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Christophe Storai : "Laissons l'inertie à ceux qui sont trop faibles pour créer"


Benjamin Bourgeois le Jeudi 28 Novembre 2019 à 10:55

En vue des élections pour la présidence de l’Université de Corse qui aura lieu fin Janvier, le candidat Christophe Storai, actuel directeur du CFA, présentait ce Mardi 26 Novembre aux alentours de midi, sa vision et les projets qu’il compte entreprendre pour la mise en place d’une Université future. Accompagné par une équipe spécialisée dans divers domaines, le lieu choisi pour cette présentation fut la Casa Studentina, interprété comme un message fort de proximité avec les étudiants et le personnel administratif. Il l’annonce d’ailleurs explicitement : “c’est un lieu symbolique !”. Il s’agit ici de mettre en oeuvre la ligne directive qui orientera l’ensemble de ses projets dès la campagne : un retour à la considération de l’humain.



“C’est un vrai marathon” avance Christophe Storai, afin d’illustrer la cadence avec laquelle il entreprend sa campagne. L’objectif n’étant pas d’organiser un événement unique en distribuant des invitations à tous les services mais, bien au contraire, d’aller à l’encontre de ces services et établir un contact direct, annoncer ses projets en petits comités et en dégager un dialogue. “C’est une véritable mine d’or d’informations, soutient-il, nous avons, grâce à cela, connaissances des problèmes concrets auquel chaque service est sujet. C’est efficace pour établir un diagnostic et se donner les moyens d’y remédier. Nous avons constaté qu’il une véritable situation de détresse au travail. Cette détresse est mortifère. Il est important de modifier le modèle de gouvernance si l’on veut un personnel impliqué. Les modèles de gouvernance précédents misaient sur l’étudiant au centre du projet, nous avons réalisé que cette vision infantilise le personnel et minimise l’action de chacun. Évidemment l’étudiant est primordial, mais nous estimons que la capacité et le savoir-faire ont besoin d’un encadrement optimale. Il s’agit de redonner foi à tout à chacun pour leur donner envie de participer à ce projet collectif qu’est l’étudiant. Pour ce faire, le personnel doit être organisé sous la forme d’une gouvernance horizontale, redonnant de la créativité, de la prise d’initiative et, ainsi, de l’efficacité à chacun des services.”

 

C’est par le biais de cette gouvernance décentralisée qu’il serait possible de mettre en place de nouvelles structures, telles que le télétravail par exemple, qui se base sur la confiance et qui s’élabore selon la propre initiative du professeur (par exemple) en cohésion avec les étudiants. “La proximité entre les différents secteurs universitaires, professeurs, administratifs, étudiants, ne peut donc s’entretenir qu’à partir d’une relation de confiance et c’est cette relation qui permettra l’évolution d’une université nouvelle 4.0.” avance Christophe Storai. Cette opinion est appuyée par l’intervention du directeur de l’IUT Jean Louis Canaletti : “Je parle au nom des composantes de l’Université, la réussite des étudiants nécessite un projet commun où la transdisciplinarité doit être mis à l’oeuvre afin de répondre concrètement aux besoins de l’étudiant. L’étudiant pourrait construire son parcours universitaire et se donner les moyens de répondre à un bloc de compétences utile pour l’application d’un projet. Il faut mettre en valeur les différences des composantes pour construire des passerelles judicieuses entre elles, cela permettra de proposer un parcours adapté aux demandes professionnelles.” La démarche collective et pragmatique Inseme pè un’Alba nova à l’Università di Corsica considère qu’il est nécessaire de mettre en cohésion et de favoriser les démarches autonomes des différentes composantes de l’Université. Paradoxal? Complémentaire plutôt. L’évolution de l’Université doit se jouer sur tous les niveaux. “Chaque personne va apporter de la valeur ajoutée à la cohésion”

 

Ce qui nous mène à commenter la vision duale de l’Université. “Il s’agit de favoriser la facette nationale tout comme la facette internationale de l’Université. Concernant le service des relations internationales il y a beaucoup à faire.” Christophe Storai envisage la création d’un VRP (Voyageur, représentant, salarié) afin de favoriser la création de différents partenariats (stages, séjours d’études,...) car pour l’instant ces derniers s’établissent selon l’application d’un réseau de connaissances et cette façon de faire détient ses limites d’expansion. La semaine prochaine, Storai compte se rendre à Dakar, capitale du Sénégal, afin de proposer des stages en partenariat avec l’Université de Corse pour les étudiants en IAE dont l’expérience à l’étranger est obligatoire pour boucler leur parcours d’étude. “Il s’agit aussi de valoriser la mobilité internationale pour que les étudiants qui partent puisse rentrer dans leur territoire avec une vision nouvelle, peut-être un projet unique que son expérience à l’étranger aura nourri. Il est évident que l’initiative de se rendre à l’étranger vise l’optimisation des compétences acquises au profit de la Corse. De même qu’au niveau local, il est difficilement concevable qu’une université se dresse telle une tour d’ivoire au delà de tout contact avec son territoire. L’Université suscite l’échange, c’est un lieu d’interaction où se déclenchent des retombées sur le territoire insulaire. Il existe plus de 1500 partenariats avec l’Université au niveau local. Concernant son attractivité, il n’est pas question de savoir si 4000 ou 4500 étudiants sont au sein de l’Université mais nous pouvons étendre son champs des possibles en amenant l’Université aux étudiants au moyen d’inscriptions par réseau. ” Christian Cristofari intervient pour parler du pôle recherche en ajoutant : “Une démarche d’internationalisation cherche à être mise en avant par le biais de Docteurs européens. Une confiance vis à vis de l’Europe cherche à s’établir et pour se faire il y a des paramètres à intégrer. Ceux-ci permettraient l’obtention d’un label Européen.”

 

A propos de la situation personnelle de l’étudiant, un réseau de sentinelles prévoit d’être créé pour détecter la précarité, ce réseau collaborera avec la médecine préventive et les autres secteurs qui s’y rapportent y compris, et surtout, les associations. Le but étant de permettre un suivi convenable et décent de la scolarité. Il est aussi question de remettre en place des liens entre le secondaire et les études supérieurs. 30 % des bacheliers ne poursuivent pas d’études supérieures. Face à cela, il est envisagé l’élaboration de cellules de veille pour mettre les professeurs à jour vis à vis des enseignements requis. De même qu’on facilitera l’insertion professionnelle. La Corse est un territoire qui se trouve dans une situation d’urgence qui nécessite un fort taux de reprise d’entreprises pour pallier aux retraites à venir. De même qu’il est important de reconsidérer la langue corse comme un vecteur d’insertion professionnelle. Voici quelques engagements parmi les 100 engagements envisagés par Inseme pè un’Alba nova à l’Università di Corsica. 

 

Ainsi, le message de Christophe Storai, entouré de nombreux soutiens qui, on l’a vu par leurs interventions, sont acteurs au même titre que le candidat dans son engagement, insiste sur le domaine de l’humain en favorisant une liberté d’action qui s’appuie sur la confiance, sur la prise d’initiatives et la cohésion d’ensemble pour former une Université nouvelle, à l’image de la société à venir. La clôture du comité se fit donc par une citation célèbre de Martin Luther King ré-adaptée au contexte, pour illustrer leur façon de faire qui ne fait qu’un avec leur vision d’une Université en phase avec son temps : “Laissons l’inertie à ceux qui sont trop faibles pour créer.”