Le projet du port de la Carbonite n’en finit pas de faire débat. Après avoir passionné et électrisé la campagne des élections municipales bastiaises, le dossier revient dans les mains de la CTC. Le nouveau maire de Bastia a arraché, lors d’une réunion préalable au printemps dernier, la commande de nouvelles études de faisabilité et d’impact de ce projet initié en 2002, mais dont on ignore toujours, 12 ans après, s’il est faisable, opportun et pertinent ! Si tout le monde est d’accord sur le diagnostic concernant l’inadaptation des infrastructures existantes, tant pour le trafic actuel que pour l’accueil des croisiéristes, et leur dangerosité, les dissensions persistent sur le choix fait en 2007 : l’implantation d’un nouveau port sur le site de la Carbonite plutôt que la mise aux normes et l’extension du port actuel.
Aucune certitude
Pour répondre aux inquiétudes du maire de Bastia, dont l’accord est indispensable à la poursuite du projet, l’Exécutif accepte de lancer, pour un montant de 6,5 millions €, une nouvelle série d’études techniques, d’impact, notamment environnemental, et sur le mode de portage. Il propose, également, les modalités de mise en œuvre de mesures obligatoires compensatoires au projet, notamment la création d’une réserve naturelle de Corse.
Le dossier, examiné pendant cette session, donne lieu à des discussions, des propos et des concessions qui laissent perplexes. A entendre le sentiment et l’optimisme affichés, depuis des années, par la majorité territoriale et l’ancienne majorité municipale bastiaise, et martelés pendant la dernière campagne électorale, on croyait l’affaire quasiment tranchée, sa faisabilité et sa pertinence acquises, les études ne servant qu’à affiner sa réalisation ! Mais plus le dossier est creusé sous l’aiguillon des Nationalistes, plus il apparaît léger, incomplet, mal ficelé et biaisé ! A la fin du débat, jeudi dans la soirée, l’Exécutif concède, à Gilles Simeoni, que rien n’est irréversible et que rien ne permet d’affirmer que le projet est faisable et pertinent !
Une monstruosité
Les discussions, qui entament une ritournelle connue, mettent en exergue d’inquiétantes faiblesses. Corsica Libera, résolument hostile au Port de la Carbonite, ouvre le feu, accusant les premières études de partialité. « Depuis le début du dossier, on a construit les choses de manière à ce que la seule option retenue soit le port de la Carbonite comme seule alternative. Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas le bon choix ! Nous sommes favorables aux mesures compensatoires, mais pour autant, elles n’autorisent pas à édifier une monstruosité à-côté ! », s’indigne Josépha Giacometti. L’élue indépendantiste estime qu’aucune réponse n’est apportée concernant les impacts de la courantologie et les menaces sur l’Arinella et la Marana. Et interroge : « Ce projet est-il faisable ? Oui ! Est-il souhaitable ? Non ! Va-t-on faire un projet d’une telle ampleur pour répondre à un pic de saisonnalité au mois d’août ? Ce n’est pas un outil en adéquation avec le développement que la CTC met en place ! ».
Un projet sous hypothèques
Campant sur sa position pragmatique, Gilles Simeoni rappelle l’urgence du projet « essentiel pour Bastia et la CAB », mais aussi la nécessité de disposer de « tous les éléments utiles pour forger la meilleure décision ». Le leader de Femu a Corsica revient sur « les interrogations sérieuses, légitimes et partagées sur la faisabilité et l’opportunité du port de la Carbonite ». Il demande des études précises et détaillées sur 4 points principaux : l’impact hydro-sédimentaire sur la plage de l’Arinella, l’étang de Biguglia, le Lido de la Marana et le littoral au Sud. « Avons-nous des certitudes aujourd’hui ? Non ! Les études actuelles sont incomplètes et ne donnent aucune garantie. On ne peut pas s’en contenter ! ». Le 2ème point concerne la compatibilité du port avec la vocation touristique de l’Arinella et sa connexion avec Bastia. Le 3ème point porte sur le coût financier qui « est une véritable hypothèque sur la faisabilité du port. Nous ne savons pas son prix exact, ni comment il sera financé ». Le 4ème point met l’accent sur la requalification du port actuel, son coût et sa vision stratégique. « Personne ne peut savoir si le port de la Carbonite est faisable et s’il est pertinent de le faire ! Je veux bien qu’on se batte à fond pour le port et qu’on ne perde pas de temps, mais il faut envisager toutes les hypothèses pour ne pas être démuni ».
