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Cavallu : La mise au point de la municipalité de Bunifaziu sur la gestion de l’île


Nicole Mari le Samedi 6 Février 2021 à 12:53

Dans un communiqué de presse, la municipalité de Bunifaziu revient sur la polémique qui a opposé, lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, le président de l’Exécutif de la Collectivité de Corse (CdC), Gilles Simeoni, au président du groupe Per l’Avvene, Jean-Martin Mondoloni au sujet de l’île de Cavallu. Elle entend faire une mise au point sur la gestion de l’île – située sur le territoire de la commune - depuis son accession aux responsabilités en 2008.



L'île de Cavaddu.
L'île de Cavaddu.
« Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, le sujet de l’aménagement de l’île de Cavallo a été évoqué à travers une question orale déposée par le groupe Per l’Avvene. Alors que la question concernait le suivi de l’acquisition pour 2 millions € d’une parcelle par la Collectivité de Corse, le Président du Conseil exécutif a souhaité digresser sur la gestion urbanistique de l’île, lors de ces dernières décennies. Lors du rapport relatif à cette opération, le Président avait salué la mobilisation des mouvements associatifs et citoyens sur l’île, que nous soutenions également. Ce dernier avait aussi loué publiquement l’action de la municipalité de Bonifacio dans ce dossier. Cette fois-ci il n’en fut rien. Nous le regrettons ». Ainsi débute le communiqué de la mairie de Bunifaziu.
 
La question de l’urbanisme
Ceci posé, le communiqué apporte des précisions sur ce qui a été dit dans l’hémicycle : « La parcelle achetée par la CdC ne figure pas dans la Carte des Espaces remarquables caractéristiques (ERC), contrairement à ce qu’a affirmé le Président de l’Exécutif. Les seuls ERC caractéristiques de l’île de Cavallo ont été ajoutés à la demande de la municipalité lors de l’élaboration du PADDUC en 2015. Depuis notre accession aux responsabilités en date de mars 2008, l’urbanisme à Bonifacio est régi par un Plan local d’urbanisme (PLU) qui n’a pas été réalisé par la municipalité en place, bien qu’elle ait tenté depuis de le modifier afin de respecter les engagements politiques pris devant les Bonifaciens ». La municipalité indique aussi que « les deux adjoints qui ont eu à gérer cette délégation depuis 12 ans sont des fervents défenseurs de l’environnement et de l’écologie, reconnus pour leur probité et leur intégrité. Le premier, Emile Bidali, est membre fondateur de l’association de défense de l’environnement de Bonifacio ABCDE. Le second, Patrick Tafani, est un militant nationaliste connu dans la microrégion. Tous deux ont géré ce dossier malgré les incertitudes et des revirements de jurisprudence, liés à l’interprétation des lois et règlements ».
 
Les premières victimes
L’équipe municipale affirme également que : « Bonifacio et les Bonifaciens ont été les premières victimes des dérives de l’ile de Cavallo ». Aussi, explique-t-elle, « nous avons fait le choix politique et assumé de faire revenir cette île dans le droit ». Dès son élection en 2008, avec l’ensemble des sensibilités politiques insulaires et sous l’impulsion de son maire Jean-Charles Orsucci, elle a « mené des actions très fortes pour stopper le désordre urbanistique qui sévissait alors ». Et de lister ces actions : « Des contrôles d’autorisations d’urbanismes, délivrées en application stricte du PLU de 2006, ont été diligentés par les services de l’Etat, à la demande de la municipalité. La Commune a également entamé, avec le soutien du Sous-Préfet de l’époque Alain Charrier, une procédure de révision du PLU portant exclusivement sur l’île. Cela permettait de passer de 50 hectares constructibles, sur lesquels les propriétaires pouvaient jouir alors d’un important droit à bâtir à 23 hectares, sur lesquels il ne pouvait pas y être rajouté un seul mètre carré supplémentaire en dehors des ruines et maisons existantes ».
 
Un statut quo
Elle rappelle que l’ancienne municipalité avait passé un accord avec des propriétaires de l’île, « leur permettant d’obtenir 10 000 m2 constructibles supplémentaires. Un accord aussitôt dénoncé et annulé par le nouveau maire dès son élection ». Cependant, deux propriétaires, dont le terrain devenait inconstructible, ont engagé une bataille juridique contre la municipalité. « En première instance, le rapporteur public a salué le courage politique de la Ville de Bonifacio, ce qui nous a permis d’obtenir la validation du Tribunal administratif. Malheureusement, notre décision et le règlement y afférent ont été rejetés par la Cour d’appel de Marseille et le Conseil d’Etat qui n’ont pas suivi le bienfondé de notre action. Depuis ce jugement, la Commune de Bonifacio a été contrainte de respecter le PLU de 2006 qui demeure plus permissif. Ce qui devait être la correction de dérives urbanistiques n’a malheureusement donné lieu qu’au statut quo ».
 
Un territoire insulaire
Le communiqué déclare que la municipalité a martelé « de manière constante aux résidents de Cavallo que l’île était un bout du territoire insulaire et national ». Et d’expliciter : « Nous avons tenté de récupérer dès 2008 la gestion du port de Cavallo en mettant fin à la concession. Mais nous avons été déboutés par les tribunaux. Contrairement à l’accord énoncé précédemment et pour stopper les phénomènes de pollution, la Municipalité a imposé la construction d’une usine de traitement d’eaux usées, entièrement à la charge des propriétaires de l’île. Une avancée qui n’aurait pu avoir lieu sans la détermination forte de la Commune et du Sous-Préfet de l’époque Nicolas-Dominique Jane, preuve que l’action unie de l’Etat et des collectivités locales permet d’obtenir des résultats. De plus, nous allons prochainement acter le caractère public des voiries présentes sur l’île de Cavallo, aujourd’hui privatisées ».
 
Un ordre rétabli
Enfin, soutient le communiqué : « Personne ne peut décemment oublier que l’ensemble des mouvements nationalistes clandestins de l’époque ont procédé au racket, voire à la cogestion de l’île et du port avec des forces occultes. Aujourd’hui et après douze années de gestion, chacun peut constater que la situation sur Cavallo est meilleure qu’à notre arrivée aux responsabilités. Nous avons stoppé l’urbanisation galopante et obtenu des améliorations paysagères et environnementales incontestables. Nous avons remis de l’ordre sur cette île ».
La municipalité de Bonifacio se dit « déterminée à poursuivre sur cette voie. Tant sur Montlaur que sur Cavallo, elle demeure disponible et volontaire pour travailler avec la CdC sur des projets publics, toujours dans l’intérêt supérieur de notre population, sans démagogie et dans la transparence. Si cela va sans dire, cela ira encore mieux en le disant ».

Jean-Charles Orsucci, maire de Bunifaziu, président du groupe LREM Andà per Dumane à l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Jean-Charles Orsucci, maire de Bunifaziu, président du groupe LREM Andà per Dumane à l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.