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Covid-19 : « une explosion virale » en Corse


Julia Sereni le Mardi 14 Décembre 2021 à 13:15

À quelques jours des fêtes, la Corse se trouve dans une situation sanitaire jugée préoccupante. Avec la cinquième vague, les hôpitaux insulaires sont désormais sous tension. La directrice de l’Agence Régionale de Santé de Corse Marie-Hélène Lecenne lance un appel à la mobilisation des soignants et invite la population à réagir.



La directrice de l'ARS de Corse Marie-Hélène Lecenne alerte sur la reprise épidémique. Photo : Julia Sereni
La directrice de l'ARS de Corse Marie-Hélène Lecenne alerte sur la reprise épidémique. Photo : Julia Sereni
Une « explosion virale », c’est ainsi que la directrice de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Corse définit la situation sanitaire sur l’île. À l’approche des fêtes, les chiffres prennent un tour plus qu’inquiétant. 630 cas pour 100 000 habitants (580 en Corse-du-Sud, 675 en Haute-Corse). « La semaine dernière marque une évolution exponentielle, avec plus de 2 000 personnes contaminées », s’alarme Marie-Hélène Lecenne.

« On est bien sur une cinquième vague ‘Delta’ »

Et ce qui inquiète particulièrement la directrice de l’ARS, c’est l’évolution défavorable des données concernant les plus de 65 ans. 232 cas pour 100 000 habitants. 203 en Corse-du-Sud, 259 en Haute-Corse. « Ce qui est préoccupant, c’est le rapport entre le nombre de contaminés fragiles et la tension du système de santé », analyse Marie-Hélène Lecenne. À ces chiffres déjà « inquiétants », s’ajoute une nouvelle information : le taux de reproduction. « Il était à 1,17 et il est retombé à 1,30 », indique t-elle. « Cela veut dire que tous les indicateurs sont au rouge en terme de circulation virale. On est bien sur une cinquième vague ‘Delta’. »

Les hôpitaux sous tension

Signe que l’épidémie s’aggrave, la situation de « tension » qui règne désormais dans tous les établissements de santé. À l’heure actuelle, à l’hôpital d’Ajaccio, sept lits sur huit sont occupés en « réa Covid ». À Bastia, quatre sur quatre. Il reste quatre lits en « réa non Covid » à Ajaccio et quatre à Bastia. Les hospitalisations conventionnelles sont, elles aussi, en hausse. À Ajaccio, 27 lits sur 27 sont occupés, sept sur huit au Finosello et 23 sur 30 à Bastia.
 
La situation risque de s’aggraver dans les jours à venir. « Les indicateurs ont un effet à 12 jours, donc les résultats d’aujourd’hui vont avoir un effet pendant les vacances de Noël », indique Marie-Hélène Lecenne. La directrice de l’ARS a donc décidé de prendre des mesures de déprogrammation, tant dans le public que dans le privé. À ce titre, il n’y aura plus de programme chirurgical du 15 décembre au 6 janvier. « Je n’ai pas le choix que de préparer le système de santé à faire face », plaide Marie-Hélène Lecenne.

Un appel aux soignants

En plus des déprogrammations, les conventions « public-privé » sont réactivées (notamment avec AlmaViva à Bastia et CliniSud à Ajaccio). « J’ai demandé à tous les établissements de libérer des lits », annonce Marie-Hélène Lecenne. Des patients vont donc devoir rentrer à domicile ou aller en EPHAD. Par ailleurs, la directrice de l’ARS souhaite mobiliser les ressources humaines. « J’ai demandé à tous les établissements de mobiliser le plus de personnels possible entre Noël et le jour de l’an, et de se doter de sections Covid, éventuellement. »
 
Lassitude, fatigue, contraintes sur les remplacements, contaminations, pour de nombreuses raisons, les établissements de santé souffrent d’un manque cruel de personnels. « Je lance un appel aux médecins, infirmières, aides-soignants à bien vouloir nous consacrer pendant leurs congés quelques jours. Il faut augmenter le nombre de lits Covid, or aujourd’hui les ressources manquent », s’inquiète Marie-Hélène Lecenne.

La troisième dose en question

Dans la stratégie de lutte contre l’épidémie, la vaccination joue un rôle central. La directrice de l’ARS rappelle aux personnes de plus de 65 ans la nécessité de la troisième injection. « Demain, leur pass sanitaire va tomber s’ils n’ont pas fait la dose de rappel ! » Et le 15 janvier, c’est toute la population adulte qui sera concernée par cette mesure. « Il y a encore 77 000 rendez-vous à prendre d’ici le 6 janvier », annonce-t-elle.
 
D’autant que le variant Omicron ne saurait tarder à se manifester sur l’île. « On ne l’a pas détecté pour le moment mais le variant va arriver », assure Marie-Hélène Lecenne. « La dose de rappel est protectrice de ce variant. Il faut se préparer ! »

Une campagne pour les fêtes

Pour la période - particulièrement critique - des fêtes de fin d’année, l’ARS lance une campagne à travers un film. « L’idée est de dire que les cartes sont entre vos mains », indique la directrice. « L’objectif est de créer un bouclier autour des personnes de plus de 65 ans. » L’ARS invite à pratiquer des autotests avant les regroupements familiaux mais aussi à respecter les gestes barrières. « Ne pas s’embrasser, se laver les mains, aérer… », énumère Marie-Hélène Lecenne. Des précautions d’autant plus importantes que 50 000 personnes n’ont pas reçu d’injection. « La question est de savoir comment on réagit maintenant pour éviter à nos proches la case hôpital », conclut la directrice de l’ARS.