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Caravelle Ajaccio-Nice : 45 ans après, toujours des questions sans réponses !


le Mercredi 11 Septembre 2013 à 18:13

11 septembre 1968. Il est peu plus de midi. La radio annonce la terrible nouvelle. La Caravelle d’Air France qui a quitté Ajaccio quelques dizaines de minutes auparavant n’a toujours pas rejoint Nice. C’est le drame, l’atroce vérité. Le crash fait 95 victimes. Pour la plupart insulaires. 45 ans après, les familles se souviennent. Comment oublier une telle catastrophe qui a endeuillé toute une île ?



Caravelle Ajaccio-Nice : 45 ans après, toujours des questions sans réponses !
Les commémorations se suivent et se ressemblent. En attendant que la lumière soit faite. Que le deuil se nombreuses famille soit fait. Mercredi, comme les autres années, le petit cimetière marin a revêtu son habit de deuil et de tristesse. Les parents et amis étaient là. Les politiques et institutions aussi. L’Evêque de Corse, Monseigneur Olivier Germay demande à tous de se souvenir, de prier et de ne point oublier les victimes pour le salut de leurs âmes, pour les familles dans la souffrance. Le groupe I Muvrini entonne le Kirié, poignant, forçant le respect et l’émotion : « C’est un drame douloureux pour lequel la vérité doit être faite. Nous soutenons les familles des disparus dans cette quête de la vérité… »
Parmi les familles présente à la cérémonie, celle des frères Paoli, dont Mathieu, qui s’accroche et veut savoir, tout savoir sur ce qui a bien pu se passer ce 11 novembre : « Nous avons créé une association en 2008 car, nous nous occupions précédemment de l’affaire avec mes deux frères sans pour avoir autant d’explications. Raison pour laquelle, pour être plus crédibles, il nous fallait créer une association avec tout ce qu’elle comporte d’interventions auprès de toutes les personnes compétentes, des tonnes de courrier demeurant le plus souvent sans réponse, sans suite… »
Le déclic se produit un jour de 1996. Au cours du journal télévisé  de TF 1, un sujet est consacré au crash de la Caravelle. On évoque la possibilité que l'appareil aurait pu être abattu par un missile. «Thèse qui va être reprise au fil des ans, mais sans que preuve puisse être faite de sa véracité. Seulement, à partir de cette date, les choses ont changé pour nous » explique Mathieu Paoli. « C’est en effet à partir de là que l’affaire a pris la tournure d’une Jusque-là, nous avions vécu en organisant quelques cérémonies. À partir de 1996, nous nous sommes engagés dans une bataille juridique ».
Saura-t-on un jour, si un missile militaire a bien provoqué accidentellement le crash de l'appareil, comme s'accordent à le dire plusieurs témoins ? La question est posée par ceux qui s'intéressent à ce dossier. D’ailleurs, un premier dépôt de plainte officielle contre l'État est effectué en septembre 2006 pour homicide involontaire. « Même si l'on ne s'est pas posé de questions trente ans durant, nous avons toujours eu cela en tête, savoir pourquoi ils étaient morts. Nous étions peut-être trop jeunes alors et personne dans la famille n'avait soumis l'idée de pouvoir tenter une action ». Au mois de mars 2012, le parquet de Nice ouvrait une nouvelle enquête. Quelles en sont les suites ?
L’enquête semble progresser. Grâce à un journaliste, on apprend, par exemple, que les enquêteurs avaient réalisé des investigations au sein des archives de la chaîne télévisée, à la recherche de la fameuse bande sonore où l'on entend " On l'a perdu, on l'a perdu » [N.D.L.R. : en référence au missile." Le procureur de Montgolfier a demandé à la gendarmerie d'interroger cette personne. Et le témoignage de cette jeune personne qui était aux côtés de son père le jour de l’accident et qui décrit avec précision la fumée noire et l’énorme trou à l’arrière de l’appareil ?
« J’ai contacté Eric de Montgolfier qui a lancé une enquête auprès de la Gendarmerie sur un témoin oculaire, sur la prise de documents radio à l’ORTF d’Antibes le soir du crash de la Caravelle.
J'ai écrit au nouveau président de la République, le 24 juillet, afin de lui demander la levée du secret défense et l'accès à l'intégralité des pièces. Le 17 septembre, nous nous rendrons à l'audience de la cour d'appel d'Aix.

La cérémonie de mercredi s'est poursuivie par une messe chantée, un émouvant dépôt de gerbes et un poignant "Dio Vi Salvi Regina" chanté par I Muvrini.
J. F.

Caravelle Ajaccio-Nice : 45 ans après, toujours des questions sans réponses !