quasi totalité des 3400 voix d’U Rinnovu et une partie des voix de la Gauche progressiste d’Emmanuelle de Gentili et de Jean-Charles Orsucci qui avaient laissé leurs électeurs libres de leur choix tout en mettant en cause la gouvernance de la mandature sortante. Elle a, également, séduit les abstentionnistes.
La déferlante nationaliste
Les Nationalistes arrivent en tête en Haute-Corse avec 36,93 % des suffrages où une véritable vague a déferlé sur de nombreuses communes, dont certaines totalement inattendues. A Bastia, le maire Gilles Simeoni est largement plébiscité avec 45,77% des suffrages, soit 5760 voix. Il engrange plus de 2700 voix supplémentaires par rapport au 1er tour. Il caracole en tête à plus de 81 % à Lopigna et Luggo-di-Nazza, plus de 78% à Balogna, 75% à Pigna et Alzi, 70% à Ambiegna, Olmo, Lavatoggio, plus de 67% à Lozzi, Altagène et Popolasca, plus de 66% à Ampriani, Scolca, Tralonca et Granace…. Il récolte plus de 58% à Monticello et plus de 39% à Bonifacio. Il réussit l’exploit de dominer dans les fiefs de droite comme l’île Rousse (45,58%), Lumio (42,86%), Borgo (35,65 %), Luciana (38,17%), mais également, à gauche, Murato et Vivario. Les Nationalistes talonnent la droite en Corse-du-Sud, où ils arrachent la deuxième place à Ajaccio (31,79 %), Calvi (40,73%), Porto-Vecchio (39,37%), Sartène (34,48%), Vico (36,53%)… La victoire politique, qu’ils avaient indubitablement obtenue par leur union, se double d’une victoire électorale.
L’échec cinglant de la gauche
Si les Nationalistes exultent, l’équipe sortante, menée par Paul Giacobbi, fait grise mine et recule sur beaucoup de fronts. Elle ne prend que 10 400 voix de plus qu’au 1er tour et en perd autant par rapport à 2010. L’ex-président de l’Exécutif paye clairement un bilan économiquement et socialement désastreux, une campagne polluée par les affaires judiciaires, un rejet net de sa gouvernance et des pratiques qui lui sont reprochées et une stratégie d’alliances peu opportunes. En favorisant en sous-main la dispersion de ses anciens partenaires au 1er tour, il s’est retrouvé bien seul au 2nd ! Délaissant sa traditionnelle union de la gauche, il a opté pour une large ouverture à droite qui n’a pas marché. Les électeurs n’ayant visiblement pas suivi les contorsions de leur maire, il s’est fait damé le pion par les Nationalistes à Borgo, Lucciana, Ile Rousse… et n’a pas obtenu, ailleurs, les soutiens qu’il attendait. Il se fait même talonner dans ses fiefs : Poggio di Venaco, Corte, Furiani, Linguizzetta, Porri, Pruno, Saliceto, Scata… Quoiqu’il dise, il essuie un échec cinglant ! Et, la gauche insulaire sort en lambeaux de cette élection. Echéance après échéance, son poids et son influence se réduisent inexorablement comme peau de chagrin.
Le sur-place de la droite
A droite, l’union, réalisée au forceps, n’a pas fonctionné. Elle ne gagne qu’environ 6000 voix de plus que le cumul des deux listes au 1er tour. Dans son fief de Corse-du-Sud, elle ne devance les Nationalistes que de 986 voix, soit un écart d’à peine 1,45%. C’est peu, d’autant que Laurent Marcangeli gagne son pari sur Ajaccio en totalisant 7246 voix, soit 2590 de plus qu’au 1er tour. Elle fait globalement moins qu’en 2010, considérée comme l’année noire où elle avait obtenu 27,65% des suffrages. Visiblement, les querelles internes, qui ont empoisonné le Sud libéral pendant des mois, ne sont toujours pas dépassées. Mais, pas seulement ! L’électorat, qui avait déserté, il y a cinq ans, n’est pas revenu, malgré les victoires accumulées depuis à d’autres scrutins. Il a refusé d’adouber, aujourd’hui, ce qu’il avait rejeté clairement, hier. La droite paye cash ses divisions, son inaltérable guerre des chefs, mais aussi le non-renouvellement de ses cadres, les retournements opportunistes de vestes de certains de ses élus et un discours dépassé, réactionnaire et à contre-courant. Elle ne pourra pas faire l’impasse d’une autocritique et d’un rajeunissement de ses hommes, comme de ses idées, si elle veut reconquérir une légitimité et une crédibilité.
Des élus FN
Ce scrutin est un franc succès pour le Front national qui réussit, malgré les piètres prestations médiatiques de ses candidats, à tirer son épingle du jeu. Il perd un peu de terrain avec 575 voix de moins qu’au 1er tour et est partout distancé dans les communes où il était arrivé en tête comme Pieve, Lumio, Solaro ou Alata, et surtout, dans l’urbain, à Bastia et à Ajaccio. La vague Le Pen reflue sous la pression nationaliste. Néanmoins, avec 4 élus, le FN fait son grand retour à l’Assemblée de Corse d’où il est absent depuis 1992, mais dans une assemblée désormais gouvernée par les Nationalistes ! Ce qui promet, à l’aune de la campagne, des débats plutôt fun !
N.M.