Des craintes légitimes
Paul-Félix Benedetti d’U Rinnovu, favorable au projet industriel, pointe, également, les illogismes qu’il contient. Il s’étonne que l’Exécutif lance, en juin, des appels d’offres sur des études qui n’ont pas encore été votées. Il estime que le projet doit être amendable et évolutif, si besoin est, en fonction des résultats des études. Et demande des éclaircissements sur le montage financier définitif d’un « projet à 500 millions € qui va hypothéquer la Corse et la CTC pendant des années ».
François Tatti, président de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia), défenseur du projet, reconnaît que « les craintes sont légitimes », mais se veut rassurant : « Personne n’est assez fou pour imaginer que, pour autant qu’un projet soit indispensable, on le mène à bien sans penser aux conséquences ! Nous aurons à nous prononcer après l’ensemble des études qui sont chères, couteuses, un peu longues, mais indispensables. S’il n’y a pas de garantie, nous n’avons pas d’autre solution que de suspendre le projet ! ».
Rien d’irréversible !
Si Paul Giacobbi récuse toute partialité dans le choix du site, jugeant l’extension du port actuel « impossible ». Il admet, lui aussi, qu’« on ne peut pas tout savoir, on n’est pas certain de la faisabilité. Nous sommes dans une phase délicate. Nous avons un certain nombre d’idées, mais pas de certitudes, donc, nous avons besoin d’études pour faire avancer les choses ». Sur l’impact environnemental : « On ne sait pas si l’ouvrage sera inoffensif. Nous nous engageons à faire des études analogiques complémentaires. Si elles ne démontrent pas qu’il n’y a pas d’impact, le projet ne se fera pas. On ne rentre pas dans des choses irréversibles ! ». Sur le financement ? « La CTC n’a pas l’intention de construire un port qui représentera, pour elle, un coût extravagant. Elle ne pourra le construire que dans l’hypothèse financière où il y a équilibre ». Il admet que le nouveau port ne doit pas « entrer en contradiction avec le renforcement du développement touristique de Bastia » et la nécessité de promouvoir la multi-modalité pour connecter le port à la ville. Et agrée les études demandées en sus par Gilles Simeoni.
Au final, le rapport, amendé par Femu a Corsica, est adopté par l’ensemble des groupes, à l’exception de Corsica Libera qui vote contre.
N.M.
Aucune certitude
Pour répondre aux inquiétudes du maire de Bastia, dont l’accord est indispensable à la poursuite du projet, l’Exécutif accepte de lancer, pour un montant de 6,5 millions €, une nouvelle série d’études techniques, d’impact, notamment environnemental, et sur le mode de portage. Il propose, également, les modalités de mise en œuvre de mesures obligatoires compensatoires au projet, notamment la création d’une réserve naturelle de Corse.
Le dossier, examiné pendant cette session, donne lieu à des discussions, des propos et des concessions qui laissent perplexes. A entendre le sentiment et l’optimisme affichés, depuis des années, par la majorité territoriale et l’ancienne majorité municipale bastiaise, et martelés pendant la dernière campagne électorale, on croyait l’affaire quasiment tranchée, sa faisabilité et sa pertinence acquises, les études ne servant qu’à affiner sa réalisation ! Mais plus le dossier est creusé sous l’aiguillon des Nationalistes, plus il apparaît léger, incomplet, mal ficelé et biaisé ! A la fin du débat, jeudi dans la soirée, l’Exécutif concède, à Gilles Simeoni, que rien n’est irréversible et que rien ne permet d’affirmer que le projet est faisable et pertinent !
Une monstruosité
Les discussions, qui entament une ritournelle connue, mettent en exergue d’inquiétantes faiblesses. Corsica Libera, résolument hostile au Port de la Carbonite, ouvre le feu, accusant les premières études de partialité. « Depuis le début du dossier, on a construit les choses de manière à ce que la seule option retenue soit le port de la Carbonite comme seule alternative. Ce n’est pas possible ! Ce n’est pas le bon choix ! Nous sommes favorables aux mesures compensatoires, mais pour autant, elles n’autorisent pas à édifier une monstruosité à-côté ! », s’indigne Josépha Giacometti. L’élue indépendantiste estime qu’aucune réponse n’est apportée concernant les impacts de la courantologie et les menaces sur l’Arinella et la Marana. Et interroge : « Ce projet est-il faisable ? Oui ! Est-il souhaitable ? Non ! Va-t-on faire un projet d’une telle ampleur pour répondre à un pic de saisonnalité au mois d’août ? Ce n’est pas un outil en adéquation avec le développement que la CTC met en place ! ».
