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Déchets : Pas de déblocage du site de Prunelli, la Comcom fait volte-face !


Nicole Mari le Jeudi 23 Août 2018 à 00:10

La troisième réunion, qui s’est tenue mercredi après-midi à Ghisonaccia concernant les conditions de déblocage du centre d’enfouissement des déchets (STOC) de Prunelli, a tourné court. Les élus de la Communauté de Communes de Fiumorbu Castellu, qui devaient peaufiner leur liste de revendications sur les besoins du territoire, ont finalement fait volte-face et affirmé n’avoir pas de compensations à demander. A l’exception de Saveriu Luciani, ils ont voté la poursuite du blocage, dit « Non » à l’extension des capacités du site, et attendent des précisions sur l’avenir de la STOC. Aucune réunion, ni négociation, ni déblocage du site, partiellement fermé depuis lundi matin, ne sont prévus pour l’instant.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
C’est un cafouillage ! Lundi, la réunion entre toutes les parties prenantes – Comcom, Etat, Région, Syvadec, Collectif citoyen, avait abouti à un accord de principe : celui d’examiner attentivement, pour ne pas dire favorablement dans les limites du possible, les revendications des élus communautaires du Fiumorbu, ce qu’ils appelaient « un projet de territoire » pour en compenser les carences béantes. Mardi, une réunion intra-communautaire permettait de dégrossir les besoins et d’établir des axes prioritaires : la santé, la défense contre les incendies, le schéma routier et un certain nombre d’aménagements, y compris culturels. La liste de propositions aurait du être peaufinée ce mercredi et soumise, dans l’après-midi, avec une méthode et un échéancier, à l’Exécutif territorial et à l’Etat. Les élus attendant une réponse dans la soirée pour décider du déblocage ou non de la situation. C’est du moins ce qui était prévu. Mais mercredi, les choses sont allées tout autrement.
 
Refus de compensations !
Dans l’après-midi, les élus communautaires se sont, de nouveau, réunis. Mais, là, étrangement, il n’a plus du tout été question de liste, ni de propositions, ni de compensations, mot de toute façon récusé par les élus locaux. « Nous avons décidé, d’une part, de laisser la STOC bloquée. D’autre part, nous avons rejeté, comme nous l’avons fait les trois précédentes années, le principe de la compensation. Donc, nous n’avons pas de projet à présenter en échange d’un enfouissement d’ordures ménagères sur notre territoire. Nous ne voulons pas en présenter. Le territoire a des besoins. Il a des projets dont une partie est formulée, mais ils doivent trouver une réponse indépendamment de la problématique des déchets. Enfin, nous sommes dans l’attente d’éclaircissements sur la durée de vie du site actuel de la STOC dans le cadre du Plan déchets qui sera présenté par la région. Sa durée de vie sera-t-elle conforme ou pas à celle qui était prévue ? Va-t-on la raccourcir ? Elle était prévue pour dix ans. En pratiquant de la surexploitation, il est probable qu’on réduira sa durée de vie », explique Louis Cesari, président de la ComCom Fiumorbu-Castellu.
 
Une question en suspens
Que s’est-il passé entre la veille et le lendemain ? Difficile à dire, mais l’une des réponses pourrait très bien être contenue dans cette dernière question « posée à personne en particulier », même pas au Syvadec ! « La question est certainement intégrée dans le plan Déchets et nous attendons une réponse d’où qu’elle vienne. Notre territoire a un site d’enfouissement en son sein dont il tire un avantage en matière de coûts d’enfouissement », poursuit Louis Cesari. S’il n’est plus question de compensations, pourquoi continuer à bloquer le site ? « On ne bloque pas le site ! Ce n’est pas un mouvement d’humeur ! C’est la quatrième année qu’on nous sollicite ! Le site a accueilli à ce jour les 43 000 tonnes pour lesquelles il a été conçu. La production d’ordures ménagères du territoire communautaire correspond à 5% ou 10% des volumes enfouis, tout le reste vient du reste de la Corse. Ce que nous bloquons, c’est la sur-utilisation du site, pas le site en lui-même, conformément à la délibération que nous avons prise il y a 10 mois. En septembre 2017, nous avons décidé que la 3ème année d’augmentation de la capacité du site serait la dernière. La décision prise lundi est programmée depuis 10 mois ».
 
Pas de déblocage
Dans ce cas, le blocage était-il définitif ou suspendu à la question de la durée de vie du site ? « La question a été posée. Nous verrons bien si la réponse est de nature à faire changer d’avis le bureau de la Comcom ». Et la suite ? Quel est l’agenda ? « Il n’y a pas de prévision de réunion. Nous n’avons pas donné de rendez-vous à une date ultérieure ». Rejetez-vous la demande de l’Etat et de la région d’augmenter le volume de stockage à 60 000 tonnes sur 3 ans ? « Oui ! ». Donc situation bloquée ! Un vote a eu lieu à ce sujet. Aucun élu communautaire n’a voté le déblocage du site, à l’exception de Saveriu Luciani qui a la double casquette de faire partie de l’Exécutif régional. Il a tenté de lever les verrous. En vain ! « J’ai proposé d’ici à dix jours une rencontre avec le Conseil Exécutif, une réunion avec le Syvadec et l’Etat, pour parler d’un plan d’accompagnement territorial. J’ai également proposé de faire poser par les cinq élus issus du territoire à l’Assemblée de Corse, une question orale à Gilles Simeoni pour obtenir un engagement sur ce plan d’action. Tout le monde était d’accord sur ce point. C’était une avancée positive et une proposition de déblocage ». Mais les élus communautaires ont finalement refusé la main tendue de l’Exécutif, s’arcboutant apparemment sur la question surgie inopinément de l’avenir de la STOC qui dépend du Syvadec. Dans ce cas, à quoi rimait la réunion de lundi ? Et qu’est-ce qui a réellement fait basculer la donne initiale ?

N.M.