Un projet sous hypothèques
Campant sur sa position pragmatique, Gilles Simeoni rappelle l’urgence du projet « essentiel pour Bastia et la CAB », mais aussi la nécessité de disposer de « tous les éléments utiles pour forger la meilleure décision ». Le leader de Femu a Corsica revient sur « les interrogations sérieuses, légitimes et partagées sur la faisabilité et l’opportunité du port de la Carbonite ». Il demande des études précises et détaillées sur 4 points principaux : l’impact hydro-sédimentaire sur la plage de l’Arinella, l’étang de Biguglia, le Lido de la Marana et le littoral au Sud. « Avons-nous des certitudes aujourd’hui ? Non ! Les études actuelles sont incomplètes et ne donnent aucune garantie. On ne peut pas s’en contenter ! ». Le 2ème point concerne la compatibilité du port avec la vocation touristique de l’Arinella et sa connexion avec Bastia. Le 3ème point porte sur le coût financier qui « est une véritable hypothèque sur la faisabilité du port. Nous ne savons pas son prix exact, ni comment il sera financé ». Le 4ème point met l’accent sur la requalification du port actuel, son coût et sa vision stratégique. « Personne ne peut savoir si le port de la Carbonite est faisable et s’il est pertinent de le faire ! Je veux bien qu’on se batte à fond pour le port et qu’on ne perde pas de temps, mais il faut envisager toutes les hypothèses pour ne pas être démuni ».
Des craintes légitimes
Paul-Félix Benedetti d’U Rinnovu, favorable au projet industriel, pointe, également, les illogismes qu’il contient. Il s’étonne que l’Exécutif lance, en juin, des appels d’offres sur des études qui n’ont pas encore été votées. Il estime que le projet doit être amendable et évolutif, si besoin est, en fonction des résultats des études. Et demande des éclaircissements sur le montage financier définitif d’un « projet à 500 millions € qui va hypothéquer la Corse et la CTC pendant des années ».
François Tatti, président de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia), défenseur du projet, reconnaît que « les craintes sont légitimes », mais se veut rassurant : « Personne n’est assez fou pour imaginer que, pour autant qu’un projet soit indispensable, on le mène à bien sans penser aux conséquences ! Nous aurons à nous prononcer après l’ensemble des études qui sont chères, couteuses, un peu longues, mais indispensables. S’il n’y a pas de garantie, nous n’avons pas d’autre solution que de suspendre le projet ! ».
Rien d’irréversible !
Si Paul Giacobbi récuse toute partialité dans le choix du site, jugeant l’extension du port actuel « impossible ». Il admet, lui aussi, qu’« on ne peut pas tout savoir, on n’est pas certain de la faisabilité. Nous sommes dans une phase délicate. Nous avons un certain nombre d’idées, mais pas de certitudes, donc, nous avons besoin d’études pour faire avancer les choses ». Sur l’impact environnemental : « On ne sait pas si l’ouvrage sera inoffensif. Nous nous engageons à faire des études analogiques complémentaires. Si elles ne démontrent pas qu’il n’y a pas d’impact, le projet ne se fera pas. On ne rentre pas dans des choses irréversibles ! ». Sur le financement ? « La CTC n’a pas l’intention de construire un port qui représentera, pour elle, un coût extravagant. Elle ne pourra le construire que dans l’hypothèse financière où il y a équilibre ». Il admet que le nouveau port ne doit pas « entrer en contradiction avec le renforcement du développement touristique de Bastia » et la nécessité de promouvoir la multi-modalité pour connecter le port à la ville. Et agrée les études demandées en sus par Gilles Simeoni.
Au final, le rapport, amendé par Femu a Corsica, est adopté par l’ensemble des groupes, à l’exception de Corsica Libera qui vote contre.
N.M.